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28e Fespaco: «Nous n’avons jamais dit que le pays invité d’honneur était le Togo»

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Le DG du FESPACO, Moussa Alex Sawadogo (Ph. ARTISTES.BF)

Le Délégué Général du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), Alex Moussa Sawadogo, a indiqué que le Burkina a «reçu la confirmation du Mali comme pays invité d’honneur», dans un entretien au cours duquel il a réagi sur la polémique née autour d’un éventuel remplacement du Togo par le Mali. Le DG a abordé avec nous, bien d’autres questions majeures sur la 28e édition du festival prévue du 25 février au 4 mars 2023. Pour M. Sawadogo, ce n’est «ni la délégation générale du Fespaco, ni le ministère», qui ont affirmé que le pays invité d’honneur était le Togo.

Wakat Séra: A deux semaines de la 28e édition du Fespaco, peut-on dire que vous êtes fin prêts ?

Alex Moussa Sawadogo: Techniquement on peut dire qu’on est prêt parce qu’on a commencé à préparer le Fespaco depuis la clôture de la dernière édition. Ce qui revient à dire qu’on a presque tous les éléments qu’il faut pour organiser cette belle fête. Quand je dis tous les éléments, on a les films, on a une belle sélection que nous avons eue, nous avons les membres de jurys et nous avons nos espaces de projections. Et nous avons nos invités dont les journalistes qui confirment. Nous avons aussi et surtout le soutien de nos autorités, ce qui nous fait plaisir surtout dans un contexte actuel.

Parlant justement du contexte actuel, est-ce que vous rassurez que tout est mis en oeuvre pour la sécurisation de cet évènement ?

Vous savez, lorsqu’on organise un évènement comme le Fespaco, c’est d’abord une volonté de nos autorités. Une fois de plus, je tiens à les remercier de nous donner le quitus pour l’organisation de cet évènement qui est important d’abord pour les professionnels, mais aussi pour l’image de notre pays que nous voulons véhiculer à travers ce Fespaco. Ce qui revient à dire que nos autorités sont conscientes de la situation sécuritaire. Donc, certainement nous sommes très sûrs qu’elles mettront les moyens afin de pouvoir permettre à nos invités, aux professionnels du cinéma et aux spectateurs qui seront à Ouagadougou durant toute la semaine (du 25 février au 4 mars prochain), d’être dans la quiétude et d’être surtout dans la sécurité.

Peut-on avoir le nombre des festivaliers accrédités à ce jour ?

Je peux vous le dire déjà sans étonnement que nous dépassons nos attentes en matière d’accréditation. Nous dépassons déjà le volume d’accréditation en 2021 à deux semaines alors que généralement, un évènement comme le Fespaco, nombreux sont les professionnels qui se décident à la dernière minute pour question de calendrier. Donc nous sommes déjà très fiers de cela et nous continuons à recevoir des accrédités hormis le comité d’organisation. Nous ne sommes pas moins de 5 000 accrédités. Ce nombre que je vous donne date d’une semaine (par rapport à la date de l’entretien qui est le mercredi 8 février). Donc l’affluence sera grande et comme j’aime bien le dire, il n’y aura pas de Fespaco au rabais. On aura un Fespaco dans toutes ses dimensions et dans tout son caractère.

Justement, pour qu’il y ait un Fespaco dans toutes ses dimensions, le budget ne doit pas souffrir en termes de financement. Est-ce que le coût du budget évalué à 1 985 000 FCFA, est bouclé à ce jour ?

Dans aucun festival de ce genre dans le monde et selon mon expérience, on ne peut boucler le budget d’un festival avant l’évènement lui-même. Souvent même pendant l’évènement on continue à contacter des partenaires, à rencontrer des personnes ressources où des fonds pour pouvoir venir à notre soutien. Donc, non, pour être honnête avec vous. Nous n’avons pas encore atteint notre budget. Nous avons de très belles propositions, des promesses aussi. Nous avons des partenaires qui ont déjà confirmé. Je profite de votre micro pour lancer un appel aux partenaires qui hésitent encore à venir soutenir le Fespaco ou ceux qui veulent renforcer ce partenariat et pour renforcer leur image, que le Fespaco est une plateforme idéale pour la visibilité. Le Budget n’est pas à 100% bouclé. Nous espérons bien aussi qu’au soir du 4 mars, lorsque le président du Faso va remettre le trophée à l’Etalon d’or de Yennenga, on aura bouclé le budget ce jour-là.

A combien de pourcent peut-on estimer le budget déjà engrangé à l’heure actuelle ?

