Ceci est une tribune du philosophe Mamadou Djibo Baanè-Badikiranè réagissant sur une opinion de Traoré DK, enseignant de l’Université FHB.
«Dans une Tribune libre signée par Traoré DK, enseignant de l’Université FHB publiée sur un site ivoirien, l’auteur pose la question : Quel héritage le Président Ouattara laissera-t-il à la postérité, notamment à la jeunesse ivoirienne et africaine ? le Prof Traoré y expose son exhortation au blanchiment politique de la faillite programmatique de son prédécesseur, le Président Laurent Gbagbo. Voilà l’argument selon Traoré pour que l’histoire retienne Le Président Alassane Ouattara comme une trace heureuse. Je soutiens contre le Professeur Traoré DK qu’une inversion systémique de la réalité des faits est scélératesse du progrès social ivoirien. Voici mon argument.
J’avoue, en la forme, que la question est totalement préjudicielle en ce qu’elle présuppose la fin du parcours politique du Président Ouattara. L’auteur en dresse derechef, l’audit et l’apport ou à tout le moins, l’invite à partir. Je crois pouvoir écrire que Docteur Traoré spécule au nom des siens. Cette posture partisane restitue son parti pris manifeste et trahit ainsi, l’observateur qu’il dit être. Je rappelle que l’intention de laisser une trace heureuse d’un leader et singulièrement de ce leader inspirant, le Président Alassane Ouattara, de son parcours tissé de réalisations, oui elle indique sa vision centrale préalable à son avènement au pouvoir d’Etat. Mais à la lecture de la Tribune, aucun de ces deux cas n’est avéré pour établir, objectivement, les lieux de mémoire dudit parcours pour paraphraser l’Académicien Pierre Nora. Au surplus, vouloir dresser ce bilan à partir de la-sous -question tendancieuse des autres partis PDCI et PPA-CI qui « ont dévoilé le nom de leur candidat », il ne reste que le RHDP, traduit le vice argumentaire. A chaque parti sa culture, son intelligence du contexte politique et son agenda. Et à tous, la soumission à la règle de droit, à la loi dans la République Constitutionnelle, sécurisée par le Président Alassane Ouattara. Pour un observateur de la vie politique, il me semble, la voie scientifique suggère de décrire la scène, ses acteurs et leurs bilans confrontés aux attentes légitimes des citoyens ivoiriens surtout que ces trois partis politiques ont tous gouverné la Sublime Côte d’Ivoire. De la sorte, cette voie pédagogique au service de l’excellence du leadership prépondérant, permettrait aux lecteurs de se forger leur libre opinion, établir l’opinion vraie à partir des croyances, perceptions, illusions, atavismes et partisanerie inhérente à la compétition électorale. Attester de ce qui est évident et au-dessus du doute raisonnable, importe pour la crédibilité.
Ce travail est nécessaire lorsque l’on regarde les gazouillis des oisillons sur les réseaux sociaux des deux formations politiques, le PDCI et le PPA-CI. Colporter cette doxa des béotiens de l’âge digital reste donc, en la forme, largement en- deçà de l’évidence apodictique à laquelle, tout enseignant devrait souscrire pour contribuer à formater l’esprit critique, l’éveil des consciences au service de la raison et de la responsabilité dans l’histoire vécue. De ce point de vue, la posture politique de Docteur Traoré DK, abîme, sa prétention à l’expertise de son opinion. Sa tribune confine le lecteur au soupçon de l’hyperpartisanerie. Sacrifier l’objectivité et l’équité analytique des existants ou bilans des trois compétiteurs RHDP, PDCI et PPA-CI par ordre d’arrivée aux dernières consultations électorales de 2023, n’est-ce pas exhiber les preuves de sa propre posture politique ? Dialectiquement toute posture est une imposture à partir d’un seuil : faits et leur vérité. Quel leader a augmenté le patrimoine immatériel et matériel, des Ivoiriens de 1993 à date ?
