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Les enfants à la merci de violations graves et de la traite des personnes à cause des conflits armés, selon l’ONU

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© UNICEF/Jospin Benekire Une mère et ses enfants marchent dans un camp de personnes déplacées à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (Ph. UNICEF)

Les conflits armés exposent les enfants non seulement à un risque accru de violations graves, mais aussi de traite, y compris pendant les périodes de transition, révèle une nouvelle étude de l’ONU.

Le rapport – le premier du genre – analyse les liens entre la traite des enfants et les six violations graves commises à l’encontre des enfants en temps de guerre répertoriées par l’ONU, dont le recrutement et l’utilisation, le meurtre et la mutilation, le viol et d’autres formes de violence sexuelle, l’enlèvement, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, et le refus d’accès à l’aide humanitaire.

Il a été produit par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, en étroite collaboration avec la Rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, Siobhán Mullally.

« Cette étude montre comment la traite des enfants se superpose et interagit avec les six violations graves, tout en définissant les réponses juridiques et politiques, qui sont trop souvent isolées », a déclaré Mme Gamba lors d’un évènement de haut niveau organisé à l’ONU pour présenter l’étude jeudi.

Le rapport est axé sur sept pays ou zones géographiques – la Colombie, le bassin du lac Tchad en Afrique, la Libye, le Myanmar, le Soudan du Sud, la Syrie et l’Ukraine – et propose des recommandations pour assurer une meilleure protection et une plus grande reddition des comptes.

Un jeune de quatorze ans originaire du Niger à l'intérieur d'un centre de détention, en Libye.

Outil de contrôle et d’intimidation

La traite des enfants dans les conflits armés prend de nombreuses formes, notamment l’exploitation sexuelle et l’esclavage sexuel, le mariage d’enfants, le recrutement et l’utilisation dans des rôles de combat et de soutien.

Les belligérants s’en servent depuis longtemps pour contrôler et terroriser les communautés, ainsi que pour soutenir et pérenniser les conflits.

Dans le même temps, de graves violations font souvent partie de la préparation, du processus ou des conséquences de la traite des enfants. Par exemple, le refus d’accès à l’aide humanitaire en temps de guerre peut rendre les enfants plus vulnérables à la traite.

Le facteur genre et les dimensions transfrontalières

En outre, le rapport signale que « les risques de traite des enfants sont profondément liés au sexe ».

Si les filles sont le plus souvent ciblées pour l’exploitation sexuelle et le mariage d’enfants, les garçons sont plus susceptibles d’être recrutés pour participer à des hostilités.

La traite des enfants dans les conflits armés peut revêtir une dimension à la fois interne et transfrontalière.

Par exemple, de multiples formes et lieux de trafic d’enfants ont été observés en Syrie depuis que le conflit a éclaté il y a plus de dix ans. Il s’agit notamment de l’enlèvement et du transfert de filles yézidies depuis l’Iraq à des fins d’esclavage sexuel et de mariage forcé, tandis que des familles syriennes sunnites locales ont accepté que des filles épousent des membres de Daech, dans certains cas sous la menace.

Des enfants regardent d'anciens combattants des FARC-EP, de l'ELN, du groupe paramilitaire AUC, des membres des forces armées colombiennes et des victimes jouer un match amical à Dabeiba, Antioquia.

Absence de reddition des comptes

Mme Mullally a déclaré que l’étude comblait une lacune importante dans la politique et la pratique de la protection des enfants dans les conflits armés, soulignant qu’une attention limitée a été accordée à la traite des enfants en tant que risque de protection, ou à la prévention de la traite des enfants et à la reddition des comptes, en tant que priorités pour une paix durable.

« L’absence d’obligation de rendre compte de la traite des enfants contribue à perpétuer les cycles d’impunité », a ajouté la Rapporteure spéciale.

L’étude contient des recommandations aux États membres de l’ONU que les auteures décrivent comme « concrètes, ciblées et opportunes ».

Elle appelle notamment à la pleine application du principe de non-punition, soulignant que les enfants victimes de la traite sont des victimes et non des complices. L’identification précoce des victimes est donc également essentielle.

D’autres recommandations mettent en exergue l’importance pour les pays de prévenir la traite des enfants et d’assurer une protection à long terme aux victimes, notamment en s’attaquant à la pauvreté et aux inégalités entre les sexes, en garantissant l’enregistrement universel de tous les enfants et en éliminant l’apatridie.