Non comme je l’ai dit, le budget d’un festival n’est pas que financier mais c’est aussi technique. Il y a des choses qu’on a du mal à évaluer. Et les apports des partenaires sont souvent techniques. Donc c’est au soir du festival qu’on essaie d’évaluer tout ça. Mais je tiens déjà à vous dire que nous avons le soutien de nos autorités, et ce soutien financier et technique que nous avons de nos autorités nous permet déjà d’avancer sereinement dans l’organisation de cet évènement-là.

A quelques jours de la 28e édition du Fespaco, on a ouï dire que le Togo qui avait été désigné comme pays invité d’honneur a été remplacé par le Mali. Parlez-nous de cette affaire ?

On a jamais dit, en tout cas, ça ne vient pas de la délégation générale du Fespaco. Nous n’avons jamais dit que le pays invité d’honneur était le Togo. Cela ne sort ni de la délégation générale du Fespaco, ni au niveau du ministère. Et, ce sont des attributions qui sont faites au niveau de nos autorités, et nous délégation, nous avons reçu la confirmation du Mali pour le pays invité d’honneur. Nous sommes très contents d’avoir le Mali comme pays invité d’honneur en ce sens que ces deux pays, c’est-à-dire le Mali et le Burkina Faso, partagent les mêmes réalités. D’abord nous partageons une même frontière, nous avons une histoire qui est quasi commune voire identique, en ce sens que nous avons des peuples pour ne pas dire une même population qui se regroupe entre les deux frontières. En même temps aussi, nous avons la chance que les deux pays font partie des rares pays du continent à remporter l’Etalon d’or de Yennenga par deux fois au moins. Le Mali en a trois et le Burkina en a deux.

Cinématographiquement, depuis très longtemps, le Burkina et le Mali ont été le moteur des cinémas d’Afrique et à travers leur production prolifique et de qualité, la volonté de ces deux pays justement de prendre le cinéma à bras le corps afin que le septième art puisse combler ses acteurs et aussi à la population. Pour terminer, nous partageons encore malheureusement cette question de sécurité qui sévit dans nos pays et je crois qu’avoir le Mali comme pays invité d’honneur est une belle chance pour nous en tant qu’organisateur de cet évènement-là. Cela pourra nous permettre de réunir ces deux pays dans la même histoire, de réunir aussi ces peuples qui vivent la même difficulté sécuritaire.

Et ensemble, nous pourrons parler à travers le cinéma de la même voix et de voir sur le plan artistique pour ne pas dire cinématographique, quelle voie ou quelle proposition, nous en tant que professionnels de cinéma, pourrions contribuer au retour plus ou moins de la paix dans ces pays-là. Et bien sûr, ceux qui viendront vers nous aussi nous soutiendront dans cette réflexion commune parce que nous pensons fort bien que c’est ainsi, c’est ensemble que nous allons trouver la solution pour le retour de la paix dans nos deux pays.

Pourquoi avoir aligné le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao) au Fespaco, deux évènements culturels majeurs qui se tiennent presqu’à la même date, soit un mois d’intervalle entre les deux manifestations ? Cela ne jouera-t-il pas sur le Fespaco ?

Non pas du tout. De toutes les façons, nous n’avons pas les mêmes publics. Et soyons d’abord très fiers que les deux évènements, le Siao ait eu lieu en attendant le Fespaco. Vous savez aussi que le Siao s’est passé dans des conditions différentes par rapport à ses éditions passées. Et vous savez pourquoi le Siao a été décalé pour cette période. Je tiens une fois de plus à remercier les autorités d’avoir accepté organisé le Siao et aussi au comité d’organisation du Siao d’avoir tenu parce que c’est un grand défi qu’ils se sont lancés et ils y sont bien arrivés. Et je crois que nous ne partageons pas le même public.

Qu’est-ce que vous pouvez dire sur la qualité des productions qui seront projetées lors de cette 28e édition ?

Je dis, nous sommes très fiers voire très contents de cette sélection. Vous savez que lorsqu’on visionne 1 200 à 1 500 films pour en tirer 170 films, cela montre que ç’a été un travail de fourmis. Et vu la situation politique de la sous-région voire du continent ou du monde qui impacte négativement dans la production cinématographique, ce n’est pas toujours évident d’avoir des films de belle facette. Mais les 170 films que nous avons sélectionnés pour le Fespaco sont de très belle facture et nous sommes très contents.

