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1er mai 2023: l’UAS demande la réintroduction du projet de loi portant Code du Travail à l’Assemblée législative

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Une vue des marcheurs de l'UAS au Burkina

L’Unité d’Action Syndicale (UAS), une Organisation regroupant les centrales syndicales et les syndicats autonomes burkinabè, dans son message à l’occasion du 1er mai 2023, adressé au gouvernement, a demandé, la réintroduction à l’Assemblée législative de Transition (ALT), du projet de loi portant Code du Travail soit réintroduit. L’UAS, entre autres, veut également qu’une suite soit donnée aux différents dossiers relatifs à des engagements pris par le gouvernement envers les organisations syndicales de travailleurs.

MESSAGE A L’OCCASION DU 1ER MAI 2023

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleuses et travailleurs des secteurs public, parapublic, privé et informel,

Camarades élèves et étudiants,

Chers invités,

Du 1er mai 2022 au 1er mai 2023, nous avons perdu des camarades, responsables comme militants, bref, des travailleuses et travailleurs. A leur mémoire, à celle aussi des Forces de défense et de sécurité (FDS), Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et civiles fauchés par la barbarie terroriste, je vous prie de vous lever pour observer une minute de silence.

Merci !

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleurs,

Chers invités,

Les secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes membres de l’Unité d’Action Syndicale (UAS) vous adressent leur salut militant en cette journée commémorative du massacre des ouvriers de Chicago. Comme chaque année, cette journée nous offre l’occasion de faire le tour de la situation internationale, africaine et nationale, d’examiner la situation du monde du travail en vue de relever notamment nos insuffisances et de tracer des perspectives pour plus de victoires.

Le Premier ministre burkinabè, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleuses et travailleurs,

Les situations internationale, africaine, nationale et au niveau du mouvement syndical de notre pays ont beaucoup évolué depuis le 1er mai 2022.

Au plan international,

La crise du système capitaliste mondial est très ouverte, se traduisant par des crises et conflits multiples qui menacent la paix dans le monde, lui faisant courir le risque d’une conflagration mondiale. Nous observons les faits essentiels suivants :

  • L’aiguisement des contradictions entre les puissances du monde dont les rivalités sont de plus en plus ouvertes pour le repartage du monde. Ces rivalités expliquent les nombreux conflits et guerres qui ont actuellement cours dans différents points du globe (Ukraine, Soudan, Centrafrique, RDC, Mali, Burkina Faso, etc.). Au-delà des théâtres de combats, ces guerres inter impérialistes viennent aggraver davantage les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière et des peuples à cause des bouleversements des circuits commerciaux à l’échelle mondial qui a engendré des pénuries et des flambées de prix des produits de première nécessité : produits alimentaires et pharmaceutiques, hydrocarbures, etc. Partout dans le monde, on observe des flambées de prix qui rendent la vie des populations toujours plus difficiles ;
  • Le malaise, sinon le discrédit des organisations et organismes internationaux et régionaux comme l’OTAN, l’Union européenne, l’ONU, la CEDEAO, etc., qui apparaissent comme des instruments au service de certains pays ou groupes de pays ;
  • La volonté manifeste des puissances émergentes comme la Russie et la Chine de s’opposer à la suprématie des Etats-Unis d’Amérique qui s’érigent en véritable gendarmes du monde ;
  • Le développement de la misère qui frappe des millions d’hommes et de femmes, des travailleurs qui peinent à joindre les deux bouts, aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. Des populations à travers le monde peinent à se nourrir, à s’offrir un toit, à assurer la santé et l’éducation de leurs enfants, à côté d’une poignée de riches qui connaissent un accroissement prodigieux de leurs fortunes, accumulent richesses et biens divers. Et cette misère reste en contradiction flagrante avec les progrès scientifiques, techniques et technologiques qui sont à même d’assurer à l’humanité la satisfaction de ses besoins fondamentaux ;
  • La lutte des travailleurs et des peuples pour plus de justice, de liberté et de progrès social. La révolte du peuple français contre la réforme du système de retraite, les grandes luttes des travailleurs dans de nombreux pays traduisent bien la forte aspiration des travailleurs et des peuples à plus de justice, de démocratie et de mieux-être.

