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Assainissement: SaniEst, un motif de « satisfaction » dans la Gnagna

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Georges Ziba, chef de service assainissement à la direction régionale de l'eau et assainissement dans la région de l'Est Ph. Daouda ZONGO @wakatsera.com

Après plus de trois ans de mise en œuvre dans la Gnagan (Est burkinabè), le projet SaniEst qui a contribué à augmenter le taux d’accès à l’assainissement dans la localité, donne un motif de « satisfaction » pour la région, selon Georges Ziba, chef de service assainissement de la direction régionale en charge de ce secteur, lors d’un entretien à Wakat Séra.

Quel est l’état de l’assainissement dans la région de l’Est ?

Quand on parle d’état ici, nous voyons la situation d’une manière générale, tout ce qui est de l’accès à un assainissement adéquat des populations. Pour le moment nous n’avons pas les données de l’année 2017 car les travaux de recensement étant toujours en cours. Mais pour ce qui est de 2016, le taux d’accès à l’assainissement dans la région de l’Est est de 10,47%. On peut dire qu’il y a de quoi être satisfait.

Satisfaction parce que quand on repart en 2010, la période de la première enquête nationale sur l’assainissement, l’association des références montrait que le taux d’accès à l’assainissement dans la région était de 0,8%. C’est un motif de satisfaction même si des efforts restent à faire.

Cela peine un peu aussi car le taux de 10,47% est très loin des objectifs fixés par la nouvelle politique nationale en matière d’assainissement qui est que d’ici 2030 on atteigne quand même un taux de 100%.

Cela fait plus de trois ans qu’un projet dénommé SaniEst est implanté dans votre région, vous avez eu l’occasion de voir ses réalisations sur le terrain, quel constat faites-vous après vos visites des villages concernés par le projet ?

Effectivement pour ce qui est du projet SaniEst, en tant que responsable du service assainissement, il y a des motifs de satisfaction. Nous devons reconnaitre que les résultats auxquels le projet est parvenu, sont satisfaisants. Dès le départ du projet, nous en tant que Direction régionale de l’Eau et de l’Assainissement, avons été une partie prenante de ses activités. Les responsables du projet nous ont étroitement associés à tout ce qu’ils faisaient sur le terrain. Nous les avons guidés et conseillés parce que nous attendions de la part des partenaires, en tant que structure technique déconcentrée de l’Etat, c’est qu’ils s’alignent sur ce que la politique nationale dicte en matière de normes pour ce qui est de l’assainissement.

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On a souvent des difficultés avec certains partenaires qui du haut de leur projet et de leurs moyens, viennent sur le terrain et décident des réalisations comme ils veulent. Quand c’est comme ça nous ne pouvons pas accepter ces réalisations. Alors que SaniEst particulièrement nous a beaucoup associés à son projet.

En termes de capitalisation, en trois années d’existence du projet, il y a eu plus de 15 000 latrines réalisées, 3 200 douches-puisards, et tous ces ouvrages répondent aux normes que la Politique nationale dicte en matière d’assainissement. Pour dire que nous comptabilisons les ouvrages que le projet réalise et nous capitalisons tout cela. C’est tout ça qui a contribué à ce que le taux d’accès à l’assainissement dans la région ait atteint le pourcentage de 10,47%.

L’un des axes du projet est la sensibilisation, est-ce qu’à ce jour on peut dire que la mentalité des populations a changé ?

Rien qu’hier (vendredi 27 octobre 2017 NDLR), je plaisantais avec les autorités communales de la province de la Gnagna. Je disais qu’il est grand temps que le projet SaniEst songe à intervenir dans d’autres provinces de la région, parce que nous estimons que le travail qui a été fait ici par le projet est un travail colossal. Nous saluons encore une fois de plus toutes les interventions que le projet a eu à mener. Nous en tant que structure technique déconcentrée de l’Etat, ce qui nous manque souvent dans ces genres d’intervention et ce que nous n’arrivons pas à faire à 100%, ce sont les activités qui doivent impacter les changements de comportement des populations. Vous constaterez que SaniEst a beaucoup maximisé sur cet aspect. Aujourd’hui quel que soit le projet qui va venir dans la Gnagna après SaniEst pour faire des réalisations dans le domaine d’assainissement, nous sommes sûrs que ce sera un projet qui va prendre à tous les coups parce que les populations sont imprégnées, elles ont été largement sensibilisées. Elles connaissement les comportements à adopter, les normes et les règles d’hygiène. Elles connaissent l’importance d’une latrine. Ce qui reste à faire c’est de les accompagner pour que tous les ménages aient leurs latrines, sinon pour ce qui est du changement de comportement, nous pensons que les objectifs sont atteints. La population est suffisamment sensibilisée.

Quel appel avez-vous à lancer à la population de la Gnagna?

L’appel que j’ai à lancer à la population de la Gnagna, c’est que si nous devons encore demander que le projet SaniEst fasse une troisième phase ici dans les mêmes communes, c’est comme si le projet n’avait pas réussi. C’est pour ça j’ai demandé qu’au cas où le projet va revenir, qu’il revienne sous une autre forme. Cela parce que les aspects de sensibilisation et de maitrise des questions liées aux latrines de SaniEst ont été vraiment compris par les populations. On va réfléchir sur autre chose, car l’assainissement c’est tout un ensemble, tout cela pour relever les taux d’accès des provinces.

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Beaucoup de villages ont été déclarés FDAL (Fin de défécation à l’air libre). Il faut que les populations maintiennent le cap. Le projet n’a peut-être pas eu le temps de les accompagner jusqu’à la certification, puisqu’après ce stade de FDAL, il y a une phase d’observation qui dure entre trois et six mois à l’issue de laquelle on peut venir certifier que les villages ont atteint les limites qu’il faut en matière de fin de défécation à l’air libre. L’appel, c’est que les populations continuent à observer les normes d’hygiène et d’assainissement que le projet a eu à les inculquer. C’est de continuer dans ce sens-là.

Au cours de la mise en œuvre du projet, on a constaté qu’il y a eu des gens qui ont réalisé des latrines sur leur propre initiative. Il faut aussi que ces genres d’actes perdurent parce que pour des questions sensibles liées à l’hygiène et à l’assainissement, nous n’avons pas forcément besoin qu’à chaque fois quelqu’un vienne nous dire ce qu’on doit faire. Si le message est passé, nous les invitons à nous montrer que le message est passé en réalisant eux-mêmes leurs propres latrines et en adoptant les bonnes pratiques en matière d’assainissement.

Par Daouda ZONGO