La preuve en est que ces films à l’heure où je vous parle, d’autres concourent à la Berlinale, d’autres concourent à Rotterdam, d’autres sont en lice pour le festival du film de Sundance. Donc nous avons des premières mondiales, c’est-à-dire que ce sera la première fois que ces films seront vus en public et ce qui va pousser ces professionnels du cinéma au-delà du continent de venir à Ouagadougou pour pouvoir voir ces films et bien-sûr de les reprogrammer dans leur festivals respectifs ou tout simplement sur d’autres plateformes.    

Il y a d’autres festivals organisés ça et là dans d’autres pays africains qui augmentent. Est-ce que vous ne craignez pas que le Fespaco soit talonné par ces évènements ? Est-ce qu’à la longue, le Fespaco ne va pas perdre de sa notoriété face à ces tentacules de concurrence ?

Je ne sais pas pourquoi on parle de concurrence entre les festivals. Ceux qui en parlent, c’est ceux qui ne connaissent pas la politique des festivals. En aucun cas un Fespaco ne peut être combattu ou talonné par un autre festival. C’est parce que nous sommes sur le continent africain où malheureusement d’autres pays n’ont pas cette volonté politique d’organiser les festivals contrairement au Burkina Faso. Sur d’autres continents, si je prends l’Europe, vous avez la Berlinale à Berlin et juste à côté à quelques kilomètres vous avez la France qui a le festival de Cannes mais tous les deux festivals se complètent. Je tiens à dire que tout festival a son identité, son caractère, ses ambitions. Et tout festival qui se crée aussi, est un plus pour les professionnels.

Moi personnellement, en tant que premier responsable du Fespaco, je félicite ceux qui sont en train de créer d’autres festivals aussi. Ça nous donnera des idées aussi et ça nous permettra de partager la connaissance des contenus. Et tout ça, ce sont les professionnels du cinéma qui gagneront. Quand on crée un évènement comme ça, ce n’est pas pour nous, c’est d’abord pour les professionnels. Et je serai très content de voir des professionnels qui quitteront le Fespaco pour aller dans un festival dans un pays frontalier ou juste à côté. En aucun cas entre les festivals, il y a une concurrence, c’est juste des partages d’informations. Je tiens à vous souligner que justement, tous les festivals dont vous avez parlé, nous sommes en collaboration. Je pense que c’est l’ambition première d’un festival, c’est de partager des contenus, permettre à ces professionnels d’en profiter.

Donc cela n’enlèvera en rien la notoriété du Fespaco ?

Jamais ! Pas du tout. Le Fespaco existe depuis plus de 50 ans. La preuve en est qu’il a toujours son caractère. Il y a des festivals qui sont nés après le Fespaco et qui sont morts ensuite et le Fespaco continue. Le Fespaco dans sa dynamique aussi essaie de faire de cet évènement un festival de son temps. L’adaptation de tout cela permet au Fespaco de rester fort dans son ambition artistique en allant chercher des premières mondiales, en essayant de trouver des films rares, trouver des films qui feront plaisir au public et aux professionnels. C’est aussi son caractère de transmission, vous avez vu qu’on a lancé toute une batterie de nouvelles activités à la dernière édition. C’est de pouvoir permettre aussi à tous ceux qui espèrent travailler dans le cinéma d’avoir leurs voix à travers le Fespaco.

Quel impact pensez-vous que le Fespaco a comme influence sur les productions audiovisuelles ?

L’influence est connue de partout. Nombreux sont ces réalisateurs africains et de la diaspora qui s’alignent sur le calendrier du Fespaco pour pouvoir finir leurs films. Ce qui est très important. Cela montre qu’ils rêvent de voir leurs films dans la sélection du Fespaco. Aussi, nombreux sont ces réalisateurs qui ont remporté des prix où être justement au Fespaco a changé positivement leur carrière de réalisateur ou de producteur. Nombreux sont aussi ces réalisateurs, quelle que soit la situation dans laquelle se passe le Fespaco, ils décideront d’être là parce que le Fespaco après tout est un marché où on peut rencontrer des producteurs, des responsables de fonds, où on peut rencontrer des acteurs et des réalisateurs. Je pense que le Fespaco a un impact très important pour les professionnels du cinéma et bien sûr pour le public, parce que si je parle du cinéma, c’est parce que nous avons été sous les feux du Fespaco.

Pour cette année, quelle sera l’innovation majeure ?

