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Nigeria: à quand la fin de la faim?

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La rue continue de manifester contre la mauvaise gouvernance au Nigeria (Ph. BBC)

«M. le président, sauvez-nous, nous mourons de faim». Le slogan n’a pas changé d’un iota, au jour 5 des manifestations contre la mauvaise gouvernance au Nigeria.

Les appels au calme et au dialogue lancés par Bola Tinubu sont tombés comme de l’eau versée sur le dos d’un canard. Même les tirs à balles réelles qui auraient fait plus de la dizaine de morts, encore moins les arrestations et le couvre-feu, dans certains Etats, n’ont aucun effet, sur les frondeurs. L’adage ne dit-il pas que «ventre affamé n’a point d’oreilles»? Jusqu’où ira cette protestation qui ne faiblit pas, la défiance se renforçant, à cause du déficit profond de confiance, entre le peuple et ses gouvernants? Le mouvement étant, jusque-là, sans leaders politiques ou syndicaux pouvant servir d’interfaces et surtout d’interlocuteurs entre les gouvernants et les manifestants, il faut, en toute logique, craindre que la chienlit s’installe, et même que des dérives incontrôlables enveniment la situation. Pour l’instant, l’inquiétude est réelle, surtout que le peuple, se dit à bout, contraint de serrer la ceinture jusqu’au dernier cran, en pointant du doigt les «travailleurs du gouvernement» qui nagent dans une opulence insultante. Deux mondes, différents comme le jour et la nuit, qui seront, sans aucun doute, difficiles à rabibocher, les premiers quémandant le pain quotidien, alors que les seconds s’accrochent à un train de vie qu’ils ne méritent pas forcément.

La lutte contre l’arrêt des subventions sur les carburants, le combat contre l’augmentation vertigineuse des prix des transports, de l’électricité et des produits alimentaires de première nécessité et contre la mauvaise gouvernance, même s’ils ne sont pas fatals au président Bola Tinubu, ils n’en seront pas moins pour lui, une épreuve qu’il ne traversera pas sans perdre des plumes. L’autorité de l’ancien gouverneur de Lagos, est déjà bien mise à mal, dans ce baptême du feu, au propre, tout comme son pouvoir bien contesté commence à emmagasiner trop de cadavres, en moins de deux années de vie. C’est certain, si ce n’est lui, personne d’autre ne répondra de la port et des arrestations de tous ses manifestants à mains nues, qui, pourtant, ne réclamait qu’un peu de pain et des conditions de vie plus décentes. Le président nigérian devra passer, encore, bien des nuits blanches, lui qui doit faire face, en plus de ce qui prend des allures d’émeutes de la faim, aux enlèvements en masse et tueries de «Boko Haram, sans oublier les problèmes auxquels est confronté la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, une CEDEAO présidée par un certain…Bola Tinubu, et qui a subi une cure d’amaigrissement forcée, avec le départ de trois de ses membres, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui se sont constitués en Alliance des Etats du Sahel (AES).

En tout cas, la rue ne désemplit pas à Abuja, Kano, Kaduna et Lagos, pour ne citer que ces villes en proie aux manifestations. Si le mouvement qui s’organise sur les réseaux sociaux continue de prendre cette ampleur, dont il se serait volontiers passé, pour avoir le temps de renforcer le poids économique et militaire du Nigeria dans la sous-région, mais surtout pour pacifier les zones du pays où règne une insécurité endémique, Bola Tinubu risque d’y jouer son avenir de président.

Vivement la fin de la faim pour le peuple nigérian!

Par Wakat Séra