C’est avec beaucoup de regret que les Burkinabè ont vécu l’annonce de la disparition de l’ancien Premier ministre et ministre, Youssouf Ouédraogo, le matin du samedi 18 novembre 2017 à Abidjan en Côte d’Ivoire. L’homme qui jusqu’à sa mort occupait le poste de conseiller spécial auprès du président de la Banque africaine de développement (BAD) fût un véritable commis de l’Etat. Au Burkina Faso, son pays auquel il a consacré presque toute sa vie, Youssouf Ouédraogo a laissé des souvenirs d’un grand travailleur et tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin, ont salué la mémoire d’un «homme multidimensionnel». Né le 25 décembre 1952 à Tikaré, dans la région du centre-nord du Burkina, le défunt a marqué la vie socio-politique burkinabè de son empreinte, que ce soit sous la Révolution, la Rectification ou dans le processus démocratique.
La rédaction de Wakat Séra présente ses condoléances à la famille du disparu.
Par Wakat Séra
Encadré : L’homme multidimensionnel
Biographie
Carrière au service de l’État
Titulaire d’un doctorat en marketing obtenu conjointement auprès des universités de Dijon, Clermont-Ferrand et Lyon III (France), Youssouf Ouédraogo enseigne à l’université de Ouagadougou à partir de 1982.
Il s’engage en politique à la demande de Thomas Sankara (président burkinais de 1983 à 1987) et occupe la fonction de ministre de la Planification et du Développement populaire à partir de 1984.
Après la mort de Thomas Sankara en 1987, il devient ministre de la Coopération, un poste qu’il conserve jusqu’en 1989, date à laquelle il devient président du Conseil révolutionnaire et social qu’il transformera par la suite en Conseil économique et social.
Youssouf Ouedraogo est choisi par Blaise Compaoré pour diriger le premier gouvernement de la quatrième République en juin 1992. Promoteur de réformes favorables au secteur privé, il engage notamment son gouvernement dans des négociations avec le FMI et la Banque mondiale pour conclure un accord d’ajustement structurel, passage obligé pour accéder aux ressources financières des partenaires techniques et financiers internationaux.
Il pilote la dévaluation du CFA pour le Burkina Faso en 1994 et met en place un programme d’urgence en vue d’amortir les chocs induits. L’échec des négociations avec les syndicats le pousse à la démission en mars de la même année.
Diplomatie
Youssouf Ouedraogo a également mené une carrière diplomatique. Basé à Bruxelles, il occupe à partir d’octobre 1994, les fonctions d’Ambassadeur du Burkina Faso auprès de la Belgique, du Royaume-Uni, du Luxembourg, des Pays-Bas et de l’Union européenne.
Président du Comité des ambassadeurs du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), il en est l’un des principaux négociateurs en face de la Commission européenne lors du renouvellement de la IVe Convention devant régir le partenariat ACP-UE pour la période 1995-1999.
Rappelé au Burkina Faso en janvier 1999, il est nommé ministre des Affaires étrangères avec rang de ministre d’État, un poste qu’il conservera jusqu’en 2007.
Il représente l’Afrique au lancement en mars 1999 du partenariat États-Unis-Afrique pour le 21e siècle, aux côtés du président Bill Clinton, le Burkina Faso assurant la présidence de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Il milite en faveur de l’accord préférentiel proposé les États-Unis pour favoriser les relations commerciales avec le continent africain (Agoa) ainsi que la création de la Millenium Challenge Corporation. Il organise également au Burkina la deuxième réunion ministérielle de mise en œuvre du partenariat Afrique – Union européenne (2002), puis le dixième Sommet de la Francophonie (2004).
Organisations internationales
En septembre 2007, Youssouf Ouédraogo rejoint la Banque africaine de développement à la demande de son président, Donald Kaberuka. Il est nommé conseiller spécial auprès de lui, chargé des questions politiques et diplomatiques.
À ce poste, il contribue notamment à l’approfondissement et à l’élargissement des relations de partenariat entre la banque et ses États membres, les Communautés économiques régionales et les institutions internationales. Il défend également l’idée d’un partenariat renforcé entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne.
En 2016, il est élu membre associé à l’Académie royale des sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Lors de la cérémonie solennelle de réception des nouveaux académiciens le 28 mai, il a l’honneur de s’exprimer au nom des nouveaux académiciens.
Décoration
- Médaille d’argent (Commandeur aujourd’hui) du Flambeau de la Révolution du Burkina Faso (4 août 1985)
- Dignité de Grand Officier dans l’Ordre national du Burkina Faso (11 décembre 1994)
- Commandeur dans l’Ordre du Mono du Togo (1ermars 2008)
- Dignité de Grand Officier dans l’Ordre de la Couronne du Royaume de Belgique (22 juillet 2005)
Source Wikipédia