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleurs,

Au plan africain,

Plus de six décennies après les indépendances de façade, la faillite du néocolonialisme est patente. Le continent africain, dont les immenses richesses font l’objet de convoitises de la part des différentes puissances dans le cadre de l’approvisionnement de leurs économies en matières premières, reste soumis au diktat impérialiste. Ce diktat se caractérise par des guerres, de graves atteintes aux principes démocratiques avec de fréquents cas de tripatouillages constitutionnels, la sous-alimentation, des taux d’accès à l’éducation et à la santé qui sont parmi les plus faibles au monde, etc. Malgré ce triste sort, l’Afrique semble n’avoir pas appris de leçons sur son passé et son présent douloureux. Elle continue d’accrocher vainement son développement à la remorque de l’occident. Dans la plupart des pays qui connaissent des manifestations à caractère populaire, c’est la Russie qui est adoubée, présentée comme la solution face au mépris et à l’arrogance des anciens maitres.

Le président du mois de l’UAS remettant la plateforme revendicative au ministre de la Fonction publique, Bassolma Bazié, ex-Sg de la CGT-B

Dans la sous-région ouest africaine, la bande sahélo-saharienne subit les pires affres des guerres injustes que leur imposent les forces obscurantistes qui bénéficient de la complicité des puissances impérialistes. Cette partie de l’Afrique s’est muée en zone de non droit où les groupes terroristes et délinquants de tout genre développent allègrement leurs activités criminelles : trafic de drogue, d’armes, de cigarettes, d’êtres humains…, très souvent avec la complicité des pouvoirs corrompus et fantoches, s’ils n’y participent indirectement à travers des officines clandestines. Aussi insultant que cela puisse paraitre, l’impérialisme, notamment français, militairement actif dans cette zone n’y peut rien. Ses troupes s’y pavanent pourtant et changent de nom au gré des intérêts et de la stratégie du moment. Les activités de ces groupes terroristes vont jusqu’à remettre en cause l’intégrité des territoires attaqués, comme ce fut le cas de Kidal au Mali.

Fort heureusement, les travailleurs et les peuples sont loin d’implorer la pitié et la manne providentielle des chefs d’Etat poltrons. Ils mènent partout des luttes multiformes et remettent ouvertement en cause le néocolonialisme et ses manifestations telles que le franc CFA, les bases et troupes militaires étrangères. Les campagnes menées par les organisations progressistes et révolutionnaires (dont l’UAS) depuis des décennies ont développé un fort sentiment anti-impérialiste au sein des populations qui a favorisé l’expulsion des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso.

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleurs,

Au niveau national,

Le Burkina Faso, tout comme les autres États néocoloniaux, subit de plein fouet les répercussions de la crise du système capitaliste-impérialiste sur le triple plan social, politique et économique.

En effet, la situation socio-économique est marquée par l’aggravation de la misère caractérisée par la vie chère, le chômage massif des jeunes, les difficultés d’accès à l’éducation, aux soins de santé, au logement décent, la crise de l’eau et de l’électricité, ainsi que l’inaccessibilité des produits de première nécessité (riz, huile, sucre, etc.). Cette situation s’est aggravée avec l’irruption des militaires (MPSR 1 et 2) au pouvoir. Les prix des hydrocarbures ont exagérément augmenté à trois reprises en moins d’un an, impactant du même coup les prix du transport et des denrées. A cela s’ajoute l’application de nouvelles taxes sur certains produits de grande consommation. Toutes ces mesures interviennent dans un contexte où le peuple et les travailleurs en particulier ont le plus besoin d’aide pour tenir le coup. En effet, bon nombre de travailleurs, piliers de familles nombreuses victimes du terrorisme, affrontent désormais des charges inhabituelles pendant que le salaire déjà insuffisant et dépassé par la réalité du coût de la vie, ne connait aucune amélioration.

Le fait marquant de la vie nationale, c’est la persistance de l’insécurité avec la poursuite des attaques terroristes qui ont causé et continuent de causer des centaines de morts parmi les FDS, les VDP et les populations civiles. Il en découle une crise humanitaire sans précédent, avec plus de deux (02) millions de PDI. Pendant que le discours officiel chante la montée en puissance des FDS, celles-ci, de même que les populations civiles dans diverses parties du pays subissent des attaques terroristes très meurtrières comme ce fut le cas dernièrement à Déou, Partiaga, Rapougma, Ouagarou, etc. L’UAS réaffirme son soutien aux soldats et officiers honnêtes, ainsi qu’aux VDP qui se battent nuit et jour contre les groupes armés terroristes, souvent au péril de leur vie. En plus des exactions terroristes, on assiste malheureusement à ce qu’il convient d’appeler des représailles des FDS contre des populations civiles : cas de Dori, Djibo, Karma, etc. Par ailleurs, du fait de la complicité ou des fautes de certains chefs militaires, de nombreux éléments des FDS et des VDP ont été sacrifiés. Les cas de Inata, Seytenga, Gaskindé, Partiaga, Déou, Oursi et Tinakoff, sont restés non élucidés malgré les enquêtes annoncées. A ce propos, il nous souvient qu’au moment de son coup d’Etat, le Chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE, a accusé des chefs militaires de s’embourgeoiser et d’être devenus milliardaires ! Cela n’étonne guère quand on sait que d’importantes ressources ont été mises à la disposition de l’Armée pour la guerre sans résultats mais plus grave sans bilan.

