Accueil A la une Hama Amadou, le dernier combat encore perdu!

Hama Amadou, le dernier combat encore perdu!

0
Hama Amadou, le "phénix" ne renaîtra pas de ses cendres (Ph. d'archives)

A 74 ans, l’homme politique, adulé ou craint, et qui, comme le chat lancé en l’air retombait toujours sur ses pattes, a servi comme soutien de presque tous les pouvoirs qui se sont succédé, avant de devenir l’opposant historique toujours à abattre.

Leader jouissant d’une popularité incontestée au Niger, Hama Amadou aura été de tous les combats, servant le Niger à tous les postes importants, allant de préfet au président de l’Assemblée nationale, en passant par celui de ministre et de Premier ministre. Tous les postes, sauf celui de la magistrature suprême. Comme le paludisme foudroyant qui ne lui a laissé aucune chance, ce mercredi 24 octobre, les hommes d’Etat, même ceux qu’il a contribué à faire roi à l’instar de Mamadou Tanja, ont tout mis en œuvre pour écarter l’ancien président du Mouvement national pour la société du développement (MNSD-Nassara), puis patron du Mouvement démocratique nigérien (Moden F.A. Lumana), du tapis rouge qui mène au fauteuil présidentiel. Aucune manœuvre n’a été de trop, pour éloigner du palais présidentiel, celui qui a même été empêché de battre campagne, parce que victime d’une affaire de trafic de bébé dans laquelle était impliquée l’une de ses femmes. Malgré tout, depuis sa cellule de prison en 2015, il se classe, avec 18%, 2e pour la présidentielle de 2016, derrière un certain Mahamadou Issoufou.

Entre fauteuils de Premier ministre et de président de l’Assemblée nationale, entre les rigueurs de la prison et la solitude terrifiante de l’exil, Hama Amadou aura tout de même démontré en «animal politique», en «homme politique majeur» et en «baobab de la politique nationale», qu’il fut l’un des hommes politiques les plus résilients du Niger, en même temps qu’il a su se mettre résolument au service d’un pays à qui il a donné une bonne partie de sa vie. Par contre, les dirigeants successifs du Niger, de Hama Amadou, en ont fait, en retour, pour la plupart, leur tête de turc. Véritable meneur d’hommes, le chef de Lumana, un parti politique dont les militants n’ont jamais baissé les bras, même persécutés et démunis de moyen pour la mobilisation lors des élections, donnera toujours de la voix, tant qu’il le pouvait. Mais, comme s’il sentait déjà la fin venir, si sa maladie n’est pas un des derniers montages pour s’en débarrasser, et a pu rentrer au bercail, après le coup d’Etat du général Abderahamane Tiani, est resté bien silencieux, pour ne pas dire qu’il s’est muré dans un mutisme total, durant la transition pour l’instant sans horizon, assurée par le pouvoir de transition.

Le « phénix» qui renaît toujours de ses cendres, était-il déjà trop affaibli par la maladie ou usé et fini par toutes ces années épuisantes de prison et d’exil? Avait-il encore foi à la fin de la transition, donc au retour du pouvoir aux civils par des élections, pour rebondir? Ou alors, a-t-il fini pas être désabusé par cette faune politique dans laquelle il n’a jamais pu dire, en réalité, malgré la popularité qui était sienne, son mot, toujours floué et enfariné par des gouvernants, de véritables boulangers qu’il a servis?

En tout cas, Hama Amadou a finalement livré son dernier combat contre un paludisme qui l’a emporté, preuve que chaque homme politique, chaque dirigeant, chaque homme tout court, qu’il cache à tort, sa maladie ou pas, comme le président camerounais Paul Biya, sera contraint de faire face à son destin. Un jour!

Par Wakat Séra