Les interventions de la Banque Africaine de Développement (BAD) « se sont toujours inscrites en droite ligne des référentiels nationaux de développement », a déclaré, à Ouagadougou, le ministre burkinabè de l’Economie et des Finances, Dr Aboubacar Nacanabo, à la cérémonie commémorative des 60 ans d’existence de la banque, le mardi 17 décembre 2024. La BAD est une institution qui, depuis sa création, incarne « l’espoir, la résilience et le progrès de notre continent », a affirmé Dr Aboubacar Nacanabo qui a noté que « grâce à (ses) financements et à (son) expertise, des millions d’Africains ont vu leur quotidien s’améliorer ». Des discours, des projections vidéos montrant quelques œuvres de la banque au Burkina Faso comme des témoignages, des partages d’expérience des bénéficiaires des financements de l’institution panafricaine et la coupure du gâteau d’anniversaire ont été les temps forts de cette cérémonie.
La Banque Africaine de Développement (BAD) célèbre les 60 ans de son existence cette année. Sa représentation au Burkina Faso a convié, à Ouagadougou, dans la soirée du mardi 17 décembre 2024, dans un hôtel huppé de la capitale, ses invités de marques pour une cérémonie solennelle en vue de partager ses œuvres et réitérer son plein engagement à accompagner le pays des « Hommes intègres » dans ses initiatives de développement économique et social. Pour marquer les 60 ans de la BAD, plusieurs activités sont organisées autour du thème: « 60 ans à faire la différence ».
Pour le Burkina, « la BAD a été un partenaire privilégié dans des projets structurants »
Cette cérémonie a connu la présence de plusieurs membres du gouvernement dont le patron de la cérémonie, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Aboubacar Nacanabo. « Vous êtes bien plus qu’une institution financière. Vous êtes un partenaire stratégique, un catalyseur de transformation, et un symbole de solidarité africaine », a dit Dr Nacanabo.
En 60 ans, la BAD a su démontrer son « engagement indéfectible envers la promotion d’un développement inclusif et durable. Que ce soit dans les secteurs de l’agriculture, des infrastructures, de l’éducation, de la santé ou de l’énergie, vos actions ont changé des vies et posé les bases d’une Afrique plus forte », a signifié le ministre de l’Economie et des Finances qui a fait savoir que pour ce qui concerne le Burkina Faso, « la BAD a été un partenaire privilégié dans des projets structurants ».
« Depuis 1970, les interventions de la BAD se sont toujours inscrites en droite ligne des référentiels nationaux de développement, tels que le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, la Stratégie de croissance accélérés et de développement durable, le Plan national de développement économique et social et, plus récemment, le Plan d’action pour la stabilisation et le développement 2023-2025 », a-t-il souligné.
Ainsi, au Burkina Faso, les interventions du Groupe de la BAD occupent « une place de choix dans le tissu économique et social avec une part contributive assez importante à la formation du produit intérieur brut, et cela, depuis 54 ans avec un volume financier important en termes d’opérations évalué à près de 1 300 milliards de F CFA aussi bien dans le secteur public que privé depuis 1970 », a salué Dr Aboubacar Nacanabo qui a encouragé la banque du continent à continuer « à investir dans la jeunesse, à accélérer les efforts vers une transition verte, pour bâtir une Afrique résiliente face aux défis climatiques et à renforcer l’intégration régionale, condition essentielle à la compétitivité globale de notre continent ».
« 22 projets d’un montant total de 500 milliards FCFA sont en cours de réalisation en 2024 »
A travers plusieurs capsules vidéos, la BAD a montré au public quelques-unes de ses réalisations dans divers secteurs au Burkina Faso tels le transport, l’énergie, l’agriculture, la santé, l’éducation, l’environnement, l’eau et l’assainissement. Des responsables des départements bénéficiaires ont salué l’excellence de la coopération et souligné l’importance des interventions de la banque qui a fait du développement des pays africains son combat.
