Les femmes salariées de Air France, dans le cadre de leurs activités commémoratives à la Journée mondiale de la Femme célébrée chaque 8 mars, ont décidé d’aller passer la journée avec les enfants de l’Association burkinabè d’accompagnement psychologique et d’aide à l’Enfance (ABAPE) située à Wemtenga, dans le Centre-Est de Ouagadougou. Les visiteuses se sont dites « impressionnées » de ce qu’elles ont vu au centre qui accueillent près de 90 enfants.
A l’occasion du 8-Mars, les femmes de Air France ont voulu rendre leur journée citoyenne. C’est pourquoi elles ont décidé d’approcher l’ABAPE pour venir passer la journée avec ses pensionnaires et leurs encadreurs. « Nous sommes venues pour voir comment les moniteurs s’occupent des enfants et vraiment toucher du doigt leurs réalités en partageant du gouter avec les enfants », a déclaré Rolande Ouédraogo, responsable marketing chez Air France, porte-parole des visiteuses.
« Ce qu’on voit ici est impressionnant. C’est vrai qu’on voit de loin mais on ne s’imagine pas à quel point c’est du boulot. Cela nous a toute suite touché et c’est vraiment la souffrance de la femme qu’on voit parce que personne ne souhaite que son enfant soit là et on n’aurait pas voulu que ce centre existe », a affirmé Mme Ouédraogo qui dit avoir « remarqué que ce sont des enfants qui ont beaucoup d’amour, qui aiment être encouragés. Ils sont attachants et on ne peut que les aimer et les aider ».
Les femmes travaillant à Air France ont aussi apporté des goûters, des biscuits et un apport pour le centre comme des fournitures scolaires (crayons de couleurs, feutres, des papiers, etc). Cette visite a touché les « sensibilités de mes collèges et je vois déjà d’autres qui disent vouloir aider plus des enfants qui sont dans cette situation. Vraiment j’invite tous ceux qui peuvent faire de leur possible pour venir en aide à ce genre de centre qui fait des trucs nobles, de les venir en aide », a indiqué Rolande Ouédraogo qui justifie le choix de ce centre pour leur visite par le fait que l’ABAPE les avait touché.
L’ABAPE vise à améliorer l’éducation inclusive des enfants autistes qui sont actuellement à près de 90 dans le centre dont 46 enfants ont l’âge compris entre 2 à 5 ans, qui sont dans des écoles maternelles, a précisé le psychologue, Boukari Pamtaba, directeur du centre.
Il est organisé pour les enfants accueillis à l’ABAPE, plusieurs activités dont celles psycho-éducatives, c’est-à-dire que l’enfant suit seul des séances de formations avec un Psychologue. Il y a aussi les activités socio-éducatives qui permet de former un groupe afin que l’enfant puisse simuler son handicap. Ensuite il y a les activités pédagogiques qui apprend à l’enfant à acquérir les pré-requis de bases académiques de telle sorte que le jour qu’ils seront autonomes qu’ils ne soient pas en déphasage avec le système éducatif classique, a expliqué M. Pamtaba.
Au-delà de ces activités, le centre forme les parents des enfants pour qu’ils puissent réellement s’approprier de l’outil éducatif et mieux travailler à la maison car leurs concours est indispensable et ça demande un travail d’implication, a poursuivi le premier responsable du centre qui a ajouté qu’il y a aussi des visites à domicile parce qu’il faut faire un travail de coordination entre le centre et la maison. « Quand un enfant vient au sein de ce centre, il est d’abord évalué, et en fonction de ses performances et ses capacités, on le met dans un niveau approprié à son handicap », a-t-il indiqué.
Au niveau pédagogique, il y a le niveau 1 qui prend en compte les enfants qui n’ont l’appréhension du stylo, qui sont au stade du gribouillage. Progressivement quand on se rend compte que l’enfant peut faire les ronds et les triangles, ils passent au niveau intermédiaire. Ceux qui sont au niveau intermédiaire, au bout de un à deux ans, quand ça commence à aller, ils passent au niveau 2 où ils feront l’écriture et les calculs, a noté Boukari Pamtaba qui mentionne qu’« il n’y pas un temps pour chaque niveau. Mais, deux ans après l’assimilation au niveau 2, le centre sélectionne les enfants qu’il met dans une classe inclusive dans une école primaire qu’il appuie par une monitrice formée pour accompagner l’enseignant dans cette approche pédagogique.
Le centre fait face à certaines difficultés, notamment le nombre élevé d’enfants puisque l’ABAPE a été créé en 2011 et accueillait cinq enfants. Or, actuellement, il reçoit presque 90 enfants, a laissé entendre Boukari Pamtaba. Cela fait que les dispositions éducatives qui ont été mises en place ne sont plus bien suivies, a-t-il déploré, souhaitant de l’aide pour avoir un cadre plus approprié où il y aura en même temps une école spécialisée, une maternelle et une école du primaire pour canaliser leur force et l’orienter dans un même environnement.
M. Pamtaba qui s’est dit être « la personne la plus heureuse » de cette visite car depuis qu’il existe, l’ABAPE « n’a jamais eu un regard de l’extérieur », a invité le gouvernement à faire la promotion de leur activité. « On est orphelin dans nos actions car l’Etat ne nous accorde pas des faveurs. La promotion de ces cadres ne pas sont visibles au niveau gouvernemental quand bien même que c’est une de ses politiques que nous mettons en œuvre ».
Par Bernard BOUGOUM