Emmanuel Yrio est un Ivoirien qui vit actuellement entre la France et son pays la Côte d’Ivoire où il se trouve actuellement, 34e Coupe d’Afrique des Nations oblige. Il est le gérant d’Afitecs International, une société de prestations de services, de relation d’affaires, de représentation et hébergement de sociétés, etc. M. Yrio que Wakat Séra a rencontré à Abidjan, donne ici son avis sur l’organisation de la CAN 2023 et pronostique surtout une victoire 2-0 des Eléphants de Côte d’Ivoire sur les Aigles du Mali, dans le match des Quart de finales qui oppose les deux pays ce samedi 3 février.
Wakat Séra: Quelle appréciation faites-vous de la «CAN Akwaba» qui tire lentement mais sûrement vers sa fin?
Emmanuel Yrio: Une très belle CAN qui défend bien son nom de «CAN de l’Hospitalité». Toutes les délégations que nous avons accueillies, les présidents de la FIFA et de la CAF en tête, l’ont dit. Et, eux, qui sont des personnalités ayant vécu plusieurs compétitions d’envergure savent bien de quoi ils parlent. Tous les Ivoiriens et Ivoiriennes, le président de la République, Alassane Ouattara à la manette, sont fiers d’organiser une fête qui n’a d’égale que leur volonté à offrir à nos frères et sœurs des moments de joie, mais surtout de paix. Jusqu’à présent, tout se passe bien et le peuple ivoirien, répond, autant qu’il le peut, à l’attente de tous ces autres peuples qui savent bien qu’ils sont chez eux, que ce soit à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korogho ou San-Pédro. Du reste, c’est dans l’ADN des Ivoiriens de vivre en parfaite harmonie avec les autres peuples frères installés ici. C’est un pays de paix et de solidarité, des valeurs qui ont été très chères au Vieux, Félix Houphouët Boigny, et que partagent aujourd’hui tous les Ivoiriens. Notre pays a toujours été une terre d’accueil pour tous nos frères et sœurs qui viennent d’ailleurs et se sentent bien ici. Nous sommes en train de vivre la meilleure CAN sur tous les plans, avec ses surprises qui l’accompagnent.
Quel est le secret de la réussite de cette organisation?
Quand on confie l’organisation d’un pareil événement à des professionnels, à des personnes qui ont l’amour de la Côte d’Ivoire, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes tout en travaillant avec des gens qui sont autant guidés par le succès au bout des efforts. Et c’est actuellement le cas. Le président de la République, Alassane Ouattara, qui connaît bien ses collaborateurs a ainsi porté son choix sur le Premier ministre et ministre en charge des Sports, l’ancien gouverneur du District d’Abidjan, Robert Beugré Mambé pour ses qualités de chef d’orchestre. Celui-ci, en se basant sur le formidable travail déjà fait par l’équipe qui était en place, a apporté sa touche à la construction de l’édifice. Et aujourd’hui, tant en Côte d’Ivoire que dans le monde entier, notre pays occupe la Une de l’actualité.
Quels ont été les atouts principaux du Premier ministre?
Le premier atout, c’est son sens de l’organisation et son goût pour atteindre la perfection qui, comme nous le savons tous, n’est pas de ce monde des humains. De plus, le Premier ministre sait s’entourer de personnes qui épousent sa vision. Ensuite, le Premier ministre Robert Beugré Mambé, sous sa casquette de gouverneur du district d’Abidjan avait conduit et réussi l’organisation des 23e Jeux de la Francophonie de 2017 que la Côte d’Ivoire a accueillis. Ce sont toutes ces raisons qui ont milité en sa faveur pour son choix par le président de la république, pour organiser cet événement d’envergure mondiale. Et le meilleur est à venir.
On a, en effet, l’impression que le Premier ministre a été appelé en sapeur-pompier!
Oui ça s’est sûr! Mais il n’a pas été forcément mis à contribution pour éteindre un feu, parce qu’il n’y avait pas de feu. Ce serait faire offense à l’humilité du Premier ministre que de dire que c’est grâce à lui que tout marche bien. Non! Il a été appelé, en octobre 2023, pour apporter sa contribution à une action du président de la République, dans le but de renforcer l’image de la Côte d’Ivoire.
Pourtant, il est reproché au Premier ministre de ne pas avoir, réellement, associé tous les Ivoiriens autour de l’organisation de cette grande fête!
Si, il associé tous ceux qui pouvaient faire avancer les choses, vite et bien! Mais il faut dire aussi que ce n’est pas tout le monde qui doit faire partie du Cocan, le Comité d’organisation de la CAN. C’est une équipe qui doit organiser et chaque Ivoirien et chaque Ivoirienne, à leurs niveaux respectifs, doivent apporter leur pierre à la construction de l’œuvre commune. Qu’il se trouve dans son foyer, dans son champ ou dans son bureau, chacun doit pouvoir s’impliquer pour la réussite de la chose.
Que dites-vous de cette plaie puante qu’est le problème des billets d’accès au stade?