Aussi, la récente correspondance du Ministre d’Etat chargé de la Défense, en date du 20 avril 2023, adressée au Chef d’Etat-major général des Armées, évoquant un manque d’engagement récurrent de certains militaires déployés sur les théâtres d’opérations en dit long.

Ce qu’il importe de souligner, c’est que les exactions et les fautes de gestion commises par des éléments de l’Armée et vis-à-vis desquelles les gouvernements successifs se sont montrés complaisants en ne recherchant pas les auteurs pour les sanctionner, contribuent à nourrir le terrorisme. En effet, en détournant les ressources mises à la disposition de l’Armée, en exerçant des exactions contre les populations civiles, ils ont compromis le succès de la lutte, ils ont transformé les FDS en ennemis des populations et ont favorisé le recrutement de nouveaux combattants pour les groupes terroristes. Face au récent drame de Karma, le 20 avril 2023, où 136 civiles ont été assassinées, d’après les chiffres des rescapés et ressortissants de la localité, l’UAS interpelle solennellement le pouvoir de la Transition afin que toute la lumière soit faite sur ce dossier et que des sanctions soient prises contre les auteurs. Nous invitons les autorités politiques et la hiérarchie militaire à la vigilance afin d’éviter toute action susceptible de servir de prétexte à l’envoi de troupes étrangères au Burkina Faso par les forces impérialistes. Toute intervention que du reste notre peuple n’acceptera pas ! Il est aussi nécessaire de faire la lumière sur la gestion des fonds mis à la disposition du ministère en charge de la Défense et de celui en charge de la Sécurité, et de donner aussi une suite aux différents dossiers qui ont coûté la vie à des milliers de combattants et de citoyens.

Ernest Ouédraogo, Président du mois de l’UAS

Camarades,

La situation reste aussi marquée par des remises en cause des libertés individuelles et collectives par le MPSR 2. Se basant sur la situation sécuritaire, les autorités de la Transition se montrent hostiles à toute voix qui émet des critiques sur la gestion du pays et celle de la crise sécuritaire. Des médias, journalistes, leaders d’opinion et responsables d’organisations, sont menacés à cause de leur prise de position sur des questions concernant la vie de la nation. Pendant que les partis politiques sont interdits d’activés politiques, des néo patriotes empoisonnent les réseaux sociaux et le vivre-ensemble avec des menaces de mort proférés contre ceux qu’ils qualifient d’« apatrides ». Ces « super-citoyens » peuvent manifester publiquement pour soutenir l’action politique du Président de la Transition et menacer impunément ceux qui se montrent critiques vis-à-vis de la gouvernance et la gestion de la crise sécuritaire. L’adoption le 13 avril 2023 d’un décret portant mobilisation générale et mise en garde n’est nullement pour rassurer quant au risque de violations des droits et libertés des citoyens sous le couvert de la lutte contre le terrorisme.

Camarades,

L’UAS ne saurait passer sous silence les souffrances indicibles de milliers de travailleurs du public, du parapublic, et du privé qui, au prix de leur vie, assurent le service dans des conditions plus que précaires. En effet, dans les zones rendues inaccessibles du fait de la pression terroriste, les agents font face à l’inaccessibilité des denrées alimentaires et leur cherté qui dépasse tout entendement. Les conséquences de la crise sécuritaire sont incalculables pour le monde du travail : des pertes en vies humaines, des travailleurs ruinés et traumatisés à vie. Malheureusement, aucune mesure forte des autorités politiques ne vise à accompagner ces travailleurs. Au contraire, on assiste souvent à des menaces de la part de certains responsables des services déconcentrés qui exigent la présence des agents au poste, même quand les conditions ne s’y prêtent pas.

