Les étudiants de l’Institut des Sciences (IDS) du Burkina, ont été édifiés par l’histoire des griots de l’empire Nikki du Bénin qui leur a été racontée, à la cité universitaire de l’établissement, le vendredi 10 mai 2024, à travers un film documentaire en compétition à la sixième édition du Festival des identités culturelles (Festic). Le court-métrage « Tresseurs de mémoires » a renseigné les étudiants sur le rôle et la place des griots dans l’ancien empire de Dahomey.
Les griots sont les gardiens des histoires notamment des grands empires africains. Les étudiants de la cité universitaire de l’Institut des Sciences (IDS) à Ouagadougou, ont été surpris de savoir qu’on retrouve aussi des griots dans certains pays côtiers dont le Bénin, alors que cette société est plus connue dans les pays comme le Niger, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal, la Guinée.
En effet, « Tresseurs de mémoire » est un film documentaire, un court-métrage de 26 minutes de la réalisatrice béninoise, Laurette Yepkon, étudiante en journalisme qui fait ses premiers pas dans le cinéma. A la faveur de la sixième édition du Festival des identités culturelles (Festic) initié par le Cinema Numérique Ambulant (CNA) dont l’objectif est de mettre en lumière les richesses culturelles africaines en vue de rapprocher davantage les peuples africains à travers leur diversité, des projections cinématographiques ont été organisées à la cité des étudiants, qui sont en majorité, venue de la diaspora.
« Ce film documentaire en compétition au Festic traite du rôle et de la place des griots. Je l’ai réalisé pour dire que les griots sont les gardiens de l’histoire qu’ils perpétuent et la transmettent de génération en génération », a affirmé la jeune réalisatrice béninoise qui a précisé que son court-métrage traite spécifiquement des griots de l’empire de Nikki du Bénin, une tribu qu’on retrouve dans la zone de Parakou.
Elle a trouvé que le public de la cité de l’IDS était « formidable » parce que les étudiants étaient concentrés à suivre les films. « Ça ne bavardait pas. Et les discussions à la fin étaient très intenses, on sent qu’ils en avaient vraiment envie de ces genres de films », a signifié Laurette Yekpon. « C’est ma toute première fois au Burkina Faso et c’est un véritable plaisir pour moi car ça a été un rêve de venir ici », a-t-elle lancé, sourire aux lèvres tout en espérant que son film va remporter un prix.
« Il y a des griots qui sont riches que certains rois de par leur lignée »
« Un griot n’est pas un mendiant. Le mendiant peut tenter de vouloir devenir griot mais il n’arrivera pas. Les griots constituent une richesse pour notre société. Il y a des griots qui sont riches que certains rois de par leur lignée », s’est défendue dans le film, une griotte qui a noté que c’est plus difficile pour une griotte de s’affirmer à cause de la féodalité.
Pour elle, les griots ne louent pas les hommes seulement à cause de l’argent. « C’est pour perpétuer nos histoires, nos traditions. Grâce aux griots, le Prince s’aura comment s’y prendre face à une situation donnée quand il va devenir grand. Il connaîtra sa place. Les griots jouent aussi le rôle de conseillers des rois et des princes », a-t-elle affirmé, soulignant que sa lignée prend source depuis le Niger.
« Le repli identitaire est un frein à la construction de la paix »
Clovis Yao, chef de l’équipe de diffusion de cette cité, dit avoir, durant les trois jours de diffusions de films, trouvé un public « passionné des films » pendant les trois soirées. « Ils étaient curieux lors des échanges après la projection des films. Ils échangent aussi sur le thème car nous pensons que le repli identitaire est un frein à la construction de la paix. Donc, partager ou découvrir les différentes identités culturelles africaines permet de construire le pont de la réconciliation », a-t-il dit.
Le Burkina traverse actuellement des moments très difficiles et souvent, « l’on voit dans l’autre qu’on ne connait pas, quelqu’un qui menace notre sécurité alors qu’en permettant aux uns et aux autres de découvrir les parties culturelles des différentes communautés du Faso, ça permet de construire la paix chère à ce pays », a-t-il soutenu, précisant que c’est au total 12 films documentaires et de fiction à raison de quatre par soirée qui ont été diffusés.
Le porte-parole du comité de gestion des étudiants dans la cité universitaire, délégué adjoint de la cité, Abdoul-Kader Balboné, a apprécié positivement les projections. Il a souhaité que pour les prochaines fois, que le CNA mette l’accent sur les identités culturelles burkinabè que bon nombre d’entre eux qui sont venus de la diaspora voudraient découvrir.
« On a pu suivre des films de différents pays qui nous permettent de connaître leurs réalités et nos réalités. Cela nous amène à comprendre que le monde est un village planétaire. Les cultures dans leurs diversités se ressemblent. Donc je pense que c’est à nous de prendre ce qu’on n’a pas mais qui est bien pour améliorer notre existence pour mieux s’épanouir », a réagi Yacouba Yaméogo, ajoutant que ces projections ont permis aux résidants et non résidants de la cité de se connaître davantage.
Par Bernard BOUGOUM