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Chine-Afrique: quand Pékin fait courir les Africains!

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Quand Pékin fait courir les Africains

Ils ont tous, ou presque tous, répondu, une fois de plus, au tocsin sonné par Pékin, à l’occasion de la 9e rencontre du Forum de la coopération Chine–Afrique (Focac). Les dirigeants africains, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, qui, pour la plupart, ne se mobilisaient de la sorte que sur les bords de la Seine, lors des sommets entre la France et le continent noir, sont désormais, davantage attirés par l’ombre de la Grande muraille de Chine. Preuve s’il en fallait encore de la percée jaune sur le continent noir où les Occidentaux perdent de plus en plus du terrain. Les nouveaux contrats, prêts et investissements, y semblent plus juteux, les conditionnalités étant plus faciles, voire inexistantes. Déjà, le critère, trop contraignant pour les Africains, de la démocratie et du respect des droits de l’homme, s’efface pour laisser toute la place à la «non ingérence» dans leurs affaires intérieures.

En plus des infrastructures comme, la construction des routes, de chemin de fer, de complexes sportifs, de ports et d’hôpitaux, réalisée pour les Etats, dans la plupart des cas, sans aucun partage d’expertise, les commerçants africains sont conquis, aujourd’hui par les produits chinois, réputés pour leur coût moindre. Car, entre la qualité et la quantité, le choix des consommateurs sous les tropiques est vite fait. Bien entendu, le marché chinois n’offre pas que des «chinetoques», mais, la logique du «moins cher», l’emportant toujours sur toutes les autres options pour des Africains lambda à la bourse faible, les produits chinois sont les mieux prisés en Afrique.

Ainsi, ce sommet sera l’occasion pour Xi Jinping et ses partenaires africains, de renforcer leur coopération et, si affinités, d’ouvrir de nouveaux chantiers. Dans cette logique, les pays de l’Afrique de l’ouest, et plus particulièrement du Sahel, acculés par les terroristes qui leur imposent une guerre asymétrique qui endeuille constamment les populations civiles et les forces de défense et de sécurité, devraient saisir cette opportunité pour plaider, auprès de Pékin, d’être dotés de moyens militaires, d’assistance technologique de pointe, et autre logistique, pour leurs armées et leur service de renseignement. Même si c’est la coopération économique qui sera principalement au menu de ce sommet. Une réunion, il ne faut pas se leurrer, qui servira davantage, in fine, à la Chine qu’à l’Afrique.

Toujours courtisée par les grandes puissances pour ses ressources naturelles, l’Afrique n’a jamais su négocier, à son profit, des partenariats pourtant qualifiés de «gagnant-gagnant». Véritable pays continent, la Chine forte de près d’1,5 milliard d’habitants, qui a placé l’Afrique comme priorité dans son action diplomatique, multiplie les efforts pour renforcer son implantation sur le continent africain, n’hésitant pas à offrir de nouveaux prêts, des rééchelonnements et annulations de dettes. Habitués à tendre la sébile et engoncés dans leur position de consommateurs à sans limite d’importations, les Africains qui sont restés à quai en matière d’industrialisation et de transformation de leurs matières premières sur place, continuent de crouler sous le poids des dettes et des dons qui n’ont jamais servi à leur développement.

Qu’ils s’appellent, Chine, France, Russie, Inde, Turquie ou Etats-Unis, pour ne citer que ceux-ci, aucune puissance ne servira à d’autres, le développement sur un plateau d’or! Elles n’oeuvrent que pour leurs propres intérêts. Et tant que ces «puissants» de l’économie mondiale peuvent l’asservir pour en tirer le meilleur profit, l’Afrique noire restera celle de René Dumont, pour qui elle «est mal partie». Du reste, l’Afrique noire, pour qui, même le coût des productions et des matières premières est fixé ailleurs, est-elle-même partie? Question à laquelle les sommets France-Afrique, Chine-Afrique, Russie-Afrique, Turquie-Afrique, etc., qui s’enfilent, dans un chapelet interminable, n’ont jamais pu répondre. Car, comme le disait l’historien et politique burkinabè, Feu le Professeur Joseph Ki-Zerbo, «on ne développe pas, on se développe».

Par Wakat Séra