Dans le fond, je relève un argumentaire emprunté aux opposants du Président Ouattara comme si l’Enseignant-chercheur assurait leur porte-parolat. Qu’il me soit permis d’argumenter ici, montrer en quoi n’est pas digne de créance, ce sursaut rhétorique à colporter les desiderata du compétiteur du PPA-CI. Sa trace se confond à la rhétorique « refondatrice », au poujadisme des catégories socioprofessionnelles, au syndicalisme violent de la Fesci et à la ruine de la paix, de la stabilité et du prestige de l’Etat. La raison refondatrice en déroute peut-elle ou doit -elle être sauvée par le Président Alassane Ouattara ? A l’évidence non. Car alors le développementisme alassaniste se mettrait au service du revisionnisme voire du blanchiment de faillite de son prédécesseur. Cette exhortation de Traoré est exonératoire donc du principe de reddition des comptes. Irrecevable en morale. Celle qui assigne les serviteurs de l’Etat démocratique à la probité et à rendre compte. Cette requête exorbitante du Prof Traoré lui évite de conclure, c’est la manœuvre définitive, l’oxymore entre l’ex régime de la Refondation et le progrès social ivoirien et africain.
*La thèse colportée par Prof Traoré est donc simple. L’ancien Président Laurent Gbagbo, son référent ultime, je le lui concède, serait entré dans l’histoire. Laquelle ? Passons puisqu’il se garde de décrire le détestable. Mais il en déduit, geste hallucinatoire, que les conditions pour que le Président Alassane Ouattara rejoigne le Président Gbagbo -voilà l’intention fantasmée-lui dictent qu’il s’assigne à laver, blanchir les faillites multisectorielles de son prédécesseur. Une offrande au dieu Kairos ? Blanchir ces faillites qui ont terni le progrès social ivoirien, la place, le prestige de l’Etat et de son peuple. Cette idée est donc fondamentalement fausse. Les esprits avertis et lucides ou patriotiques de Côte d’Ivoire et d’Afrique contestent cette idée et nomment Décennie perdue, le régime de la Refondation de 2000 à 2011. Faillite éminente au point où, le dauphin constitutionnel du Président Gbagbo, le Président Mamadou Koulibaly baptisa ce régime, son régime, de Rebfondation. Voilà le néologisme de l’ancien Député de Koumassi. Pour autant, pratiquant toujours l’incohérence systémique, il n’assuma pas le courage de la vérité : se démettre comme président de la deuxième institution de la République Constitutionnelle trahie par la « gauche » mal préparée pour diriger.
Les Refondateurs d’antan ne sont donc pas sortis de leur péché originel : la rhétorique de convenance et l’insouciance devant les urgences ivoiriennes et panafricaines. Pendant et après 15 ans d’opposition rhétorique. Trahir la gauche et le socialisme démocratique de Mwalimu Nyerere et du Prof Ki-Zerbo, fut accompli avec allégresse et insouciance. Le bilan de toute dérive extrémiste de droite et au surplus, identitaire (ivoirité sournoise) ne pouvait laisser une trace heureuse dans la vie de la nation. N’avoir pas de bilan est assurément un bilan. Spéculer sur la fin de parcours politique de son adversaire énonce donc une dissimulation d’échec. Ce glissement à la droite ivoiritaire nombriliste qui a consisté en un décollage du réel pour acter le flot de passions haineuses, la pulsion de mort et la secondarisation des questions prioritaires de paix, de stabilité et d’apaisement du climat social, est détestable. Ce projet doctrinal n’est pas un bilan politique, certitude rationnelle. Il n’offre point l’essor vers la félicité du progrès, vérité de fait. D’où le voile pudique jeté là-dessus. Honte !
