56,55% des voix pour John Dramani Mahama. 41,61% pour Mahamudu Bawumia. Taux de participation de 60,9%,reconnu faible, par rapport à l’élection de 2020. Ces chiffres rendus publics par la commission électorale, viennent confirmer la victoire, annoncée depuis ce dimanche, du candidat du Congrès national démocratique (NDC), le principal parti de l’opposition ghanéenne.
Comme Donald Trump aux Etats-Unis et Lula Da Silva au Brésil, John Dramani Mahama, est de retour au palais présidentiel. Alors que les résultats n’avaient même pas été proclamés, le candidat malheureux, dans un fair-play rare lors des élections sous les tropiques, avait dèjà pris son téléphone pour féliciter son adversaire. Fait inédit en Afrique! Le Ghana confirme, ainsi, son ADN de pays de démocratie. Contrairement à ses footballeurs en pleine descente aux enfers, alors que les Ghanéens portaient si bien leur surnom de «Brésiliens de l’Afrique», les «Black Stars politiques» ont écrit en lettres d’or, une belle page de l’histoire de leur pays, à la suite, des élections générales de ce samedi 7 décembre.
Après une campagne électorale qui s’est déroulée sans accroc, avec des leaders et des populations qui ont appelé à faire des élections, une fête, contrairement à d’autres pays où c’est la guerre et des violences de toutes sortes, qui caractérisent les périodes pré et post électorales, les votes, dans l’ensemble, ont été marqués par une discipline et une bonne tenue des électeurs et des candidats. Cerise sur le gâteau, avant même la proclamation des résultats par la commission électorale, le candidat du Nouveau parti patriotique (NPP), au pouvoir, le vice-président, Mahamudu Bawumia, a reconnu sa défaite, «pour éviter tout risque et préserver la paix» de son pays. Dans le même temps, son adversaire direct, l’ancien président, champion du Congrès national démocratique (NDC), s’est gardé de toute déclaration triomphaliste, avant le verdict des urnes.
Vox populi, vox dei! C’est une réalité au Ghana, où le peuple attend les élections pour censurer le dirigeant qui ne fait pas son bonheur. Car, il faut le dire, c’est, bel et bien, le bilan économique catastrophique du Ghana, qui fait face à une inflation et un endettement sans commune mesure, qui a contribué à la chute du parti au pouvoir, et favorisé le retour au palais présidentiel de l’opposition. Clin d’oeil du destin ou versatilité légendaire des électeurs, c’est la même mauvaise gestion économique qui avait été reprochée à celui qui se présente comme le «bâtisseur de la nation» pour lui barrer, en 2016, l’accès au second mandat, dans un duel entre lui et…Nana Akufo-Addo. John Dramani Mahama, devra, donc, mettre à profit son expérience d’homme d’Etat, acquise au cours de son mandat, juillet 2012 au 7 janvier 2017, et tirer les leçons du double mandat de son prédécesseur, pour redonner espoir aux Ghanéens, notamment à une jeunesse désenchantée, qui ne rêve plus que de prendre la route de Londres ou de Washington.
Pourtant, le Ghana est le premier pays producteur d’or en Afrique, faisant honneur à son premier nom, «Gold Coast», et occupe le deuxième rang mondial de producteur de cacao. Mais apparemment, tout ce qui brille n’est pas or, car, le pays de Kwame Nkrumah, grand corps malade, a été contraint de se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI), pour recevoir une perfusion, sous forme de prêt, de trois milliards de dollars! De plus, les populations ne cessent de dénoncer la cherté de la vie, marquée par le prix élevé du carburant, et chose paradoxale, du coût élevé de l’électricité, malgré la présence, en terre ghanéenne du grand barrage d’Akossombo.
En tout cas, c’est le Ghana qui a gagné un galon de plus, sur l’échelle de la démocratie. Mais le gagnant doit avoir la pleine conscience de ce qui l’attend comme challenge à relever, surtout qu’il risque de ne pas bénéficier du moindre état de grâce, tant les priorités sociales sont énormes. Le «sauveur» sera-t-il à la hauteur des attentes du peuple? Wait and see!
Par Wakat Séra