Des personnalités politiques dont le président en exercice de l’Union africaine Alpha Condé, chef de l’Etat de la Guinée, et des méga stars de la musique africaine ont réagi unanimement depuis jeudi 16 novembre, exprimant ainsi leur indignation à l’encontre de la traite des migrants en Libye.
Tout a commencé quand une journaliste américaine de la chaîne CNN, Nina Elbagir, a montré aux yeux du monde entier des images des jeunes migrants noirs en captivité qui étaient vendues aux plus offrants en Libye.
Si cette vidéo ne laisse personne indifférente face à une barbarie digne d’une époque moyenâgeuse, Claudy Siar, en plus de montrer sa révolte, a suscité du même coup la révolte populaire face à l’esclavage des noirs en Libye, en postant une vidéo dont nous vous donnons la teneur de son message ici-bas.
Extrait des propos de Claudy Siar sur sa vidéo
« Je crois que je n’ai jamais été aussi en colère et aussi triste qu’en ce moment. Moi le descendant d’esclave dont les ancêtres furent déportées d’Africa pour être des bêtes de sommes dans le nouveau monde, je découvre qu’en ce début du 21è siècle, en cette fin d’année 2017, ce que nous redoutions après les accords passés entre les uns et les autres, qu’en Libye, on est en train de vendre des africains (noirs). En Libye on vend nos jeunes qui ne pouvant plus supporter le manque de vision d’avenir dans leurs propres pays ont décidé de partir et de braver le désert, les mers, les violences des groupes armés, de se retrouver humilier en Europe en arrivant à Lampedusa ou ailleurs. (Malgré tous les accords internationaux), on enferme nos jeunes dans des cages et puis on les vend aux plus offrants et ça, ça ne vous fait rien ? Moi le descendant de l’esclave j’ai la haine ».
A la suite de ce poste, la méga star ivoirienne de reggae Alpha Blondy, dans un écrit qu’il a adressé aux présidents de l’Union africaine (UA) et des présidents de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a dénoncé la traite des migrants en Libye.
Extrait des écrits de Alpha Blondy
« Permettez-moi de vous interpeller pour vous dire que nous peuples Africains qui comptions sur vous pour nous défendre et pour nous protéger, nous sommes surpris et stupéfaits par votre silence devant la situation révoltante, humiliante et inacceptable que vivent vos ressortissants, nos frères, nos sœurs, nos fils et nos filles vendus comme esclaves en Lybie (pays membre de l’union Africaine) ».
Comme Claudy Siar, Alpha Blondy souligne également que son cri de cœur n’est pas un appel à la « violence » mais une demande « à toutes les personnes qui ont été choquées par cet acte qui constitue un crime contre l’humanité d’assiéger toutes les ambassades libyennes dans leurs pays respectifs, jusqu’à la libération totale de tous les captifs en territoire Libyen ». « Si les présidents de l’Union Africaine et de la CEDEAO nous donne l’impression d’avoir démissionnés alors la société civile est obligée de prendre ses responsabilités devant l’histoire… », a-t-il conclu.
De l’Afrique de l’Ouest en passant par l’Afrique centrale, des voix se sont levées contre la pratique ignoble en Libye. Le roi de la rumba congolaise Koffi Olomidé, après avoir salué la prise de position sans équivoque des panafricanistes Claudy Siar et de la superstar de reggae Alpha Blondy, a dénoncé le fait que « nos dirigeants africains noirs sont sans action sans et réaction par rapport à la situation de la Libye ».
Réaction de Koffi Olomidé
« J’ai remarqué que les pays africains du nord se font appeler pays arabes et très peu pays africains. Moi j’ai été en Tunisie et les gens en me souriants me disent vous les africains ceci, vous les africains cela. Si ce qui se passe en Libye se passe, c’est parce que les africains des pays arabes d’Afrique n’en n’ont rien à foutre. On ne peut pas être fort en Afrique si on est pas uni », a-t-il appelé.
Cette situation qui a indigné les activistes panafricains a aussi alerté des hommes politiques africains. Le président en exercice de l’UA, Alpha Condé, saisi de la question lors de son passage à l’émission Regards sur l’Afrique, a déclaré qu’ « il est évident que l’UA condamne de la façon la plus totale et la plus nette (la vente aux enchères des migrants africains en Lybie). C’est quelque chose qui me révolte et qui révolte tout africain à plus forte raison le président de l’Union africaine ».
Selon M. Condé, l’Union qu’il dirige va « prendre des dispositions pour obliger les pays qui ont permis cela à mettre fin à cette action abjecte qui indigne tout homme. Nous allons nous concerter d’ici 48 heures pour avoir une réaction forte et ferme (face) à ces pratiques (qui) sont contraires à l’humanisme. Je vais me concerter avec les cinq vice-présidents de l’UA pour prendre rapidement des décisions pour mettre fin à ce scandale ».
Me Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération –Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), un parti d’opposition au Burkina, dit avoir visionné avec une « très grande consternation, la vidéo qui circule en ce moment sur les réseaux sociaux, faisant cas de la barbarie dont sont victimes d’autres sœurs et frères d’Afrique noire, en Lybie ». « Si cela s’avérait vrai, je proteste contre cet acte des plus inhumains à l’endroit des africains noirs qui ne cherchent qu’à s’assurer un lendemain meilleur », dit-il, condamnant « énergiquement cette pratique rétrograde qui ravive les souvenirs douloureux de la traite négrière. Ce d’autant plus qu’elle vient d’un autre frère africain. Quel honte ! »
Quant au président du Le Faso Autrement, Dr Ablassé Ouédroago, ex-ministre burkinabè des Affaires étrangères, « très choqué et peiné par ce qui arrive à nos frères et soeurs en Lybie », demande que les Etats africains « travaillent à mettre en oeuvre des politiques saines de développement et de création d’emplois à même de maintenir nos jeunes dans nos pays et d’éviter qu’ils soient vendus comme du bétail ailleurs ».
Par Mathias BAZIE