*Peu importe l’angle sous lequel, l’on lira le parcours du Président Ouattara, les résultats concrets, l’amélioration des vécus sociaux des populations ivoiriennes et africaines, reste indéniable. Que le Président Ouattara reste ou qu’il passe le témoin à sa relève de qualité, c’est sa volonté. Que Dieu l’inspire ! L’histoire retiendra de lui, sa victoire sur l’infrastructure ivoiritaire aride au profit de tous et la réhabilitation de la Côte d’Ivoire plurielle, ouverte et hospitalière (patrimoine immatériel fantastique), son programme d’infrastructures et les réalisations innombrables, sa vision centrale du progrès social ivoirien que j’appelle le Développementisme alassaniste depuis bientôt dix ans, il y a matière multidimensionnelle mémorable. Dites-moi cher Professeur, vaincre une idée odieuse, cette architectonique du déclin de la nation de 1993 à 2011, est-ce une réalisation matérielle ? L’Ivoirité, c’est le cygne noir qui a plongé la Côte d’Ivoire plurielle, ouverte, tolérante et, conforme au vœu du Père Fondateur, dans une crise systémique de deux décennies. Oui, Alassane Ouattara c’est le leadership prépondérant qui a souscrit au retour structuré de la Côte d’Ivoire rassemblée, solidaire pour être renaissante de la Rebfondation. Il est digne de créance de constater ce retour de l’histoire ivoirienne émancipatoire depuis l’avènement du Président Ouattara. Les bons chefs ne courent pas les rues. Il suffit de regarder autour de soi pour s’en convaincre. Nous n’avons, vu les vicissitudes de l’histoire africaine, que des urgences sécuritaires, économiques, géopolitiques, écologiques et anthropiques, des défis de cohésion nationale et de liberté à relever pour répondre à la raison et à la responsabilité dans l’Histoire universelle. Le parcours du Président Alassane Ouattara s’y colle. C’est vraiment exceptionnel.
Vaincre tant d’obstacles objectifs que la mesquinerie des puissants d’hier lui a dressés dans l’administration, s’ajuster personnellement à la hauteur des enjeux de son destin et lever les obstacles psychologiques, pardonner, aller de l’avant, ne jamais jouer la victimisation, accomplir le resurgimiento de l’Etat de droit démocratique, sous son leadership, la République Constitutionnelle ivoirienne a vaincu la république insurgée de la Refondation en 2011. Vaincre cette insurrection contre l’élection certifiée par l’ONU, l’UNION Africaine, la Cédéao, la CEI, la Facilitation burkinabè, est un accomplissement. Restaurer le vivre- ensemble, lieu de mémoire immatérielle, ce retour du prestige en sport (CAN), en culture, en croissance, en investissements productifs, et cultiver l’attractivité de la Sublime Côte d’Ivoire, etc. Oui, soyons justes envers l’histoire vécue. Cette histoire est testimoniale. Elle n’est point partisane ou communautaire. Elle n’est point spéculative ou ce colportage indécent sous des dehors scientifiques de la doxa de l’adversaire. Elle se déroule sous nos yeux. Nous la vivons. Elle câline pour ainsi dire, notre droit au bonheur. L’espérance houphouëtiste est reconstruite avec lui et avec tous. Sa chefferie est digne de confiance. Et l’adversité loyale a droit de cité. Ce patrimoine existe. Il ressemble à celui du New Deal rooseveltien. Il parie sur le Travail comme le prescrit la Constitution Italienne de 1947 en son article 1er. « L’Italie est une République démocratique, fondée sur le travail. » Le RHDP croit au travail.
*Prof Traoré DK allègue que tout leadership politique qui dure est une durée abjecte, infructueuse. Je voudrais qu’il lise Bergson dans sa Conférence de 1911 sur la conscience et la vie. En creux, on a la mesure de la durée et surtout ce qu’est la Conscience, coextensive à la vie. Elle est donc mémoire et anticipation. Il en dérive pour la vie de la nation, il me semble, qu’il n’y a de vision centrale d’un leader prépondérant qui vaille, si elle ne jetait pas des ponts entre la mémoire (bilan) et l’anticipation (projet de société). Je n’en vois pas trace dans l’exhortation spéculative du départ du Président Ouattara. Mais les responsabilités constitutives du bonheur, singulièrement ici, épèlent la mission d’accompagner le peuple sur le chemin de son bonheur. Voilà la mission et le serment de tout dirigeant responsable et visionnaire pour incarner la vigie au profit du peuple comme le Président Thomas Jefferson, prodigua. Il est donc raisonnable de penser que la spéculation hâtive de Traoré restitue le mantra des oppositions hétéroclites ivoiriennes. Elle subodore la supercherie du retour défiant (sabordant le dialogue politique) une décision de justice, celle qui frappe l’ancien Président Gbagbo. Pourquoi faire alors l’impasse sur la restitution des bilans, snober l’absence d’offre politique pour ce qui vient (présidentielle de 2025) de chaque leader et candidat de l’intention de retour ? Se projeter en continuité calamiteuse ? Celle qui a, hier, mué les espérances citoyennes ivoiriennes et africaines en rances ? Le non existant ne reconstruit pas la nation. Le bilan et le projet, rhétoriques, non plus. La réalité dit les choix rationnels, raisonnables et pragmatiques pour préparer l’avenir., le vrai patrimoine pour la jeunesse qui veut se réaliser comme raison et mission.
