Alors que le chef de file de l’opposition guinéenne, et candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre prochain, Cellou Dalein Diallo, a dû renoncer au meeting qu’il devait tenir, ce dimanche, à Kankan, présenté comme le fief traditionnel du parti au pouvoir, l’opposition ivoirienne, elle a pu tenir son giga-meeting, mais à quel prix, au stade Félix Houphouët Boigny. Intimidations, violences, menaces, sabotages, agressions physiques, etc., toute la batterie des blocages a été déployée par le pouvoir, que ce soit à Conakry ou à Abidjan, pour étouffer, une fois de plus, des opposants, vent debout contre les 3è mandat, purement anticonstitutionnels et foncièrement confligènes de Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara.
Si en Guinée, la lutte, pour pousser à la retraite, le chef de l’Etat, qui a épuisé ses deux mandats constitutionnels, se mène dans la rue et bientôt dans les urnes, en Côte d’Ivoire où le scrutin est prévu pour le 31 octobre, il s’agit de dire, sans autre forme de procès, «non» à ce coup d’Etat constitutionnel, organisé par ADO et son parti, le Rassemblement des Houphouétistes pour la paix et la démocratie (RHDP) et d’amener tous les acteurs politiques à un dialogue inclusif. «Tous les fils de ce pays vont s’asseoir autour de la même table pour panser les blessures de ces 30 ans d’affrontements, de conflits, de meurtrissures, de violences…», suggère Pascal Affi N’Guessan, le leader d’une aile du Front populaire ivoirien.
Mais, visiblement, plus rien ou presque rien, ne pourra encore empêcher, Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé, des ex opposants, devenus subitement et malheureusement amnésiques sur les bienfaits de l’alternance démocratique, un des piliers de l’Etat de droit. Pas même les nombreux morts, comptés par Abidjan et Conakry, encore moins les injonctions des sociétés civiles africaines contre le 3è mandat, n’ont le moindre effet sur l’entêtement des deux chefs de l’Etat. Comme le dit si bien l’adage, «Jupiter rend fous ceux qu’ils veut perdre». ADO et Alpha Condé, 78 ans et 82 ans, oublient que le cimetière est rempli de tombes de gens qui se croyaient indispensables. Ils auraient, pourtant, pu faire jouer la sagesse, qui, en Afrique renvoie à l’âge avancé, pour se trouver de dignes successeurs, à même de renforcer les acquis indéniables à leurs actifs, mais également apporter du sang neuf pour booster le développement de leurs pays respectifs.
Sauf que, eux, ils veulent passer autant de temps au pouvoir que les années qu’ils ont passées dans l’opposition. Savent-ils seulement que ce 3è mandat n’a jamais porté bonheur aux dirigeants africains, notamment de cette partie ouest du continent noir, et que, tôt ou tard, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets? En tout cas, ils sont en train de faire une entrée des plus tristes dans l’histoire, n’en déplaise à leurs courtisans, et «vuvuzélas», véritables sangsues politiques aux intérêts très personnels, mais toujours prêts à fuir le navire lorsqu’il commence à prendre de l’eau. Cependant, c’est la communauté internationale qui inquiète davantage, elle qui sait bien que les insurrections populaires et autres coups d’Etat, trouvent toujours terrain fertile, dans ces situations où le peuple, n’a plus aucune opportunité pour se faire écouter.
Et pour faire le même constat que le jeune chef de l’Etat bissau-guinéen, Umaro Embalo Sissoco, les 3è mandats font plus de morts et de dégâts socio-économiques que les coups d’Etat militaires, contre lesquels la communauté internationale, fait preuve d’une promptitude extraordinaire en matière de sanctions et embargo. Questions: qu’attend donc la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour faire cette ingérence salutaire dans les affaires de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, et brandir des sanctions contre Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé, qui deviennent de véritables menaces pour la stabilité de la sous-région? Est-ce trop demander au syndicat des chefs de l’Etat, de garantir la paix pour les peuples, qui, en ont besoin pour aller au développement? Il est temps de mettre fin aux dérives de ADO et son compère Alpha Condé, qui nous ont habitué à mieux, lorsqu’ils étaient opposants.
Par Wakat Séra