Non! Ce n’est pas une plaie puante, encore moins une difficulté insurmontable. La preuve, quand le Premier ministre, au constat de cette anomalie et quelques autres, a promis de prendre les choses en main, ces soucis ne sont plus d’actualité ou sont devenus mineurs. Nous avons tous observé que ces défaillances ont été réduites, en tout cas, pour la plupart, à leur plus simple expression. Du reste, je l’ai signifié au début de nos échanges, la perfection n’est pas de ce monde.
La billeterie continue tout de même de faire parler d’elle!
Peut-être mais pas avec la même ampleur qu’au début de la compétition. Et, en plus des efforts colossaux déjà déployés, nous apprendrons de nos erreurs, pour améliorer l’organisation pour la suite de la CAN et pour d’autres événements à venir, qui feront le bonheur de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.
La Côte d’Ivoire en ce moment précis avait-elle plus besoin d’une CAN que de la construction d’infrastructures sanitaires, scolaires, du relèvement de niveau de vie des populations, etc.?
La CAN, événement de portée mondiale, constitue une opportunité de taille pour la Côte d’Ivoire! C’est un tremplin pour notre pays de s’ouvrir davantage au monde et d’attirer encore plus d’investisseurs. Et c’est à ce titre qu’il faut saluer cette initiative du président Alassane Ouattara de la faire abriter par notre pays. C’est dans cette logique qu’il faut saluer toutes ces infrastructures routières et autres ponts que le président Ouattara a réalisés. Comme l’adage le dit si bien «la route du développement passe par le développement de la route». Et c’est en même temps pour répondre à ceux qui disent «on ne mange pas la route». C’est par la route qu’on transporte ce que nous devons manger et ce qui doit nous donner à manger. C’est la route qui favorise le désenclavement, et donc le développement d’un pays.
Quelles sont les retombées qui peuvent être celles de la CAN pour la Côte d’Ivoire?
Il y a, indubitablement, les retombées économiques pour les entreprises et le secteur informel du pays. Il y a la grande visibilité mondiale qu’offre la CAN à la Côte d’Ivoire. Il y a le coup de boost au secteur touristique. Il y a le plaisir immense et inquantifiable que vivent les amoureux du ballon rond, que ce soit dans les fabuleuses ambiances des gradins des stades ou devant le petit écran. Et je peux continuer à égrener le chapelet des bienfaits de la CAN sans m’arrêter de sitôt.
Sur le plan sportif, de ce qu’elle a offert au public jusqu’à ces 8es de finale, pensez-vous que cette CAN 2023 est de grand cru?
Oui, cette CAN est de grand cru. De plus, elle aligne des surprises qui prouvent que le football connaît un bienfaisant nivellement des valeurs. Le Ghana, l’Algérie et la Tunisie éliminées dès le premier tour, les Pharaons d’Egypte, les trois Lions du Cameroun, du Maroc, et du Sénégal tenant du titre, sortis en 8es, et des nations comme la Guinée, le Cap-Vert, le Mali qui font peur aujourd’hui à la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et la RD Congo… Ce n’est qu’à la CAN ivoirienne que nous voyons cela. Que dire donc de la résurrection des Eléphants de la Côte d’Ivoire!
Justement, la résurrection de la Côte d’Ivoire, vous y croyiez?
En tout cas, elle a eu lieu! Nous étions au bord de l’élimination, à cause de l’incroyable défaite de 4-0 que nous a infligée la Guinée Equatoriale. Mais voila que les Eléphants sont tombeurs des champions en titre, les Lions sénégalais. Maintenant que les jeunes ont vacillé sur cette gifle, mais ne sont pas tombés, nous leur faisons confiance pour la suite.
Mais n’est-ce pas que la parenthèse, fort heureusement vite refermée de la nomination avortée d’Hervé Renard à la tête des Eléphants, suite au départ de Jean-Louis Gasset et son remplacement par l’ivoirien Emerse Faé, a failli faire des dégâts?
Ma compréhension de la chose est que tout le monde voulait que les Eléphants se relancent dans la CAN. Et toutes les pistes ont été alors explorées, et même empruntées, certaines dans la précipitation. Fort heureusement, tout est rentré dans l’ordre et Emerse Faé et sa troupe ont confirmé qu’«aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années». On doit leur faire confiance.
Eléphants de Côte d’Ivoire contre Aigles du Mali, c’est l’une des affiches des 1/4 de finales de ce samedi 3 février. Votre pronostic?
Moi je pense que ça sera 2-0 pour la Côte d’Ivoire!
Quel appel lancez-vous aux supporters des deux camps, vu que ce match est à hauts risques, compte tenu des tensions politiques entre les deux pays, paradoxalement «frères» et voisins?
C’est le moment pour les populations de savoir que ce n’est que du jeu et cela appelle le fair-play. Il ne faudrait pas confondre foot et politique. C’est du football et c’est un match à élimination directe. Il faut forcément un vainqueur et un vaincu. Le sport doit nous unir et non nous diviser. Quel que soit le résultat, nous devons fêter l’hospitalité africaine.
Propos recueillis par Eddie Widad, envoyé spécial de Wakat Séra à Abidjan