L’Ivoirité et la Rebfondation estompèrent donc la décence républicaine. Elles ne sont point dignes d’être exhibées comme accomplissement et remplissement des attentes légitimes du Peuple de Côte d’Ivoire dans sa diversité, sa richesse culturelle et son unité inarrêtable. Dont acte. Le courage de la vérité fait osmose avec la responsabilité dans l’histoire vécue des peuples. Ces deux catégories politiques ont été des segments disruptifs dans le legs humaniste du Père fondateur Houphouët-Boigny. Pour autant elles sont dignes de compétir, la loi l’autorise. Mais une formation politique reconnue et en droit de compétir, ne subsume pas les qualités intuitu personae du cocontractant. Que donc il est raisonnable de penser que cette formation peut trouver en son sein un autre porteur du fagot (une douleur) et les recettes du plat du soir. De la même manière que le Prof Traoré dénie aux militants du RHDP de s’aligner derrière leur champion, c’est la même raison inverse qui disqualifie sa spéculation pour celui qu’il prétend être entré dans l’histoire. Laquelle ?
*Les exemples rapportés par l’auteur ne sont dignes d’intérêt que dans l’exacte mesure où chacun campe la ligne de fracture entre l’appel à l’idéalité pure et le pragmatisme productif de résultats. La question de la durée ne se pose donc point pour les porteurs intransigeants d’idéalité mathématique comme dirait Jean Toussaint Desanti en rupture avec le calculus des choses. Le temps- duré est un objet mathématique. Mais cet objet mesuré et mathématisé le devient car attesté comme tel par le consensus expert au sein de la communauté des savants comme objet mathématique. L’objet mathématique est, in fine, un objet conventionnel (décision). Du coup, ce qui tombe sous le concept de durée politique est un objet concret, objet de consensus expert et, en l’espèce, électoral de la CEI dont les outils de référence sont la Constitution et le Code électoral. La durée de chaque mandat, le nombre de mandats. Et toute constitution dit sa propre intériorité réglée comme objets applicables aux tiers citoyens et aux autres entités étatiques et leurs citoyens.
Le magistère du Président Thomas Sankara fut une durée mesurée : un objet fugace. Précisément la sagacité des porteurs de l’idéal révolutionnaire et panafricaniste que furent les leaders Lumumba et Sankara que vous citez à propos, a trait avec l’idéalité pure. Elle n’a que faire de la raison dans l’histoire qui calcule la durée. Puisqu’un mois, un discours de 10mn, deux mois de Premier Ministère ou 4 ans de Présidence, suffisent à incarner un idéal pur. Précisément parce que ce type de leadership vise la coalition discursive ou superstructure idéologique. Il ne signifie pas bâtir une donnée matérielle fructueuse. Car bâtir un Etat, une infrastructure matérielle présuppose un engagement du bâtisseur à faire corps avec l’armature dogmatique locale, à chercher les points de compromis et conjurer ceux de rupture pour tenir les promesses du progrès de l’homme. La loyauté principielle argumente non pas pour qu’on se mettre au- dessus de la « mêlée » réelle factice, mais la nie pour mieux la saborder. Incarner un idéal d’emprunt ou issu de l’armature dogmatique du peuple en question, vous soustrait de ces contraintes. Or celles-là portent la responsabilité dans l’histoire de l’émancipation, de la liberté.
