«Notre Doyen, le Bâtonnier Frédéric Titinga PACERE, Premier Avocat Burkinabè, Premier Bâtonnier de notre Ordre, s’est éteint, debout, à la barre d’une justice de paix», a annoncé le Barreau burkinabè, déplorant, ainsi, la disparition, le vendredi 8 novembre, du baobab de la culture et gardien de la tradition, Me Tintinga Frédéric Pacéré, 81 ans, «Son Excellence Mgr Prosper KONTIEBO, Archevêque de Ouagadougou, Son Éminence le Cardinal Philippe Ouédraogo, Archevêque Émérite de Ouagadougou, unis au Presbyterium, à la famille diocésaine et à la grande famille COMPAORÉ, vous annoncent le retour à Dieu de Son Excellence Mgr Jean Marie Untaani COMPAORÉ, Archevêque Émérite de Ouagadougou, en ce jour 9 novembre 2024, dans sa 91e année.» Ainsi tombait, en 48 heures, un deuxième baobab burkinabè. Lui faisait partie des figures tutélaires de l’église catholique du Burkina Faso. Mais, les deux, que tout devrait opposer, du fait de l’antagonisme de principe, et même réel, érigé entre la tradition et les religions importées, étaient pourtant liés par l’amour pour le prochain et surtout leur patriotisme qu’ils ne marchandaient pas.
Il faut dire que, peu avant le décès de Mgr Jean Marie Untaani Compaoré, la communauté chrétienne du Burkina pleurait le rappel à Dieu du Révérend Docteur Moïse Idrissa Napon, décédé le vendredi 11 octobre 2024. Malgré le poids de l’âge, la stature voutée, ils étaient, tant qu’ils le pouvaient, physiquement présents à bien des événements, là où les mânes des ancêtres conduisaient l’un, et Dieu Tout Puissant, appelait les autres. C’est dire que jusqu’au dernier souffle, ils ont servi leur pays et Dieu, avec amour. Ce même amour que n’ont pas pour le pouvoir, ces personnes que les autorités burkinabè dénoncent comme des auteurs de tentatives déjouées de «déstabilisation».
En effet, pendant que les autorités burkinabè saluaient la mémoire de ces illustres fils du «Pays des hommes intègres», elles dénonçaient la disparition de trois milliards de francs CFA, suite, selon le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, à un détournement au ministère de l’Action humanitaire. Pire, un coup d’Etat, images de la chaîne nationale, faisant foi, venait d’être déjoué. Encore un autre, est-on tenté de dire. Un individu a été arrêté, le vendredi 8 novembre 2024, alors qu’«il remettait» la somme de «5 milliards F CFA» à des soldats, pactole destiné à «un projet de déstabilisation». Pourquoi tant de tentatives de «déstabilisation» contre le pouvoir de la transition? Interrogation inquiétante, qui résume la gravité de l’heure. Car, depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR 2), selon des communiqués officiels, des arrestations, tant d’hommes en tenue que de civils et des radiations d’officiers de l’armée, ont fait suite à plusieurs «projets de déstabilisation du pays».
Pourtant, bien qu’il soit constamment visé par ces tentatives de «déstabilisation» qui se multiplient, dénoncées systématiquement par les autorités, le Burkina Faso, grâce à la bravoure et au professionnalisme de son armée, aligne également des victoires, dans la lutte contre des groupes armés qui se sont enkystés dans le Sahel. Fort heureusement, ces hommes sans foi ni loi, qui endeuillent, populations civiles et militaires, sont, donc, combattus avec succès, par les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), appuyés par les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), qui ne leur laissent aucun répit. Bien des chefs terroristes et des repaires de ces groupes sont régulièrement anéantis, selon des nouvelles du front, rapportées par des voix officielles, ce qui procure, ainsi, de l’espoir aux populations, notamment dans les rangs des Personnes déplacées internes qui ne cessaient d’enfler. Même si la lutte sera, sans doute, de longue haleine, des victoires de taille sont engrangées par l’armée régulière.
Ainsi va le quotidien des Burkinabè, entre la disparition de figures tutélaires de la tradition et de la religion, tentatives régulières déjouées de «déstabilisation» et lutte contre le terrorisme.
Par Wakat Séra