Dans notre dynamique, on ne veut pas juste lancer des innovations parce que bon, il faut innover. Nous lançons des activités adaptées aux besoins des professionnels et du public. Il y a deux ans nous avons lancé toute une bactérie d’activités d’innovations et cette année nous travaillons justement à consolider ces acquis. C’est-à-dire de pouvoir permettre à ces nouvelles activités d’être mieux vues et que les professionnels puissent en profiter au maximum. Il y a deux ans, on a lancé, c’est vrai qu’on était à la première édition de ces activités, on n’a pas réussi à calibrer certaines choses. Cette année, comme vous parlez d’innovation, pour nous c’est juste un complément, c’est juste une correction au niveau de notre manière de faire ou de voir, c’est ce qu’on a appelé le marché de coproduction que nous avons créé cette année.

Comme je le disais, notre travail c’est pour que le festival soit adapté aux besoins du réalisateur. On a créé cet espace pour le bonheur des professionnels parce qu’ils ont besoin d’un espace où ils peuvent discuter B to B avec les producteurs et les responsables de fonds. C’est aussi permettre à ces réalisateurs qui ont des projets de films d’être financés. Donc ils ont besoin d’un espace qui est uniquement réservé à eux avec des projets bien choisis, avec des producteurs invités dans le monde entier et avec des responsables de fonds qui viennent spécialement pour rencontrer ces projets afin de pouvoir signer avec eux si possible des contrats pour que ces films soient produits le plus vite possible.

Avec le numérique ces dernières années, le coût de la production des films a-t-il baissé ? Si oui, est ce que la qualité des productions n’a pas aussi pris un coup ?

Non pas du tout. Je dirais même que la qualité, ça dépend. Parle-t-on de la qualité technique ou de la qualité artistique de ces films ? Que ça soit les deux, moi je pense que la qualité d’un film dépend des moyens qu’on a, c’est vrai, mais ça dépend aussi de l’intelligence et du talent du réalisateur ou du technicien qui l’accompagne dans la production du film. Vous parlez de digital, nombreux sont cette nouvelle génération qui n’attend pas beaucoup d’argent pour pouvoir faire des films de très belle qualité. Et nous, au niveau du Fespaco, on tient compte de ça, ce qui fait qu’on est en train de dématérialiser la pré-organisation du festival en utilisant beaucoup de choses qui se font en ligne, en zoom et tout ce que vous savez. Au niveau du Marché international du cinéma et de l’audiovisuel africains (MICA), nous avons travaillé à faire venir des responsables des plateformes qui seront là, qui utilisent beaucoup les films en ligne aussi dont les réalisateurs pourront profiter pour pouvoir vendre leurs contenus ou les faire voir à ce niveau.

Quelle peut être la contribution du cinéma dans la situation sécuritaire du Burkina Faso et de ses autres pays voisins ?

C’est déjà le thème que nous avons prévu cette année : « Cinéma d’Afrique et culture de la paix». Les questions de la sécurité et de la paix ne seront pas évoquées pour la première fois dans les productions ou dans les débats avec les réalisateurs, depuis très longtemps, la question a été évoquée. Ces questions ont toujours été évoquées par les professionnels du cinéma. Pour nous, le thème vient à point nommé en ce sens que l’objectif est de montrer aussi que les professionnels comme une prise de responsabilité veulent voir comment ils peuvent contribuer au retour de la paix et surtout à la cohésion sociale. Les réalisateurs qui sont des artistes sont toujours en avance sur leur temps. Ce qui leur permet justement de voir des choses, de pouvoir les comprendre et de pouvoir les discuter entre eux professionnels du cinéma, et avec les hommes de lettres ou des intellectuels pour voir ensemble qu’est-ce que nous pourrons mettre sur la table et dont pourraient s’inspirer ceux qui combattent pour nous ou bien nous-mêmes dans notre vie quotidienne on pourrait adopter pour le retour de la paix.

Je crois que nous vivons dans un univers où nous sommes tous responsables de la sécurité. Cette responsabilité devrait à un certain moment amener tout un chacun, ensemble en communauté comme la communauté des réalisateurs, de producteurs, de parler la même voix et de sortir après un évènement comme le Fespaco pour proposer ce qui sera recueilli aux premiers responsables, à ceux qui s’occupent de la question de la sécurité et à toute personne aussi pour qu’ensemble on puisse avoir un monde merveilleux, sans guerre et sans animosité.

Pour l’édition passée, a.u niveau du plateau artistique, certains ont critiqué la programmation des artistes. D’autres personnes disent ne pas comprendre pourquoi on a programmé des artistes confirmés comme les Smarty avant ceux qui cherchent à se confirmer. Que répondez-vous ?

