Annoncée serrée et très disputée, l’élection présidentielle américaine de ce 5 novembre, a finalement tourné en raz de marée pour la vague rouge des Républicains et en bérézina pour les Démocrates.
En raflant 295 grands électeurs pour les 270 requis, Donald Trump n’a laissé aucune chance à Kamala Harris, qui, sans avoir démérité, a été bloquée à la barre de 226 grands électeurs. Après en avoir été le 45e, Donald Trump devient, donc, le 47e locataire de la Maison blanche, dont il récupèrera les clés des mains du démocrate Joe Biden, remplacé au pied levé, à deux mois de la présidentielle, par sa vice-présidente. Ce choix de dernière minute n’a pas fait l’affaire des Démocrates, mais a plutôt souri aux Républicains, Donald Trump s’étant forgé une réputation de tombeur des dames, non pas dans le sens galant et romantique du terme, mais en matière de compétition électorale.
Curieusement, comme pour son premier mandat de 2017 à 2021, qu’il a arraché devant Hillary Clinton, une femme, en 2024, pour son «come-back», c’est encore une femme, en l’occurrence, Kamala Harris, que l’homme d’affaires milliardaire de 78 ans, a mise à terre, honni soit qui mal y pense, pour revenir aux…affaires. Signe aussi que les Américains, malgré le premier rang de leur pays sur l’échiquier de la démocratie, ne sont pas encore prêts à avoir une femme comme président.
Mais Donald Trump qui a, aussitôt son élection assurée, mais pas encore officielle, reçu les félicitations de nombreux chefs de l’Etat, dont les Africains, n’aurait jamais pu être président de la république dans une Afrique où l’on n’organise pas les élections pour les perdre. Pire, il a été condamné par la justice de son pays et fait l’objet d’autres poursuites judiciaires, auxquelles il échappera, probablement, durant son mandat. Sous les tropiques, contrairement à la réalité dans la plus grande démocratie du monde, où la justice peut se targuer de jouir de son indépendance, non seulement la plus petite des condamnations est brandie par le pouvoir en place pour discréditer le candidat en face, mais l’acharnement judiciaire est, presque toujours monté de toute pièce contre le vizir qui veut être calife à la place du calife.
Le chapelet de ces cas, d’opposants mis en difficulté, sera fastidieux à égrener, mais le dernier en date, celui de l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait presqu’élu domicile au palais de justice, trimballé d’affaires en affaires, alors qu’il était opposant, est bien illustratif de cette destruction des adversaires politiques par justice interposée. Tout est mis en œuvre par les dirigeants en place, pour mettre hors compétition, des vis-à-vis sérieux. C’est la prison ou l’exil forcé, comme c’est le cas actuellement, pour le leader très populaire de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, lui qui est contraint par le pouvoir de la transition, à errer, loin de la Guinée de ses ancêtres.
Question: comment se fait-il que tous ces chefs d’Etat africains, qui sont restés motus et bouche cousue alors que Donald Trump a traité les pays africains de «pays de merde», ont-ils retrouvé autant de promptitude pour, pratiquement, «devancer l’iguane dans l’eau», en adressant leurs «vives félicitations» au nouveau chef de la «Grande Amérique»? Réponse: parce que le ridicule ne tue pas en politique et les intérêts d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. De plus, le rapport de force ne penche pas pour ces dirigeants, dont nombre d’entre eux, espèrent ne plus avoir la pression des démocrates pour la…démocratie! Si au moins, ceux qui nous dirigent, pouvaient être autant patriotes que Donald Trump qui marche, floqué au front, le slogan l’«Amérique d’abord» et s’investir pleinement pour l’intérêt général, c’est-à-dire le mieux-être de ceux qui les ont élus! En tout cas, les Américains ont fait confiance à celui qu’ils pensent qu’il peut leur garantir une prairie verte, alors qu’en Afrique, les élections sont synonymes de corruption et de bourrages d’urnes.
Donald Trump qu’ils ont félicité, presqu’à l’unanimité, doit pouvoir donc servir d’exemple, pour son patriotisme, aux dirigeants africains, même si son élection plonge dans la hantise et l’incertitude de l’avenir, les nombreux migrants, dont des Africains, qui ont dû fuir leurs pays pour une raison ou plusieurs autres, et se «débrouillent» aux Etats-Unis pour survivre et faire vivre leurs familles en Afrique.
Par Wakat Séra