Cyril Ramaphosa restera donc président de l’Afrique du sud. Mais à quels prix! La politique étant le terrain de tous les possibles, l’ANC a dû se mettre en union avec l’Alliance démocratique le parti Inkhata zoulou, pour arracher la majorité absolue à la suite de son score catastrophique aux dernières législatives.
Certes, par ce ménage à trois couches, que ses adversaires qualifient de contre-nature, le parti de Nelson Mandela a refait main basse sur le fauteuil présidentiel au profit de son leader. Mais il est contraint de partager le pouvoir avec l’opposition, par le biais d’un gouvernement d’ouverture et de concéder une assise importante à l’Alliance démocratique au sein du Parlement. Un partage du pouvoir qui ne sera pas sans poser des soucis sur des questions vitales, notamment celles d’ordre social et budgétaire. Les intérêts de l’ANC qui privilégiera la question de la promotion des Noirs ne seront certainement pas ceux de l’Alliance démocratique qui s’arc-boutera au volet économique, logiquement à cheval sur sa ligne de parti libéral.
De même, que ce soit l’ANC, ou l’Inkhata Freedom Party, parti traditionnaliste zoulou, qui axe son combat sur le séparatisme territorial et donc sur les intérêts de la communauté zoulou, ou encore l’Alliance démocratique, ces trois partis ont toujours été, en forte opposition sur les terrain politique. Sans doute que ces plaies ne se sont pas totalement cicatrisées et pourraient même se rouvrir au moindre désaccord. Pourtant, ce ménage à trois, ne sera guère épargné par les frictions, surtout qu’au sein de l’ANC même, les divergences et batailles de clans sont fréquentes. La guerre fratricide fera davantage rage, le MK de l’ancien président sud-africain, Jacob Zuma et son allié de circonstance, l’EFF de Julius Malema, ayant promis l’enfer à l’ANC à qui ils reprochent d’avoir vendu l’âme du parti en s’alliant avec l’Alliance démocratique. C’est dire combien le bateau battant pavillon ANC-Alliance démocratique-IFP sera confronté aux vents contraires.
Le parlement risque de se transformer en volcan où le feu va couver en permanence, ou en arène où les gladiateurs ne se priveront d’aucun coup. Et c’est toute l’Afrique du sud, déjà confrontée à une forte criminalité, qui est, actuellement, hantée par la phobie des heures sombres des affrontements qui ont émaillé la période où la ségrégation raciale battait son plein. En tout cas, entre les affaires de corruption et les affrontements entre anciens camarades de parti, les héritiers de Nelson Mandela continuent de vendanger les acquis de la lutte contre l’apartheid et surtout les efforts de rassembleur du père de la nation arc-en-ciel. A ce rythme, l’ANC, ne tiendra pas bien longtemps à la disparition de «Madiba»!
Par Wakat Séra