Après l’annulation du passage de l’ex-ministre burkinabè en charge de la Culture, Tahirou Barry, qui était l’invité de l’émission dominicale «Sur la brèche», de la Radio et Télévision du Burkina (RTB), une note de la rédaction de la télévision publique condamne avec fermeté «cette immixtion inacceptable qui porte atteinte à la liberté d’informer».
«Suite à la polémique née du rendez-vous manqué de l’émission «Sur la Brèche» du dimanche 5 novembre 2017, avec pour invité Monsieur Tahirou Barry, ministre démissionnaire, la Rédaction de la Télé apporte cet éclairage. Au moment où l’animateur, Jérémi Sié Koulibaly réglait les derniers détails de l’émission sous la coordination du Rédacteur-en-chef Jean-Emmanuel Ouédraogo, il a été interpellé par le directeur de la télévision, Monsieur Yakouba Bonkoungou pour lui signifier l’impossibilité de recevoir son invité», lit-on dans la note.
«La rédaction condamne cette immixtion inacceptable qui porte atteinte à la liberté d’informer, au principe de service public qui garantit aux citoyens l’accès équitable aux médias publics et expose les journalistes à la vindicte populaire, en dépit des saccages que les locaux de la RTB ont subis en octobre 2014», indique le communiqué.
Selon le document, «à l’issue d’une rencontre tenue (mardi) entre les journalistes de la rédaction et la hiérarchie, le directeur de la télévision, Monsieur Yakouba Bonkoungou a avoué avoir reçu des injonctions du ministre de la Communication, Monsieur Rémis Fulgance Dandjinou de ne pas recevoir Monsieur Tahirou Barry pour les raisons suivantes: la prise de fonction du nouveau ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme; l’interview que le Président du Faso (Roch Marc Christian Kaboré) devait accorder à TV5 et la situation nationale».
La note précise que toutes ces actions ont été menées «à l’insu de la Directrice générale de la RTB, Mme Danielle Bougaïré». Le même texte indique que les «journalistes de la télévision prennent l’opinion publique à témoin et invitent les autorités politiques au respect strict de la liberté de presse et du principe de service public comme cela est inscrit dans les statuts de la RTB».
Mardi, dans la matinée, le journaliste de la RTB, Zoubaviel David Dabiré, avait posté sur sa page facebook qu’«il apparaît évident aux yeux de tous que depuis hier, la RTB vit une censure, une atteinte grave à la liberté d’expression et si vous voulez une immixtion dans le traitement de l’information».
M. Dabiré qui est par ailleurs le commissaire aux comptes de l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), avait clairement prévenu que «si le fait est imputable à certains responsables qui n’ont de vision que la sauvegarde de leurs postes, les Reporters de la Télé (ceux qui prennent la mesure de leurs responsabilités), ne sauraient cautionner cette forfaiture au risque de se discréditer et de favoriser le retour des vieux démons».
A la cérémonie d’installation du nouveau ministre de la Culture, Issouf Sawadogo, lundi dernier, Tahirou Barry, qui avait souhaité bon vent à son successeur, avait déclaré à la presse ce qui suit: «Je ne sais pas quelles sont les raisons qui ont guidé la non tenue de cette émission mais si c’est la vérité qu’on veut assassiner, qu’il(s) sachent qu’on ne peut pas cacher le soleil avec la main. Quelle que soit la puissance d’une personne et quels que soient les pouvoirs qui lui sont dévolus, cette personne ne pourra jamais empêcher la lumière du jour de s’étaler quelle que soit la profondeur de l’obscurité».
Par Mathias BAZIE