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Dédougou/Université Daniel Ouezzin Coulibaly: l’ANEB condamne « la répression des étudiants »

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Une infrastructure de l'UDOC

La section de Dédougou de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), a condamné « la violation des franchises et libertés académiques et la répression des étudiants » à l’université Daniel Ouezzin Coulibaly (UDOC), dans une déclaration transmise à Wakat Séra, ce vendredi 9 août 2024.

Déclaration sur la situation à l’université Daniel Ouezzin Coulibaly (UDOC)

« Dans la matinée du jeudi 1er août 2024, l’UDOC a été investi par une armada de CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité) qui n’a pas tardé avec zèle à gazer les étudiants. Le bilan de cette barbarie fait état de trois (03) étudiants blessés et trois autres arrêtés qui seront libérés par la suite. Comment sommes-nous arrivés à cette situation ?

Tout est parti du fameux projet du ministère de l’Enseignement supérieur de résorber le retard dans les universités publiques. En déclinant cette stratégie inique de résorption, il a été imposé la confiscation des deux mois de vacances. Or, depuis le début de l’année académique 2023-2024, les étudiants de l’UDOC ont consenti à leur corps défendant de nombreux sacrifices pour rattraper le retard. A cet effet, les cours ont été programmés du lundi au dimanche, de 7h à 21h, les jours fériés et même pendant les congés. Pour autant le retard n’a pas été résorbé. Une preuve que les causes du retard sont à rechercher ailleurs, notamment dans l’application aventuriste du système LMD, le manque d’enseignants et d’infrastructures, etc. Les étudiants de l’UDOC ayant eu vent de ce projet auquel ils n’adhèrent pas ont interrogé la présidence de l’université sur la confiscation de leur vacance.

En réponse, le Président de l’UDOC disait qu’il s’agissait d’une rumeur et promettait de discuter éventuellement avec les représentants des étudiants en cas de possibilité de cours. A la surprise générale des étudiants, une note signée par le Vice-président chargé des Enseignements et de l’innovation pédagogique, a été publiée annonçant les cours pendant les vacances sans aucune concertation préalable avec les représentants des étudiants. Mieux, le 31 juillet, le président de l’université a entrepris une campagne d’intimidation à travers des passages dans les promotions de licence 3 en Sciences biologiques (SB) et en Lettres modernes (LM) pour obliger les étudiants d’accepter les cours pendant les vacances. En réaction à cette campagne, le 1er août, les étudiants ont observé un mouvement d’humeur pour dénoncer la confiscation de leurs vacances.

Et c’est depuis lors que l’université est prise en otage par un nombre impressionnant de cargos de CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité), qui affirment avoir reçu carte blanche de nos autorités universitaires pour mater les étudiants. En plus des intimidations et en complicité avec certains étudiants indics et fantoches, la présidence a procédé à des convocations individuelles d’étudiants. Parallèlement, des menaces d’enlèvement sont proférées à l’endroit des responsables de notre organisation, une liste dont figure le président de l’ANEB/Dédougou aurait été dressée à cet effet. Le samedi 3 août, de connivence avec des délégués de la promotion de SB P21, une rencontre de la promotion a été convoquée à l’ancien site avec pour motif, la réévaluation de la situation suite aux événements précédents.

Cette rencontre a permis au président de l’université de faire une descente musclée pour intimider une fois de plus les étudiants. Cependant, la promotion de SB L2 P22 qui souhaitait organiser également une rencontre le même jour à l’ancien site, s’est vu refuser l’accès du site de l’université, les contraignant à tenir leur réunion à un autre endroit dans la ville. Lors de cette rencontre, un élément de la CRS en uniforme a débarqué et filmé les visages de certains étudiants présents. Est-il bon de rappeler que cette imposition des cours se tient à un moment où les étudiants doivent préparer la composition des concours de la fonction publique.

L’analyse du comportement des autorités et les mesures proposées pour la résorption des retards montrent que le projet est loin de normaliser les années académiques. Tous les universitaires sérieux et honnêtes sont conscients que derrière cette mesure se cache une volonté réelle de chasser les étudiants de l’université. Il est illusoire de vouloir rattraper le retard en faisant fi de ses causes. Dans le fond, il s’agit d’une mesure sournoise pour satisfaire les institutions impérialistes de Bretton Woods que sont la Banque Mondiale et le FMI. Elles qui n’ont jamais fait mystère de leur plan de chasser en masse les étudiants de nos universités publiques depuis l’imposition des Programmes d’ajustements structurels (PAS) dans les années 1990. Au regard de la mise en œuvre de ces politiques liées aux PAS notre université souffre par exemple d’un manque criard d’infrastructures (citée universitaire, amphithéâtre, etc.). Ainsi, l’UDOC manque de salles pour réaliser les activités académiques au point qu’on retrouve des groupes de travaux dirigés (TD) de plus 800 étudiants. […]

Nous tenons à féliciter les promotions et les camarades, qui, malgré l’arbitraire, tiennent sur des positions de lutte. Il est inadmissible d’accepter la confiscation de nos vacances pour soit disant résorber le retard pendant que l’administration de l’UFR-LSH par exemple est dans l’incapacité depuis cinq (05) mois de délivrer des relevés de notes aux étudiants et finaliser des listes définitives des promotions.

L’ANEB/Dédougou condamne la violation des franchises et libertés académiques et la répression des étudiants par les autorités universitaires […]. Elle dénonce le zèle de certains éléments des FDS qui ont trouvé dans la répression des étudiants aux mains nues l’occasion pour bander leurs muscles qui auraient été plus utiles face aux terroristes qui sèment la horde et la désolation à quelques kilomètres de la ville de Dédougou. Quant aux étudiants fantoches, indics qui ont pris position pour le camp des autorités au détriment de leurs intérêts d’étudiants et ceux de leurs camarades, ils seront dénoncés publiquement et rendront compte de leur traîtrise à leurs camarades au moment opportun.

Le Comité Exécutif invite les étudiants à poursuivre la résistance en refusant de faire les cours pendant les vacances. Il appelle à la solidarité à l’endroit des camarades blessés et leur souhaite prompt rétablissement.

Vive l’UGEB !

 Vive l’ANEB Dédougou !

 Pain et liberté pour le Peuple.

 Le Comité Exécutif