Encore les femmes! Une fois de plus, une guerre met les femmes en danger, les livrant aux pires formes de violences, notamment le viol, l’esclavage sexuel, les enlèvements. Des atrocités qui ne sont, visiblement, pas prêtes de prendre fin, car le conflit lui-même, oublié de la communauté internationale qui ne l’évoque que du bout des lèvres, comme pour se donner bonne conscience, semble avoir encore de beaux jours devant lui. Surtout avec le soutien connu et reconnu de pays limitrophes ou lointains, défendant des intérêts propres et égoïstes.
Les Forces armées du Soudan (FAS) et le général Abdel Fattah Al-Burhan, soutenus, par la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Egypte, ne cessent de faire cracher le feu tandis que les Forces de soutien rapide (FSR), les milices paramilitaires du général Mohamed Hamdan Daglo alias Hemetti, qui sont inondés régulièrement d’armements fournis par les Emirats arabes unis (EAU), sont loin de penser à enterrer la hache de guerre. Et les deux belligérants ne sont, visiblement, dans aucune logique de fumer le calumet de la paix, au grand dam des populations civiles, mais surtout des femmes, prises entre le marteau des FAS et l’enclume des FSR.
Mais, c’est surtout la psychose généralisée d’être enlevées, violées et subir l’esclavage sexuel, devenus les sports les mieux pratiqués par les hommes des FSR, dont la guerre semble avoir décupler la libido, qui pousse les femmes et les jeunes filles à rejoindre les rangs de l’armée régulière, pour se protéger contre toutes ces agressions. Ces nouvelles «amazones» des Forces armées soudanaises, encore incertaines d’être envoyées en première ligne du front, comptent également, en plus de défendre leur patrie, venger les victimes sexuelles de cette guerre entre généraux, qui d’alliés hier, sont passés à ennemis aujourd’hui, soif du pouvoir oblige. La guerre au Soudan, comme les guerres ailleurs, arbore, de plus en plus, un visage féminin. La violence sexuelle s’est érigée en règle d’or, ce qui fait, en plus des enfants tenaillés par la faim et livrés aux balles assassines des militaires et paramilitaires, des femmes à qui la dignité humaine est ôtée, dans tout son sens, et sa laideur. Qu’elles soient chez elles ou sur la route de l’exil, vers des cieux plus cléments, les femmes sont devenues les cibles, par excellence de prédateurs, dont le sexe fait autant de ravage que le canon.
Désormais généralisée, cette violence sexuelle n’épargne, ni les jeunes filles, ni les femmes d’un certain âge, rajoutant, ainsi, à la vulnérabilité de populations civiles, dont, au moins 3 millions de personnes ont trouvé refuge, surtout dans les pays voisins. Les chiffres fournis, par l’ONU, sur cette guerre des généraux, vieille seulement de 18 mois, sont inquiétants. Florilège: depuis le 15 avril 2023, début des hostilités, ce sont au moins 18 800 personnes tuées, 11,4 millions de personnes déplacées internes, 80% des hôpitaux non fonctionnels, et un besoin d’assistance pour 14 millions d’enfants. Total des courses, pour venir en aide aux soudanais, il urge de réunir une belle cagnotte de 2,7 milliards de dollars. Question: au lieu de se mettre à la recherche de fonds colossaux, qu’elle ignore encore où les trouver, le cercle des bons Samaritains s’étant réduit comme peau de chagrin, pourquoi l’ONU ne lutterait-elle pas, de toutes ses forces, pour la fin de ce conflit qui, malheureusement, préoccupe nettement moins la communauté internationale, que Gaza et l’Ukraine?
En tout cas, ce 25 novembre, «Journée mondiale de lutte contre les Violences basées sur le genre», ces VBG qui constituent une plaie purulente et odieuse pour l’humanité, doit être, plus que jamais, l’occasion d’associer au message officiel, la dénonciation de cette guerre au Soudan, qui met, une fois de plus, les femmes au centre d’une problématique mondiale, en plus de la pauvreté et des maladies.
Il est grand temps de penser, sérieusement, à sauver le Soudan…et ses femmes!
Par Wakat Séra