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Afrique du sud: que cherchait encore Jacob Zuma à l’ANC?

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Le divorce est officiellement consommé entre l'ANC et Jacob Zuma (Ph. d'archives)

Jacob Zuma officiellement exclu de l’ANC! Fallait-il s’en étonner, alors que l’ancien compagnon de lutte et de prison de Nelson Mandela, avait déjà créé son propre parti, qui est devenu la 3e force politique du pays, seulement six petits mois après avoir été porté sur les fonts baptismaux? Par cet acte qui a contraint la mythique formation politique de lutte contre l’apartheid à la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, et qui n’a pu sauver le fauteuil présidentiel que grâce à une alliance contre-nature avec son opposition, Jacob Zuma s’était auto-exclu d’office, lui qui est passé par toutes les sanctions possibles des siens, dont la suspension. Pour le peu d’honneur et de dignité qui lui restait, celui qui s’est abonné aux affaires et scandales de corruption, même s’il avait déclaré qu’il sera membre de l’ANC à vie, le fondateur du MK devait quitter, de lui-même, le parti qu’il a contribué, à détricoter. A moins de vouloir faire de l’ANC sa propriété privée, Jacob Zuma ne pouvait plus, logiquement se dire membre de cette famille politique. Car, l’on ne peut être sur un bateau et pointer son canon vers le même bateau!

Certes, Jacob Zuma dispose de trois semaines pour faire appel de sa décision d’exclusion prononcée par un comité disciplinaire de l’ANC. Mais, l’ancien prisonnier, capé de dix ans de séjour sur la tristement célèbre île de Robben Island, poussera-t-il le ridicule jusqu’à demander son maintien à l’ANC, tout en étant le leader du MK? Bien qu’étant un habitué des frasques, l’ancien président sud-africain, déjà destitué de ce poste sous la pression de la même ANC, s’évitera sans doute cette résistance humiliante pour lui et destructrice pour le parti cher aux acteurs de la lutte contre l’apartheid. Il est loin d’être un simple militant de base. Il a une stature de «baobab» au sein de l’ANC, et même de l’histoire de la lutte anti-apartheid. Mais, Jacob Zuma est également de ceux qui ont dilapidé l’héritage d’intégrité et de grand rassembleur, pour ne citer que ces vertus cultivées et léguées aux siens par Madiba. En tout cas, c’est, malheureusement, une fois de plus, l’occasion de regretter la mort du père de la Nation Arc-en-ciel, dont les successeurs détruisent, pierre par pierre, l’œuvre de construction d’une ANC forte à la tête d’une Afrique du Sud unifiée, ou réunifiée après la sombre parenthèse de la ségrégation raciale.

Question: l’ANC démunie du pouvoir économique et minée par les querelles intestines, les bagarres fratricides, et les intérêts égoïstes et très personnels de ses dirigeants, a-t-elle encore des chances, dans l’avenir, de demeurer aux affaires? Rien n’est moins sûr, si Cyril Ramaphosa et Cie, ne réaménagent pas leur marche. S’ils ne retrouvent pas la confiance de militants déçus par des leaders qui ne rêvent que d’ajouter des zéros à leurs comptes en banque et de se construire des résidences luxueuses, alors que le peuple, c’est-à-dire la majorité noire, continue de végéter dans la misère, le chômage, la criminalité, la drogue, le Sida, et l’incertitude du lendemain. Ce qui est certain, pour l’instant, l’ANC, va davantage vers le déclin, au lieu d’être un parti de l’espoir pour ses militants qui seront vite séduits par les promesses venant d’ailleurs, las de suivre un idéal qui a foutu le camp depuis longtemps, enterré avec Nelson Mandela! Le boulevard sera, s’il ne l’est déjà, ainsi ouvert pour l’Alliance démocratique, et, pourquoi pas, pour le MK de Jacob Zuma, et le parti des Combattants pour la liberté économique, l’EEF, du truculent Julius Malema.

L’ANC et Jacob Zuma, c’est donc bientôt fini, à moins d’un miracle qui prendrait la forme d’un retour volontaire, avec armes et bagages, du président du MK, dans les rangs.

Par Wakat Séra