«J’invite tous les Sénégalais, en particulier les acteurs politiques, quel que soit leur bord, à éviter les dérives dans leurs discours et leurs actes. Les élections sont un moment crucial de choix démocratique, un moment de fête et non un prétexte à la discorde». Paroles de Bassirou Diomaye Faye (BDF), président de la république du Sénégal. Comme s’il avait rêvé d’un Sénégal en feu, à la veille de cette campagne pour les élections législatives anticipées du 17 novembre prochain, BDF a, aussitôt, tiré la sonnette d’alarme.
Un discours malheureusement prémonitoire, comme le médecin après la mort, qui a précédé des dérives, peut-être pas encore alarmantes, mais tout de même inquiétantes: incendie du siège de Taxawu Sénégal, le parti de Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, en début de semaine. Caillassage en règle de la caravane électorale du Premier ministre Ousmane Sonko, par ailleurs tête de liste du Pastef. Affrontements entre les militants du parti au pouvoir et des assaillants non encore identifiés, complètent un tableau déjà noir d’attaques orales et écrites de toutes sortes.
Visiblement, l’évangile selon BDF a été prononcée trop tard, car le ver était déjà dans le fruit depuis 2021. Ce n’est pas un débat, mais un constat amer et inquiétant pour le «phare de la démocratie» en Afrique de l’ouest. Et il ne fallait pas être le plus brillant des énarques, encore moins un expert avisé en politique, ou un marabout à succès, pour établir ce diagnostic déplorable sur la politique sénégalaise, qu’on peut qualifier, désormais, de mal sénégalais. Alors que le pouvoir actuel était dans l’opposition et que l’opposition actuelle était au pouvoir, le climat politique était bien vicié, et même délétère.
C’est donc dans cette arène, non pas des glorieux lutteurs sénégalais de la trempe de «Tyson», mais de politiciens assoiffés de pouvoir, que se retrouvent les candidats des 41 listes de coalitions et de partis politiques qui vont à l’assaut des 165 sièges de l’Assemblée nationale. La crise politique, avec ces deux camps qui se regardent en chiens de faïence, se transforme en une plaie puante au pied d‘un Sénégal où, des hommes et femmes politiques, s’illustrent par des invectives et autres insultes des plus virulentes, à travers les médias et surtout les réseaux sociaux. Ils n’hésitent pas à se combattre, sans le moindre répit, et il plane toujours comme un air de vengeance, qui ne pourra, certainement, pas disparaître sur un coup de baguette magique. Surtout que les mêmes acteurs occupent toujours la scène politique, juste qu’ils ont, par la force des choses et la magie du jeu politique, changé de costumes et de rôles.
Les démons de la violence vont-ils s’emparer définitivement de la politique au Sénégal? Que faire pour recoller les morceaux d’un tissu sociopolitique qui va en lambeaux? Ces élections anticipées, feront-elles plus de mal que du bien au Sénégal, comme le craignaient nombre d’observateurs, au lendemain du 12 septembre, lorsque le chef de l’Etat avait prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale qui était loin de lui être acquise, parce que dominées par les députés de l’ancien pouvoir, aujourd’hui opposants? Pourtant, le Parti des Patriotes africain du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef, pouvoir), a besoin de cette majorité absolue à l’assemblée nationale, pour gouverner sans accroc, et surtout mener à bien la vision «Sénégal 2050», le séduisant plan de développement présenté par le président Bassirou Diomaye Faye, comme le baobab dont les fruits doivent tenir, pour le peuple, l’espérance des fleurs
Que faire maintenant, face à ces violences en politique ou cette politique de violences, facette à laquelle que le Sénégal n’avait pas habitué les observateurs? Les élections législatives du 17 novembre prochain, seront-elles émaillées de violences, à l’image de ces premiers jours d’une campagne qui a encore plus d’une dizaine de jours de vie devant elle? Quel sera le sort des résultats sortis des urnes si la situation ne change pas? Autant de questions qui, il faut l’espérer trouveront réponses, et surtout solutions, pour rendre au Sénégal son auréole de grand pays de la démocratie sur le continent.
Par Wakat Séra