Les Burkinabè sont en émoi ce vendredi 24 décembre 2021 après la mort au combat hier jeudi du résistant contre les terroristes, Soumaïla Ganamé, plus connu sous le pseudonyme de Ladji Yôrô. Ce vaillant homme que pleure le peuple burkinabè est un supplétif de l’Armée qui dirigeait un groupe civil pour protéger les populations vulnérables de Loroum, une localité située à environ 50 kilomètres de Ouahigouya. Selon nos informations, c’est grâce aux actions guerrières de Ladji Yôrô et ses hommes que beaucoup de localités environnantes de la capitale de la région du Nord ne sont pas encore tombées sous le contrôle des terroristes qui écument la zone.
Le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes depuis début janvier 2016. Commencé vers la région du Sahel du Burkina, le phénomène du terrorisme qui a la peau dure, a gagné une bonne partie du pays à travers plusieurs autres régions dont la région Nord qui a pour chef-lieu Ouahigouya. La mort de Ladji Yôrô est un gros choc et un vrai coup dur pour la sécurité de la province du Loroum en ce sens que, sa présence dissuadait les assaillants et rassurait bon nombre de personnes de ne pas quitter la zone.
La Nation entière vous est reconnaissante
«Hommage à Ladji Yoro, mort pour la Patrie. Cet intrépide Volontaire pour la Défense de la Patrie doit être le modèle de notre engagement déterminé à combattre l’ennemi. J’associe à cet hommage, tous les VDP qui se battent inlassablement jusqu’au sacrifice suprême », lit-on sur le compte Facebook personnel du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, pour qui, « la Nation entière est reconnaissante » à Ladji Yôrô et tous les supplétifs des Forces de défense et de sécurité (FDS).
L’opposant, Tahirou Barry s’est également prononcé sur la mort du héros burkinabè. « Il faut qu’on se dise la vérité si on veut rendre véritablement service à notre patrie. Si rien de sérieux et de concret n’est fait au sommet pour affronter la menace terroriste, notre mal finira par être un cancer généralisé et intraitable. Il ne sert à rien de condamner les attaques terroristes sans se donner les moyens de traquer et condamner les auteurs desdites attaques », a fustigé l’ex-ministre de la Culture.
Pour lui, « aucun message de condamnation, aucun RIP, aucun décret de deuil national n’apaisera les cœurs. Seuls, l’action forte et les résultats sur le terrain ne seront que les réponses urgentes et nécessaires. Hélas, en la matière, les attentes semblent se prolonger indéfiniment ». Il a terminé par demander à Dieu d’accorder sa miséricorde à « Yoro et à tous les disparus suite aux drames terroristes ».
«Notre peuple regorge en son sein de nombreux Ladji Yôrô»
L’internaute Ruivo Ouédraogo aborde la mort de l’infatigable défenseur du Loroum sous l’angle des luttes de classes qui ont toujours été au cœur de l’évolution des nations. « Les armes au peuple ! L’émotion qu’a créée la mort de ce brave patriote et courageux Ladji Yôrô et tout le bien qu’on pense de lui confirme notre position selon laquelle les populations civiles sont capables de libérer leur génie créateur pour défendre leur pays », a fait comprendre M. Ouédraogo, un internaute.
« Croyez-moi, Ladji Yôrô n’est pas le seul. Notre peuple regorge en son sein de nombreux Ladji Yoro qui n’attendent seulement que les conditions soient créées pour exprimer leur intelligence et leur dévouement à la cause de la patrie », a-t-il dit, ajoutant que « malheureusement le pouvoir néo-colonial ne créera pas ces conditions sans pression. Pour cause, ses animateurs savent très bien que la libération du pays va de pair avec leur départ inéluctable ».
Ruivo Ouédraogo a terminé : « Général Ladji Yoro, digne fils du peuple, malgré toutes les hostilités, tu as mené le bon combat jusqu’au sacrifice suprême. Va en paix combattant ! »
Des journalistes et activistes témoignent de l’engagement de Ladji Yôrô à combattre les terroristes
Pour le journaliste Dénis Zoungrana, la mort de Soumaïla Ganamé est déchirante et forcément aura son lot d’émotions en ces temps de la fête de la nativité. « Une fin d’année si amer », s’est exprimé M. Zoungrana.
Ladji Yôrô, « tu étais et tu resteras le héros dans la lutte contre les terroristes. Que nul ne me souhaite bonne fête de fin d’année car il n’y a pas de fête pour moi cette année. Repose en paix ainsi que tes compagnons », a-t-il ponctué.
« Repose en Paix champion. Quand j’ai eu l’occasion d’échanger avec toi dans le cadre professionnel, ta vision pour la défense de la nation m’avait beaucoup séduite. Tu m’as dit ce jour que rien n’est éternel et que c’est Allah seul qui décide du moment. Tu avais foi qu’un jour, nous allons arriver à bout de l’hydre. Tu étais unique en ton genre », a témoigné le web-activiste, Steeve Zampaligré qui a eu à rencontrer Ladji Yôrô.
Comme tous les Burkinabè, Steeve Zampaligré dit avoir été choqué en apprenant la disparition tragique du héros de tous les dangers. Il refusait même d’y croire tout en se disant qu’il allait se réveiller ce matin trouver que « c’était un vilain cauchemar ».
« Comme tout Burkinabè, l’espoir placé en toi me faisait penser que tu étais immortel. Je n’osais croire un jour que tu pouvais t’en aller et surtout ainsi. Champion, tu as vécu utile, les dignes fils de la Patrie des Hommes intègres te restent reconnaissants. Vas en Paix ! Que la terre libre du Burkina Faso que tu as défendu au prix de ta vie te soit légère », a terminé l’activiste.
La mort de Soumaïla Ganamé, « est très choquant », selon l’internaute Ousmane Ouédraogo. « Mais on ne pleure pas un héros », pense-t-il, voulant travailler à « perpétuer son œuvre » car « c’est la meilleure façon de lui rendre hommage ».
Par Bernard BOUGOUM