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Cameroun: le «père» est de retour!

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Le président Paul Biya est de retour après sept semaines d'absence (Ph; TV5 Monde)

Yaoundé a fait sa petite toilette. Des affiches ont été brandies. Et les youyous ont retenti, lorsque le Boeing présidentiel s’est posé, ce lundi à 16h38, heure locale, sur le tarmac de l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen. Paul Biya venait de rentrer au bercail, auprès des siens, après sept semaines d’absence du pays. Mais plus inquiétant était le fait que le président camerounais a brillé par son absence, lors de deux derniers grands événements d’envergure internationale.

L’ombre du baobab camerounais, après avoir marqué, début septembre, de sa démarche particulièrement titubante, le 4e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine, n’a plané, ni à l’Assemblée générale des Nations unies, en fin septembre, encore moins au sommet de la Francophonie, début octobre. Il n’en n’a pas fallu davantage pour que les spéculations aillent bon train sur l’état de santé du président de 91 ans pour 42 ans aux affaires. Le silence des autorités et le flou artistiquement opaque construit autour du propriétaire, pardon du locataire du palais d’Etoudi, avait fini de convaincre certains que c’était la fin. Sur les réseaux sociaux, la mort de Paul Biya a même tourné en boucle, contraignant Yaoundé à interdire formellement, sous peine de tomber sous le coup de la loi, d’évoquer le sujet. Le président est donc toujours vivant, et lors de ses brefs échanges après sa descente d’avion, semblait bien dégager de l’énergie, mais était-il souffrant, à l’instar de tout homme, comme vous et moi, pouvant être atteint par la maladie? Non, il se reposait, ont dit ses collaborateurs, certainement conscients qu’ils n’avaient convaincu que peu de personnes.

«Il est vivant et nous disons à notre Seigneur Jésus-Christ, encore Popaul 100 ans», ont chanté et crié des femmes drapées dans le pagne bleu et jaune, à l’effigie de leur champion. Preuve que, selon ces images des réseaux sociaux, la joie était grande dans les rangs des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, pouvoir). Maintenant que «Popaul» est rentré de Genève, pour un «séjour de courtoisie» au Cameroun, comme l’ironise ses détracteurs et ses compatriotes qui sont habitués à ses longues et fréquentes absences du Cameroun, le débat est-il clos sur son état de santé? Est-on arrivé à la fin de ce feuilleton qui a alimenté l’actualité camerounaise, et inquiété des thuriféraires du régime qui se sont même livrés à une communication allant dans tous les sens, car n’étant pas préparés à une autre situation que celle d’une vie politique sous la férule de Paul Biya? Pourquoi le retour de Paul Biya, pendant qu’il est célébré en pompe par certain Camerounais, ne fait ni chaud, ni froid, à d’autres, qui l’ont qualifié de non-événement, rappelant que le président camerounais vit davantage hors du pays, notamment en Suisse?

Autant d’interrogations qui font croire que, tout en rassurant une partie de la population, le come-back de Paul Biya sur la terre de ses ancêtres, a été réglé comme du papier à musique. Car, les élections, dont la présidentielle, qui pointent pour, à partir de fin octobre 2025, s’approchent à pas de géant. Question: l’homme qui est aux manettes du Cameroun depuis plus de quatre décennies, briguera-t-il un huitième mandat? Rien ne prouve le contraire, en dehors du bruit qui court sur son fils Franck comme dauphin en vue. Ainsi, il devient facile d’interpréter, sans grand risque de se tromper, la déclaration du cabinet civil de la présidence, qui, malgré l’absence de Paul Biya qui faisait des vagues, a évoqué «l’excellent état de santé du chef de l’Etat».

En tout cas, Paul Biya est rentré à la maison, même si les spéculations sont loin d’avoir pris fin sur l’état de santé du président camerounais qui jouit toujours, d’une forme olympique, dès que s’annonce la course à sa succession.

Par Wakat Séra