Le mausolée érigé en hommage au premier héros national de la République démocratique du Congo (RD Congo), a été vandalisé, dans la nuit de ce lundi à mardi. Le constat était désolant, présentant des vitres cassées et le cercueil du héros, ouvert. La dent, la seule relique qui rappelait encore Patrice-Emery Lumumba aux siens, et à tout le peuple congolais, a-t-elle été emportée par les profanateurs? Sans doute pas, s’il faut s’en tenir aux dires de membre de la famille du premier Premier ministre de la République du Congo, aujourd’hui, RD Congo, qui révèle que le précieux et seul souvenir qui reste de l’homme est gardé en lieu sécurisé et sûr. Si cette version est confirmée, ça serait tant mieux pour tout un peuple, qui a attendu, des dizaines d’années, pour le retour de cette seule dent, qui symbolise toute une époque, en terre congolaise. Elle représente l’icône de la lutte pour l’indépendance de la RD Congo.
Patrice Lumumba, qui, après avoir déclenché les hostilités contre le colonisateur belge, notamment par son rapprochement, des panafricanistes, dont le Ghanéen Kwame N’Krumah ou l’Antillais-Algérien Frantz Fanon, n’aura plus de répit. Il fera, du reste, les frais de son crime de lèse-majesté, commis à l’endroit du roi belge Baudoin 1er, qui a vécu comme un affront, le discours du Premier ministre de Joseph Kasa-Vubu, lors de l’accession à l’indépendance du Congo, le 30 juin 1960. L’indépendantiste radical et virulent Patrice Lumumba, l’ennemi juré de la puissance colonisatrice, renforce sa popularité, mais aussi la haine du Royaume de Belgique, contre sa personne.
Trahi par ses propres compatriotes, emprisonné et évadé, puis repris, humilié, torturé et fusillé, le leader indépendantiste, en dehors de son œuvre pour la libération de son pays des griffes du colon, quittera ce monde des humains, sans laisser aucune trace, car son corps a été dissous dans l’acide. Joseph Désiré Mobutu aurait été à l’origine de cet acte abominable. Seule la dent du père de l’indépendance congolaise, qui avait été volée par un policier belge qui aurait fait partie du commando de tortures, retournera sur la terre de ses aïeux en 2022, soit 61 ans après l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba, de son vrai nom, Elias Okit’Asombo. Alors que la polémique est loin d’être dissipée sur l’authenticité de cette dent, comme celle de Lumumba, voici que naît l’affaire dans l’affaire.
Qu’est-ce qui peut bien justifier cette profanation du mausolée de Patrice Lumumba? Simple acte de vandalisme de simples profanateurs de tombe? Est-ce une autre manière de tuer, une deuxième fois le père de l’indépendance congolaise? Pourtant, le peuple congolais, et toute l’Afrique, continuent d’espérer que la vérité soit, enfin, connue sur la disparition de Patrice-Emery Lumumba. En attendant la suite et le verdict de l’enquête, il faut certainement déplorer le fait que cet endroit, qui aurait dû constituer un site de pèlerinage obligé pour les Congolais et leurs hôtes, ne bénéficie pas d’une attention particulière de la part de l’Etat, en matière de sécurisation. Car le mausolée de Patrice Lumumba, est un lieu qui porte, à lui seule, une grande charge de l’histoire du pays de Félix Tshisekedi .
En tout cas, il est plus qu’important, et même urgent, de découvrir les mobiles de cette profanation, et d’en châtier, le ou les auteurs, à l’aune de leur crime. Mais il importe, déjà, de procéder à la restauration du site et de le protéger, à défaut d’en faire un endroit névralgique, contre tout autre acte de vandalisme qui porterait encore, un coup plus dur, à une époque aussi lourde en charge historique de la République démocratique du Congo.
Par Wakat Séra