L’agent de l’idéalité pure est une auto-référence. Elle affirme. Je suis la raison dans l’histoire ce que Hegel disait de Napoléon, l’esprit à cheval, campe cette hypostase hors sol, excepté que Napoléon est descendu dans l’arène. Mettre le cap sur l’idéalité incarnée, c’est du même coup se soustraire de la mesure du temps mais surtout, autoriser toutes interprétations possibles…
*la trace des bâtisseurs d’Etat, du bien -être social des citoyens est bien différente de celle de porteurs de tel ou tel idéal. Les uns n’ont même pas besoin de gouverner des nations. Ils accomplissent le sacrifice pour leur idéal (Gandhi, Martin Luther King). De belles âmes sédimentent la conscience éveillée des enfants du monde. Ce sont des enseignants. Ils sont en contraposition manifeste avec les porteurs d’idéalité politique pure (Lumumba, Sankara, Mandela). Je doute fort qu’ils aient des héritages politiques. Ils sont plutôt des patrimoines humains. Le narratif qu’on leur colle est toujours post mortem. N’empêche qu’ils sont des chefs inspirants parce qu’ils nous ont fait rêver. Il y a une incommensurabilité manifeste entre un idéaliste et un pragmatique. L’honneur des morts nous oblige à la décence. D’autres récits existent pour certains. Celui qui transmet des messages est un lien. Le bâtisseur d’Etat ne ressemble pas aux lucioles audacieuses qui déchirent le firmament étoilé. Et les fulgurances fugaces Lumumba qui a incarné l’Indépendance ; Sankara, l’Intégrité et Ndadaye, la Réconciliation, sont aussi des chefs. Diriger, c’est laisser une trace, les uns comme les autres. Les mémoires rivales aussi. Voilà leur trace idéologique tandis que les bâtisseurs d’Etat que sont Compaoré, Kagamé et Ouattara incarnent la raison dans l’histoire, le pragmatisme au service des nations. Gbagbo n’appartient, ni aux premiers, ni aux seconds. Mais les contraintes sont les mêmes pour tous.
Vaincre l’ivoirité et restaurer pour ainsi dire le pays de l’hospitalité inconditionnelle ancestrale (accommoder les réfugiés burkinabè, maliens et nigériens en détresse sécuritaire), c’est exactement coller à humanisme de notre armature dogmatique africaine. A Rome en 212, il y eût ce droit de cité (citoyenneté) offert par l’Empereur Caracalla. Tout comme proclamait en 1790, durant la Grande Révolution française, le philosophe Condorcet le droit de cité pour les femmes et les Noirs. L’érection de l’Ivoirité consacra donc la déréliction de l’Etat, des valeurs humanistes et ancestrales. La Refondation lui donna, sournoisement, quitus. Pensait-elle qu’elle s’épuiserait de façon sui generis ? Où est donc le courage politique ? Ceux-là ne peuvent pas incarner les réparateurs de destin ivoirien et africain. De la coupe aux lèvres, il y a loin.
Les bâtisseurs de destins des nations comme Franklin Delano Roosevelt, Deng Xiaoping, Lee Kuan Yew adossés sur la raison dans l’histoire vécue, les choix rationnels et la responsabilité dans l’accompagnement de leurs compatriotes sur le chemin de leur bonheur, investissent ces chemins, les construisent. Inspirants, ils incarnent le destin de facilitateur de destin transgénérationnel. Ils laissent des traces heureuses dans les consciences des enfants de leur pays. La durée qui dure ou qui ne dure pas reste une composante de la renaissance. Seule la réalité du contexte de chaque Nation, dispose. Lorsque Prof Traoré cite l’ivoirité qui a abîmé feu Président Henri Konan Bédié, il dit vrai. Mais la sénégalité n’a point dissout le prestige de feu Président Léopold Sédar Senghor. Pourquoi ? Parce que l’ivoirité, ce recul de la fraternité et de la bienveillance houphouëtiste dit l’identité nombriliste et sectaire. Elle a trahi le message de bromance entre les chefs Houphouët-Boigny, Péléforo Gon Coulibaly, Daniel Ouezzin Coulibaly, le socle d’hospitalité et d’ouverture porteuse d’espérance. Prof Traoré et moi convenons, lieu de partage de la raison critique- que même les dictateurs laissent des traces. Donc, qu’il sied de les exhiber aussi.
Elles sont de la doloris ontologia. Elles méritent d’être établies, courageusement, elles aussi. Ne point participer au mensonge restitue un acte de courage exemplaire pour éduquer et préparer l’avenir. Les Romains savent ce que l’Empereur fou, Caligula, leur a imprimé aux fers, les traces mémorielles foisonnent. Il n’est donc pas insensé d’en dire sur les refondateurs assumés ou Rebfondateurs indexés et leur sollicitude matérielle continue en faveur de la Françafrique. De là, sûrement, l’impossibilité procédurale d’établir un bilan conforme aux attentes légitimes des populations africaines pour lesquelles, l’on s’auto désigne porte- étendard. Une trace ? Un boulevard fût- il baptisé aux noms de leaders africains inspirants ? N’Krumah, Nyerere, Lumumba, Empereur Sélassié, Roi Mohammed V, Mandela, Martin Luther King. Un Palais pour la Reine Pokou, un autre pour Mansa Soundiata Kéita ?
