Si elle n’a pas encore atteint son paroxysme, l’horreur des attaques terroristes ne continue pas moins de prendre des proportions inquiétantes. Et c’est peu de dire que l’hydre terroriste ne se fixe plus de limite, s’attaquant pour la première fois à un lieu de culte chrétien. Jusque-là épargnée dans un Burkina Faso où la tolérance est une valeur très partagée par les différentes obédiences religieuses, la religion est désormais prise pour cible par les «hommes armés non identifiés» qui tuent «au nom de Dieu» qui, pourtant est amour. Premiers à faire les frais de cette folie meurtrière sans frontière et visant directement un lieu de culte, les fidèles chrétiens du temple protestant de Silgadji ne savent plus à quel saint se vouer. Dans ce village situé à une soixantaine de kilomètres de Djibo, chef-lieu de la province du Soum dans le sahel burkinabè, c’est la peur et la consternation dans un deuil de six personnes froidement assassinées par un commando de dix assaillants, présumés terroristes. Si ce dimanche rouge du sang du pasteur de Silgadji, de ses enfants et d’autres membres de l’église vient allonger la longue liste des assauts terroristes qui endeuillent presqu’au quotidien le Burkina, il pourrait constituer le premier grain d’un chapelet d’attaques contre d’autres endroits dédiés à la religion, si rien n’est fait.
Certes, ce n’est pas la première fois que des hommes de foi tombent sous les balles assassines de terroristes. Le vendredi 15 février de cette année, alors qu’il revenait du Togo, le «salésien» espagnol, Antonio Cesar Fernandez a été abattu en territoire burkinabè. Avant lui, le dimanche 13 août 2018, deux cheikhs kowétiens, éminents chefs musulmans ont trouvé la mort dans l’attaque terroriste qui a visé le restaurant Aziz Istanbul, sur l’avenue Kwame Nkrumah, en plein cœur de Ouagadougou. Walid Al-Aly, grand imam de la capitale de l’émirat et Fahd Al-Husseini, l’un des responsables de la prédication au Koweit ont été tués, tout comme les trois étudiants du Mouvement sunnite du Burkina Faso (MSBF) qui les accompagnaient dans ce dernier dîner. Le curé de Djibo –encore- lui est porté disparu, après son enlèvement le dimanche 17 mars dernier. Même si les rumeurs sur sa mort par pendaison qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont été démenties par la hiérarchie de l’église catholique, il n’en demeure pas moins que l’abbé Joël Yougbaré reste introuvable. Sans être forcément désespérée, la situation est grave au Burkina. Et ce ne sont pas les Forces de défense et de sécurité qui viennent de mener, «avec brio» affirme leur département ministériel, une vaste opération baptisée «Otapuanu», qui diront le contraire, elles qui n’ont pas arrêté de pleurer leurs éléments tombés dans des attaques terroristes surtout dans l’Est et le Sahel du Burkina.
En tout cas, la preuve est faite que l’heure n’est plus au discours creux, encore moins à la stigmatisation et accusations contre une communauté, une religion ou des dirigeants politiques. Il urge plutôt, d’user de stratégies, et des bonnes, pour traquer ces terroristes qui visiblement ne viennent plus tous de pays voisins mais constituent des cellules dormantes au Burkina. C’est à ce prix, et seulement à ce prix qu’on évitera aux Burkinabè de tomber dans le piège infernal qu’ils tendent aux Burkinabè qu’ils sont en train de monter les uns contre les autres par le biais de violences inter-communautaires et bientôt inter-religieuses si l’on n’y prend garde.
Par Wakat Séra