D’abord, nous sommes un festival de cinéma et nous mettons l’accent sur le cinéma. Tout ce qui vient s’ajouter dans le festival de cinéma, ce sont des activités parallèles que nous essayons d’intégrer dans nos activités, question de permettre à tout un chacun de pouvoir tirer son bonheur. Je sais que le cinéma c’est un art qui est complet, et les critiques, nous on écoute et on essaie de se concentrer sur le cinéma. La comparaison que vous dites Smarty, Amzy ou je ne sais pas qui d’autre, n’est pas pour moi un effet capital qui remettra en cause notre forme de management et notre mission.

Nous sommes très contents de pouvoir programmer des artistes burkinabè qui ont fait leur preuve sur une scène internationale parce que nous avons le soutien venant de partout. Nous allons continuer notre travail, se concentrer sur notre cinéma pour les professionnels du cinéma, pour ceux qui aiment la culture et le cinéma, pour ceux qui aiment aussi la musique et nous allons avancer. On est déjà très content que beaucoup de gens aient applaudi la cérémonie d’ouverture et de clôture. Pour la question de la programmation des artistes, le chorégraphe qui a créé le spectacle pourrait vous donner son idée là-dessus.

Est-ce qu’on a déjà une idée d’un nom qui est annoncé, une grande star ?

Les stars, ce sont les réalisateurs et réalisatrices, et les producteurs qui viendront au Fespaco. Nous mettrons l’accent là-dessus. Nous vivons dans une situation qui est très difficile, je ne dirai pas politique mais sécuritaire. Nous avons nos pensées qui sont tournées vers ceux qui sont déplacés, ceux qui souffrent dans leurs chairs aujourd’hui qui n’ont pas la chance d’être assis à la même table et de discuter de cinéma, art et culture comme nous. Et nous, dans notre organisation, nous avons une profonde pensée pour eux. Ce qui nous amène à éviter ce que vous appelez dans le jargon le buzz, les grosses stars. Nous voulons juste faire un festival de cinéma pour réunir le monde entier, réunir tous les africains qui sont sur le continent et hors du continent pour pouvoir permettre à tous les Burkinabè qui sont là à pouvoir respirer un peu, de pouvoir rencontrer des personnes, de sortir aussi et surtout, notre ambition au-delà de son caractère festival de cinéma, c’est de montrer aux yeux du monde que le Burkina Faso est un pays débout, que le Burkina Faso est un pays créatif, un pays capable de monter aux yeux du monde que nous continuerons à contribuer à l’épanouissement du cinéma d’Afrique et du monde.

Est-ce que vous pouvez rassurer que le Fespaco a le soutien qu’il mérite de la part de nos autorités et même des autres partenaires de l’extérieur ?

Nous sommes déjà très fiers et je tiens encore une fois de plus à remercier nos autorités de nous avoir donné la possibilité d’organiser cet évènement. Le fait d’abriter un évènement comme le Fespaco, c’est quasi unique dans ce monde. Tous ceux qui travaillent à nous accompagner techniquement et financièrement et aussi à travers leurs conseils et recommandations, nous avons déjà ce soutien-là. Nous donner l’autorisation d’organiser ce festival, c’est que les autorités sont conscientes de la question sécuritaire et qu’elles ont déjà prise à bras le corps pour que tous nos invités arrivent en paix, travaillent en sécurité et aussi de pouvoir voir aussi le Burkina Faso qui se bat pour rester débout. A ce niveau je tiens à remercier une fois de plus nos autorités.

Oui, le Fespaco, si, nous avons toujours des partenaires. Vous avez déjà vu sur nos supports de communication. Nous avons nos partenaires classiques qui continuent de nous accompagner et nous avons de nouveaux partenaires qui ont pris le train en marche ou qui rejoignent la dynamique que nous avons lancée. Nous tenons aussi à les remercier. Les partenaires qui hésitent, je tiens à leur dire que l’opportunité est là, que le Fespaco, bien qu’il soit abrité par les Burkinabè, il appartient au monde, en ce sens qu’il sème des graines durables, qu’il donne un espoir au monde entier, qu’il sème cette envie de voir des pays en souffrance comme le nôtre de continuer à résister. Comme je le dis, tous ceux qui viendront au Burkina, c’est une forme de soutien à notre pays. Ce sont des hommes et des femmes qui montreraient qu’ils aiment le Burkina Faso et que nous les aimons aussi et que le Burkina Faso n’est pas seul dans son combat.

Entretien réalisé par Bernard BOUGOUM