Quelque chose semblable à la trace mémorielle radieuse que l’historien, le Président Alpha Omar Konaré a laissé à la conscience panafricaniste. Lorsqu’on parcourt Bamako, l’on savoure comme fils ou fille d’Afrique les Monuments Modibo Kéïta, Kwamé N’Krumah, Halles Félix Houphouët-Boigny (le Président Houphouët- Boigny a été un grand panafricaniste pragmatique, du RDA à l’accueil de tous les Africains dès 1959, reconnu par le Président Konaré), Stade Daniel Ouezzin Coulibaly, etc. Le Monument de la Renaissance Africaine de Dakar, cette belle thématique du retour de l’histoire émancipatoire africaine, à laquelle je crois profondément, nous a été offerte par le Président Maître Abdoulaye Wade. Quel est donc le bilan de la Refondation comme idéalité politique incarnée ou infrastructure matérielle au service des gens, de leurs droits au bonheur solidaire, leur rêve de liberté, leurs racines africaines, leur partage d’humanité ? Les fantasmes ne réifient que les esprits béotiens. Toute ascèse au pouvoir et aux responsabilités reste une marche rude. Et toute marche laisse une trace. L’observateur impartial décrit cette trace, exhibe ses ressorts, ses forteresses mémorielles et sa cohérence systémique pour éduquer et préparer l’avenir. Le pouvoir est un moyen pour servir et mériter la confiance du peuple. Pas une fin en soi pour sédimenter l’insouciance, le revanchisme docte, l’accès aux ressources, celles de la veuve, de l’orphelin. Et, en jouir. Pour conclure, je rappelle une tare. Les dirigeants et soutiens de l’Internationale Socialiste de la dernière cuvée ont saigné nos trésors publics dans l’ébriété totale pour leur vie émolliente, l’insouciance voire le reniement de leur serment de protéger le peuple africain, de travailler à son bien -être social. Les Présidents Laurent Gbagbo, Alpha Condé, IBK, Mahamadou Issoufou, Roch Kaboré ? Qu’ont-ils donc laissé comme trace ? Si peu… si peu de trace bonne. Ils ont conforté la dérive de l’Internationale Socialiste en confrérie françafricaine abjecte et scélératesse des intérêts du Peuple africain et du Peuple français. Pourtant, depuis le 71è Congrès du Parti Socialiste français tenu à Best en 1997 qui a vu l’élection de François Hollande, la connexion programmatique des socio- démocrates, socialistes pour le progrès social de l’homme en Afrique et en France, était actée. Que vient donc faire la scélérate Françafrique au sein des dirigeants des deux délégations dites de gauche ? Vous voyez bien que cette schizoïde attache à la matérialité sordide du monde par ceux qui ne sont ni porteurs d’idéalité pure, ni bâtisseurs de destin amélioré des peuples, est ruineuse tant pour la France que pour l’Afrique…
Il n’y a pas d’alternative. Il faut travailler au bien -être des Africains. Que l’on chante l’idéalité politique pure ou ami de la raison dans l’histoire et la responsabilité, construisons des ponts entre hier, aujourd’hui et demain. En vérité, le vrai homme politique sait que son aura commencera le jour de ses adieux au pouvoir d’Etat. Il le sait dès le jour où il s’assoit dans le fauteuil républicain, un fauteuil qui appartient à tous, et à toutes. L’autorité assise ne répond pas à la question de l’autorité debout et déroutée par la réalité. Cette catégorie des sciences morales et politiques ne s’applique donc pas à celui qui poursuit encore sa trajectoire de transformation structurelle de l’économie, de la vie des gens. La volonté du chef reste couverte par l’aura du silence. Cette aura du Président Ouattara restitue ce désespoir de ses adversaires impatients. Et l’impatience est une chose attentatoire à la justice envers soi-même et à la décence. Renforçons, cher ami, les digues de la République Constitutionnelle.
Votre indulgence,»
Mamadou Djibo Baanè-Badikiranè
Philosophe