Ceci est une opinion du journaliste-éditorialiste Lookman Sawadogo sur le projet de report des législatives.
« Le projet de report des législatives sous forme d’une proposition envoyée au chef de l’Etat met à nu la vraie réalité du pays: Le chaos camouflé. Un pays au tiers de son territoire hors contrôle ou disons sous contrôle ennemi.
La représentation nationale c’est 127 députés pour 20 millions de Burkinabé. Aujourd’hui ce sont au moins 50 députés soit plus du tiers de cette représentation nationale qui ne peuvent pas se faire élire et occuper un siège au Parlement. Politiquement parlant, c’est environ 6 millions de Burkinabé qui sont sur le territoire sans être sous le contrôle réel de l’Etat burkinabé.
En tout état de cause et au regard de ce qui précède, le rapport de l’Assemblee nationale ne révèle qu’une partie de cette calamité du Burkina Faso. Un pays en désintégration continue et en lambeaux dont l’avenir et l’existence échappent chaque jour qui passe. C’est cette vérité cruelle de l’échec politique qui a été longtemps mise sous le boisseau, cachée pour des raisons, intérêts et calculs injustifiés. Mais la vérité rattrape toujours le mensonge.
Cette réalité désespérante d’un pays traumatisé jetée à la face de la nation par l’assemblée nationale, devrait nous faire prendre conscience, au-delà de l’opportunisme politique, de la grosseur et de la profondeur du péril. Au moins cette fois-ci l’unanimité parlementaire nous éloigne de la « critique facile ».
En effet, si l’on se préoccupait réellement et dignement de la situation du pays et de la survie de chaque burkinabé, sans autre forme de considération, l’on parlerait plus de réconciliation, de paix et de dignité humaine que d’élections. Le drame est parlant:
Plus de 02 mille civils morts en 04 années. Plus de 400 FDS tuées.
Près d’un million de femmes, enfants et personnes déplacées. 02 millions de gens en urgence alimentaire. Combien de veuves et d’orphelins à ce jour ?
Il est temps de regarder la situation en face, d’opérer les choix et options qui vont dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation.
Quand la jarre se casse sur votre tête il faut accepter d’être lavé par son eau.
Mille élections mécaniques, cosmétiques et instrumentalisées, ne changeront pas le Burkina. Le Mali nous en donne la leçon.
Nous sommes condamnés à passer par le chemin de la raison contre la déraison ambiante, la vérité contre le mensonge érigée en norme sociale et enfin la réconciliation sincère contre l’exclusion et la stigmatisation.
J’invite les députés a proposer une loi de réconciliation nationale. Comme au Rwanda et en Afrique du Sud. Maintenant que leurs yeux sont grandement ouverts sur la situation réelle du pays.
Toute rallonge du mandat n’aurait de sens et ne pourrait être utile au peuple que si elle est mise au service de la recherche réelle des voies de sortie de la crise nationale. Cette crise même qui empêcherait la tenue d’élections !
À bon entendeur salut ! »
Lookman Sawadogo
Journaliste -éditorialiste