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleurs,

Malgré le contexte sécuritaire difficile, l’Unité d’Action Syndicale est restée constante dans ses prises de position quant à l’appréciation des événements politiques en cours dans notre pays. Forte de cette unanimité de point de vue, elle a entamé des sorties dans les régions pour recueillir les préoccupations de la base afin de les synthétiser dans une plateforme de lutte unitaire. C’est le coup d’Etat du MPSR 2, intervenu le 30 septembre 2022, qui a coupé l’élan de cette mobilisation unitaire. L’UAS s’est exprimée à plusieurs occasions sur des questions qui l’interpellaient. Ainsi, elle s’est prononcée clairement contre les coups d’Etat et par conséquent s’est refusée à prendre part aux organes de la Transition, préférant s’en tenir à son rôle de veille citoyenne et de défense des intérêts des travailleurs. De même, suite à la proposition de prélever 1% des salaires des travailleurs pour l’effort de guerre, l’UAS a refusé de donner sa caution en expliquant qu’il fallait d’abord récupérer les centaines de milliards de l’Etat qui gisent dans de nombreuses niches. Nous notons que le gouvernement a peu agi dans ce sens !

Cependant, l’Unité d’Action Syndicale a constamment répondu aux sollicitations du gouvernement sur des dossiers comme l’Assurance Maladie Universelle, le check off, les permanents syndicaux et surtout le Code du Travail. Nous observons malheureusement qu’aucun de ces dossiers soulevés par le gouvernement n’a encore connu un aboutissement. Pire, sur le Code du Travail, l’UAS a été injustement accusée d’avoir œuvré au retrait du dossier à l’Assemblée Législative de Transition (ALT). Cette accusation nous a obligé à d’abord adresser une lettre ouverte au ministre d’Etat chargé du Travail pour la rejeter et ensuite interpeller le chef du gouvernement sur le blocage du dossier afin qu’il renvoie le projet de Code du Travail à l’ALT. En cette occasion solennelle de commémoration du 1er mai 2023, l’UAS interpelle le gouvernement afin que :

  1. le projet de loi portant Code du Travail soit réintroduit à l’ALT ;
  2. une suite soit donnée aux différents dossiers relatifs à des engagements pris par le gouvernement envers les organisations syndicales de travailleurs ;
  3. la plateforme revendicative du 1er mai 2023 soit examinée avec diligence. Malgré la réception pompeuse de la Plateforme du 1er Mai 2022 par une forte délégation gouvernementale conduite par le Premier ministre d’alors Albert OUEDRAOGO, aucune suite n’a hélas été donnée à cette plateforme.

Camarades,

Face aux nombreuses difficultés auxquelles font face de nombreux travailleurs, les secrétaires généraux rassurent les travailleurs quant à leur volonté de renforcer l’UAS en travaillant à résoudre les difficultés inhérentes à la nature même du regroupement. Ils invitent les travailleurs à rester lucides pour maintenir et développer l’unité d’action à la base autour des préoccupations communes. Celles-ci concernent les carrières, ainsi que les conditions d’existence et de travail aussi bien au public, au parapublic qu’au privé, mais également la défense des libertés démocratiques et syndicales. Mais l’histoire des peuples est une histoire de luttes de classes. C’est pourquoi l’UAS invite tous les travailleurs à redoubler de vigilance et à se tenir prêts pour toute action que commanderait cette bataille.

Camarades militantes et militants,

Camarades travailleuses et travailleurs,

A l’image de ce qui se passe chez nous, les travailleurs et les peuples à travers le monde s’organisent davantage et mènent des luttes porteuses d’espoir, pour plus de justice et de liberté. C’est le lieu pour nous de traduire aux travailleurs et aux peuples du monde en lutte toute notre solidarité et notre soutien indéfectible.

Bonne Journée Internationale du Travail à toutes et à tous !

Vive le 1er mai !

Vive l’Unité d’Action Syndicale !

Vive la solidarité internationale des travailleurs !

 

Ont signé :

Pour les Centrales syndicales :

       CGT-B                           CNTB                           CSB                              

   Moussa DIALLO                                 Marcel ZANTE                         Olivier Guy OUEDRAOGO

Secrétaire Général                            Secrétaire Général                                 Secrétaire Général

     FO/UNS                                                 ONSL                                                    USTB

El Hadj Inoussa NANA                  Ernest TAGNABOU                          Ernest OUEDRAOGO

Secrétaire Général                      Secrétaire Général                                  Secrétaire Général

Pour les Syndicats Autonomes :

Le Président de mois des syndicats autonomes

Alain SOME

Secrétaire Général / SYNTRAPOST