Yahya jamais ! Ainsi avions-nous titré notre éditorial du lundi 16 janvier dernier. A l’heure où son mandat est arrivé à terme et qu’il oppose un refus catégorique de passer la main à Adama Barrow, le président sorti des urnes de décembre 2016, Yahya Jammey se débat avec la dernière énergie du noyé. Jusqu’à la dernière minute, l’homme au sabre aura usé de tous les subterfuges pour s’accrocher à un pouvoir qu’il a géré d’une main de fer et au gré de ses fantasmes depuis 22 ans. S’il aime tant son pays et son peuple, le marabout de Banjul devrait lui épargner un bain de sang inutile et cet exil forcé qu’il lui impose il y a maintenant quelques semaines, du fait de son entêtement. Mais qu’il parte de gré ou de force, maintenant ou après, Yahya Jammey sera bel et bien sorti par la toute petite porte qu’ont empruntée avant lui, tous ces indécrottables disciples du pouvoir à vie.
Car, que ce soit à Banjul ou entre les quatre murs d’une représentation diplomatique, dès que Adama Barrow aura prêté serment, comme le stipule la Constitution de son pays, il devient le président légitime et légal de la Gambie. Et à ce titre, il pourra faire libérer son pays, avec l’aide de pays voisins-suivez mon regard- ou de forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), ou même onusiennes. De toute façon, ce ne sera pas la première fois qu’un pays africain, à l’instar de la Côte d’Ivoire, se retrouve avec deux présidents jusqu’à ce que l’assaut final soit lancé contre l’usurpateur pour le déloger pour lui arracher un pouvoir…mal acquis ! Du reste, Yahya Jammey ne pourra même plus compter sur son armée dont le chef d’état-major aurait affirmé que cela ne servira à rien de se battre contre d’autres soldats africains. Si ce n’est pas de la reddition, ça y ressemble fort !
Cerné de toutes parts, terre, air et mer, par les troupes sénégalaises et nigérianes qui ont pris les devants de la « chasse à Yahya », le désormais ex président, à moins de faire usage de l’un de ces mille et un pouvoirs mystiques dont il se vante d‘être détenteur, ne pourra que brandir le boubou…pardon, le drapeau blanc. Sauf si le peu de lucidité qui lui reste encore, convainc Jammey de quitter Banjul, dans les basques du dernier pompier de cette crise, son ami Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien. Pourvu que la force ne soit pas mise à contribution pour mettre fin aux derniers soubresauts du damné de Banjul. Car cela pourrait bien constituer aussi un précédent malheureux où un voisin mécontent de son autre voisin amasserait des troupes à sa frontière, lui lancer un ultimatum et s’en débarrasser comme on le ferait d’un vulgaire voleur d’âne. Sauf qu’ici, nous sommes en face d’un prédateur de la démocratie. Blanc bonnet, bonnet blanc ?
Par Wakat Séra