«Un 8-Mars autrement». Ainsi a été commémorée la 163è Journée internationale des droits des femmes au Burkina Faso. Certes, les pagnes ont été distribués gratuitement, notamment lors de tournées de membres du gouvernement et autres, campagne électorale oblige, le scrutin présidentiel étant annoncé pour novembre de cette année, mais d’autres aléas ont contraint les Burkinabè à célébrer cette journée autrement. A quelques exceptions près, ce sont des conférences et activités de réflexion sur les conditions de vie et le devenir de la femme qui ont meublé le menu du 8-Mars de cette année. Mieux, les femmes, en phase avec le thème au plan national, «Crise sécuritaire au Burkina: quelles stratégies pour une meilleure résilience des femmes», ont eu une forte pensée pour les mères, les épouses, les sœurs, les enfants, et proches des victimes des attaques terroristes qui endeuillent le Burkina au quotidien. Surtout que les «individus armés non identifiés» ciblent maintenant, en plus des Forces de défense et de sécurité (FDS) les civils. C’est ainsi que les personnes tuées ne se comptent plus, tout comme des villages entiers se sont vidés de leurs occupants, qui ont tout abandonné pour rejoindre des endroits plus ou moins plus sécurisés. Parqués pour la plupart dans des camps où précarité rime avec incertitudes du lendemain, ces exilés dans leur propre pays avaient effectivement bien besoin d’aide.
Mais le 8-Mars 2020, a également connu une célébration particulière compte tenu de la peur du coronavirus de la part de certaines personnes qui évitent les rassemblements. Une peur peut-être exagérée, mais bien justifiée, le mal ayant été signalé au Togo voisin, au Nigéria, et le Sénégal dans la sous-région. Que dire de la conjoncture économique difficile dont l’impact est de plus en plus ressenti sur la vie des Burkinabè, les attaques armées récurrentes, ayant fortement mis à mal l’économie nationale qui est contrainte à la résilience, tout comme les populations. Enfin, le 8-Mars 2020 a été célébrée juste le lendemain d’une grande marche organisée par la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B) sur l’ensemble du territoire national, contre l’application des Impôts uniques des traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités des agents du public. Les rues étaient donc chaudes ce 7 mars et le mercure pourrait monter davantage les jours à venir, selon le calendrier d’actions à mener mis au point par les manifestants qui demandent le retrait pur et simple de la loi à polémique. Il importe que les deux protagonistes trouvent un «modus vivendi» sur cette question qui divise, afin qu’un autre front ne s’ouvre avec la fronde sociale, alors que les Burkinabè ne savent toujours pas à quel saint se vouer dans la lutte contre les «individus armés non identifiés» qui écument notre pays, et empêchent ses habitants de vaquer à leurs occupations.
Les femmes commencent donc à prendre conscience que le 8-Mars loin d’être une fête, est un tremplin pour pousser davantage la réflexion sur leurs droits, comme le précise du reste, le thème de cette année, «Je suis de la Génération Égalité: Levez-vous pour les droits des femmes». Toutefois, il urge pour elles, notamment leurs leaders, de mettre au centre de ce combat, le droit à l’eau pour tous, et surtout pour les femmes, qu’elles soient en milieu urbain ou en zones rurales, qui sont les premières victimes de l’inaccessibilité à l’eau.
Par Wakat Séra