L’opposition politique burkinabè, qui était face à la presse ce mardi 18 juin 2019, s’est exprimée sur des sujets dont le dernier sondage du Présimètre qui attribue au président Roch Marc Christian Kaboré, une note de 4,72 sur 10. Pour le regroupement de la trentaine de parti opposé au pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le chef de l’Etat burkinabè, «devrait être de loin inférieure à 4,72/10» car il a «échoué dans tous les domaines».
Après trois semaines d’absence, l’opposition renoue avec son traditionnel point de presse, tribune lui permettant de se prononcer chaque semaine sur la situation nationale et internationale. Ce jour 18 juin 2019, ce sont le président du Parti national des démocrates socialistes (PNDS), Yumanli Lompo et Amadou Diemdioda Dicko, quatrième vice-président du parti (Union pour le progrès et le changement, UPC) du leader de l’opposition burkinabè, Zéphirin Diabré qui se sont entretenus avec les hommes de médias. Au menu il y avait l’affaire du charbon fin, les déclarations du ministre de la Défense en Afrique du Sud, les réfugiés internes, le dialogue politique et le sondage Présimètre réalisé par Diakonia.
Avant d’entamer les échanges, les conférenciers ont rappelé que 169 jours après les tueries de Yirgou ayant visé la communauté Peulhe, la justice se fait toujours attendre. Et pour l’opposition, c’est certainement ce manque d’injustice qui a causé les massacres similaires à Arbinda, Nafona, Zoaga et Banfora. L’opposition a réitéré son rejet de l’ethnicisme et le communautarisme, cancer qui ronge le tissu social et qui se métastase.
L’opposition politique dit prendre acte du dernier sondage d’opinion mené sur la gouvernance du président Kaboré, dans le cadre du Présimètre. Selon ce sondage du Présimètre, Roch Kaboré obtient la note de 4,72 sur 10, soit une baisse de 0,21 point par rapport à ses résultats de décembre 2018. Il ressort de ce sondage qu’au niveau rural, la gestion du pays par M. Kaboré est également décriée. Une note de 4,67/10 lui a été décernée contre 4,84/10 en zone urbaine. Pour l’opposition, la note président Kaboré «devrait être de loin inférieure à 4,72. Il a échoué dans tous les domaines, et cet échec cuisant a ramené notre pays 40 ans en arrière», a renchéri Yumanli Lompo, président du PNDS.
Revenant sur l’affaire de l’expédition du charbon fin par la société minière IAM GOLD Essakane, accusée de fraude en complicité avec le gouvernement dans ce processus, les conférenciers, estimant que le ministre burkinabè des Mines, Oumarou Idani, «a joué un rôle trouble dans cette histoire», ont affirmé qu’il «aurait tenté de négocier avec la justice pour cacher certaines choses». C’est pour, entre autres, raisons que «sans tarder», l’opposition a demandé au ministre Idani de «rendre sa démission et se mettre à la disposition de la justice (parce que) il a gravement échoué dans sa mission».
L’opposition a jugé «malheureuse» la sortie médiatique du ministre de la Défense nationale, Moumina Chériff Sy qui a accordé le 4 juin dernier une interview au journal sud-africain «The Guardian». Pour l’opposition, les propos de M. Sy qui, en plus de juger «inutile» le groupe (G5 Sahel), accusent les Français, les Algériens et les Sud-africains à ne pas soutenir, comme il le faut le Burkina Faso. Ces propos «sont très graves puisqu’ils mettent à nue une grosse discorde entre lui (M. Sy) et le président du Faso». Chériff Sy avec ses propos, «sème les germes d’incidents diplomatiques, sûrement, sans avoir obtenu le quitus» de Roch Kaboré, ont renchéri les opposants.
Le sujet des réfugiés qui ont fui le Sahel pour se retrouver à Ouagadougou a été, également, commenté par les partis politiques affiliés au Chef de file de l’opposition politique (CFOP). L’opposition s’est offusquée que le gouvernement ait demandé aux déplacés (plus de 1 200), de repartir sur les sites officiels de Barsalogho et de Foubé, dans le Sanmatenga, au Centre-nord, à quelques kilomètres de leurs villages d’origines qu’ils ont fui. C’est pourquoi elle condamne cette attitude du gouvernement qui est «aux antipodes de la solidarité nationale, des valeurs ancestrales d’entraide et de compassion». «Nos frères et sœurs qui fuient l’atrocité ne viennent pas à Ouagadougou pour du tourisme», ont fait observer les conférenciers, estimant que la «meilleure façon pour le gouvernement de ramener ces compatriotes dans leurs anciennes localités, c’est de travailler à y instaurer la paix et la sécurité».
Pour le dialogue politique en vue, l’opposition dit être toujours en attente de la convocation pour ce dialogue. Toute la problématique réside au fait que «le MPP et sa majorité veulent que nous dialoguions avec eux uniquement sur l’organisation des élections, alors que nous estimons que le pays est en danger, et qu’il faut débattre de toutes les grandes questions touchant à la vie de la nation», a signifié Yumanli Lompo.
Par Bernard BOUGOUM