Pour Abdoul Karim Diallo, citoyen guinéen, qui donne son avis sur les récentes montées en grade en Guinée, «ces promotions et décorations auto-attribuées résonnent comme un tambour creux dans une Guinée qui aspire à bien plus que des parades militaires et des cérémonies d’auto-glorification.»
Dans le grand théâtre de l’absurde politique guinéen, le général Mamadi Doumbouya vient d’ajouter un acte particulièrement saisissant. En à peine 9 mois et 7 jours, le temps d’une gestation précipitée, voilà notre homme propulsé au rang suprême de général d’armée.
Quelle performance! En moins de temps qu’il n’en faut pour former un simple soldat, notre général s’est hissé au sommet de la pyramide militaire. Une prouesse qui ferait rougir les plus grands illusionnistes. À croire que les galons poussent aussi vite que les champignons après la pluie dans les jardins du palais présidentiel.
Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Notre général prestidigitateur s’est auto-décoré de la grand-croix dans l’ordre national du colatier pour «services éminents rendus à la nation». On se demande lesquels. La médaille «Croix de guerre» est venue compléter ce festin d’auto-congratulation, comme une cerise sur un gâteau déjà bien garni d’absurdité.
Et comme tout bon monarque qui se respecte, il n’a pas oublié sa cour. Ses proches ont eu droit à leur part du gâteau, promus à des grades supérieurs. Une version militaire du «charity begins at home», version guinéenne. Cette mascarade protocolaire révèle une vérité criarde: quand le mérite devient auto-proclamé, c’est la compétence qui déserte.
Pendant que le général parade avec ses nouvelles décorations, la Guinée attend toujours son développement et sa démocratie. Pendant que les galons s’accumulent sur les épaules du général, les défis du pays, eux, restent désespérément sans réponse. La faim ne se nourrit pas de médailles, et la pauvreté ne recule pas devant les titres honorifiques.
Ces promotions et décorations auto-attribuées résonnent comme un tambour creux dans une Guinée qui aspire à bien plus que des parades militaires et des cérémonies d’auto-glorification.
Un proverbe africain nous rappelle: «Ce n’est pas la barbe qui fait le sage, ni les galons qui font le leader». La Guinée mérite mieux que ce théâtre d’ombres où les acteurs se distribuent eux-mêmes les oscars pendant que le pays attend dans les coulisses.
Abdoul Karim Diallo, Citoyen Guinéen