Accueil Editorial RDC: Joseph Kabila comme Mobutu?

RDC: Joseph Kabila comme Mobutu?

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Photo d'illustration

Enfin les élections en République démocratique du Congo?  On pourrait répondre par l’affirmative et même pousser un ouf de soulagement, si les différents acteurs politiques n’étaient aussi d’accord sur leurs désaccords et si la mauvaise foi n’était devenue le sport national en vogue actuellement en RDC. En tout cas, la publication d’un agenda très élaboré, avec des dates précises de toutes les opérations dont le point d’orgue est la tenue, le 23 décembre 2018, du triple scrutin de la présidentielle, des législatives et des provinciales ne rencontre pas le même accueil. Sorti tout chaud du laboratoire de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le calendrier a été aussitôt rejeté par l’opposition. Emmené par son leader, Félix Tshisekedi, le fils de l’autre, le Rassemblement de l’opposition va même plus loin, car il ne reconnaît plus tout simplement «ni le gouvernement, ni la Céni», les géniteurs de cet almanach électoral accouché, sous haute surveillance militaire, avec plus d’un an de retard et hors délai de l’accord politique de la Saint-Sylvestre. Même les propos comme prémonitoires du président de la Céni, Corneille Naanga qui appelait «à éviter toute mauvaise réaction» à l’annonce du calendrier querellé, n’ont fait qu’exacerber la colère de l’opposition qui affirme par ailleurs que le peuple ne l’acceptera pas.

Ainsi, les nuits blanches sont loin de se conjuguer au passé pour Joseph Kabila à qui la Céni pensait offrir au moins un an encore de présidence et plus si affinité, alors que son second, et donc dernier, mandat  aux termes de la Constitution de son pays, avait expiré le 20 décembre 2016. Si jusque-là, usant de ruses, de toutes sortes de subterfuges et de répressions sanglantes de manifestations de l’opposition, Joseph Kabila a pu jouer les prolongations, notamment avec la complicité active d’une Céni aux ordres, il faut dire que la pression internationale, notamment la dernière visite de l’Américaine Nikki Haley en RDC, lui a été fatale. La Céni, n’a eu d’autre choix que de sortir, comme par magie, la date du 23 décembre 2018 pour organiser ces élections, alors que dans un passé très récent, la même commission écartait toute possibilité de leur tenue. Mieux, l’espoir est même permis pour les Congolais de l’étranger d’exprimer leur choix à travers les urnes alors que toute les actions du pouvoir et de «sa» Céni allaient dans le sens opposé. Joseph Kabila tiendra-t-il cette fois-ci parole, lui qui a toujours su rouler la classe politique dans la farine, multipliant les pirouettes et allant jusqu’à encourager un climat de violence et d’insécurité dans son propre pays pour s’en déclarer le seul à pouvoir éteindre le feu? Rien n’est moins sûr, la Céni réclamant déjà de nouveaux moyens logistiques, humains, et financiers.

En tout cas, si la communauté internationale vient de donner du répit à Joseph Kabila, l’opposition congolaise, elle, ne lâche rien. Le départ de Kabila, hic et nunc semble être, pour les opposants, la seule aiguille pour dénouer l’écheveau socio-politique qui paralyse la RDC depuis presque deux années. 2017 doit être le terminus pour Joseph Kabila, à en croire l’opposition qui, on se demande si elle acceptera finalement ce cadeau de la communauté international à Joseph Kabila et de prendre son mal en patience pour le faire partir par les urnes. Une chose est certaine, le ver est déjà dans le fruit et le président de ce pays à la taille d’un continent et au sous-sol d’une richesse qui aiguise tant d’appétits, aura un mandat supplémentaire très mouvementé. Président depuis 2001, suite à l’assassinat de son père, le plus jeune chef de l’Etat de l’histoire du Zaïre devenu RDC, a-t-il trouvé la formule pour se «mobutuiser» au pouvoir? L’avenir, l’opposition et le peuple congolais nous le dirons.

Par Wakat Séra