Pour Alassane Ouattara, tout va pour le mieux dans la meilleure des Côte d’Ivoire possibles, en témoigne son discours sur l’état de la nation de ce mardi. Devant le Parlement, le président de la république s’est contenté de distribuer les bons points aux différents départements de son gouvernement. En chef de famille qui sait se montrer soucieux du bien-être des siens, le PRADO est passé et repassé sur les prouesses réalisées par la Côte d’Ivoire, tant en matière d’éducation, d’infrastructures, de santé que d’agriculture. Le sport n’a, d’ailleurs, pas échappé à la loupe du président qui a soulevé trois coupes d’Afrique des Nations de football, dont la dernière gagnée dans une compétition organisée et réussie par la Côte d’Ivoire, en début d’année.
En économie, les planètes, à en croire l’hôte du jour des députés et des sénateurs en congrès, sont alignées pour la Côte d’Ivoire qui, en plus de «maîtriser» sa dette, attend «un taux de croissance économique qui devrait s’établir en moyenne à environ 7% ou plus par an sur la période 2024-2025». Un bilan positif à tout point de vue, dressé par Alassane Ouattara, mais qui contraste sur toute la ligne avec l’appréciation d’une opposition ivoirienne pour qui les populations, le quotidien est de misère et l’avenir sombre. Comme quoi, alors que le chef de l’Etat voit le verre plein, ses opposants le voit désespérément vide. Ces derniers ont été déçus de n’avoir pas entendu, le président de la république esquisser la moindre piste de solution contre la vie chère, le chômage et le manque d’emploi, et la pauvreté.
Question à deux boules d’attiéké: que pensent les victimes des dernières inondations meurtrières et les déguerpis de Yopougon Gesco, de Boribanan, de Banco, de Mossikro, pour ne citer que ces quartiers contre lesquels a été lancée l’armée impitoyable des bulldozers d’Ibrahim Cissé Bacongo, le nouveau gouverneur du District autonome d’Abidjan, de ce bilan flatteur du «tout va bien dressé par Alassane Ouattara? Certainement que si l’occasion leur avait été donnée, ils auraient donné, tout comme ces nombreuses femmes qui pleurent à longueur de journée sur le prix devenu exorbitant du simple piment au marché, une réplique bien cinglante au «père de la nation» qui, contrairement à eux, voit la vie en rose.
Et ils doivent encore prendre leur mal en patience, ceux qui s’attendaient à ce qu’Alassane Ouattara confirme ou infirme les intentions des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont il est le «candidat naturel» pour la présidentielle de 2025. Alassane Ouattara est demeuré muet comme une carpe sur le sujet. Pourtant, la question passionne aujourd’hui une Côte d’Ivoire qui connaît déjà un candidat déclaré, qui n’est autre que le prédécesseur d’Alassane Ouattara et président du Parti des peuples africains (PPA-CI). Sauf que, Laurent Gbagbo, pour ne pas le citer, est absent des listes électorales parce qu’inéligible suite à sa condamnation, par la justice de son pays, à 20 ans de prison dans l’affaire dite du «casse» de la BCEAO en 2011, en pleine crise post-électorale. L’ancien client de la Cour pénale internationale, a été gracié, mais pas amnistié, par son meilleur ennemi, Alassane Ouattara.
En tout cas, même en l’absence du troisième dinosaure politique, Henri Konan Bédié, emporté par la mort, le débat autour de la prochaine élection présidentielle est prometteur. Surtout avec l’entrée en scène prévue du nouveau président du PDCI, le fringant Tidjane Thiam, dont la côte de popularité n’arrête pas de grimper. Alassane Ouattara dont on ignore, pour l’instant, les ambitions de se succéder à lui-même en 2025, gardera-t-il encore le suspense pour longtemps? Ira-t-il au quatrième mandat? «Ce sera la prochaine fois», avait répondu, le président, ce mardi, à tous les «déçus» qui l’ont attendu, en vain, sur ce terrain!
Par Wakat Séra