Le ministre de l’Economie et des Finances a signifié que les projets déployés par la BAD actuellement riment avec les référentiels de développement, notamment, le Plan d’Action de la Stabilisation et le Développement. Il ressort que pour cette année, « 22 projets sont en cours de réalisation pour un montant total de 500 milliards FCFA ».
Par l’accompagnement de l’institution financière, des infrastructures sont réalisées pour améliorer la production, créer des emplois et augmenter les revenus des producteurs. Ces actions cadrent avec l’initiative présidentielle visant à la souveraineté alimentaire du pays. Avec le soutien de la banque, le Burkina Faso vise un accès à l’électricité de 60% d’ici à 2027 en réduisant les disparités urbaines et rurales. La banque mise également sur le renforcement des infrastructures dans les domaines des transports, de l’énergie, l’accès à l’eau potable, l’éducation, l’assainissement, etc.
La BAD a investi « 77 milliards de dollars dans près de 3 000 projets à travers le continent »
Le Responsable Pays de la BAD, Daniel Ndoye, a brièvement développé l’histoire de la banque à l’entame de son speech. Il a signifié qu’avec des modestes débuts avec un capital de 250 millions de dollars, la BAD est passée aujourd’hui à plus de 300 milliards de dollars. « La banque a connu une expansion remarquable. En six décennies d’existence, elle n’a pas seulement su mobiliser des ressources considérables pour répondre aux besoins des États membres. Elle a également développé une expertise unique dans des secteurs clés du développement, notamment l’agriculture, l’énergie, les infrastructures, la gouvernance et la lutte contre le changement climatique », a affirmé Daniel Ndoye, précisant que rien que sur les dix dernières années, la BAD a investi « 77 milliards de dollars dans près de 3 000 projets à travers le continent. Ces investissements ont eu un impact direct sur la vie de plus de 400 millions de personnes ».
En mai dernier, a-t-il poursuivi, la banque du continent africain, a adopté sa nouvelle Stratégie décennale 2024-2033, qui renforce son engagement à soutenir le développement durable de l’Afrique à travers ses cinq grandes priorités appelées les « High Five », et formulées comme suit : « éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique ; nourrir l’Afrique ; industrialiser l’Afrique ; intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations africaines ».
Ces objectifs stratégiques reflètent une « vision ambitieuse, celle de stimuler une croissance inclusive, renforcer l’intégration régionale et bâtir une Afrique prospère, plus résiliente face aux défis du XXIᵉ siècle », a laissé entendre M. Ndoye qui a rappelé que c’est en mars 1970 que la BAD a mené sa toute première opération au Burkina Faso, alors appelée la Haute-Volta, sous la forme d’une ligne de crédit destinée au secteur industriel et minier. « Depuis lors, elle a financé près de 120 projets pour un montant cumulé d’environ 1 300 milliards de F CFA. Ces projets couvrent des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’énergie, les infrastructures de transport, l’eau potable, l’assainissement et le développement social », a soutenu le Responsable Pays de l’institution financière.
A titre illustratif, la BAD est « fière » d’avoir apporté sa contribution à de nombreux aménagements hydro-agricoles dont ceux de Bagré et de la Léraba, à la réalisation du Barrage hydro-électrique de Kompienga, à la réhabilitation de la route Banfora-Gaoua-Batié, à l’approvisionnement de la ville de Ouagadougou en eau potable par le Barrage de Ziga, ou à l’amélioration de la qualité de l’enseignement de base, a-t-il martelé.
La BAD renouvelle son ambition pour l’avenir pour relever les défis immenses
Le Responsable Pays de la BAD a indiqué que l’ouverture d’un Bureau de l’institution à Ouagadougou en 2006, a permis de renforcer la coopération, et d’assurer une proximité avec les populations bénéficiaires. « Au 30 novembre 2024, le portefeuille de la Banque au Burkina Faso se compose de 22 projets, représentant un volume d’engagement en cours de 500 milliards de F CFA, auquel il faut ajouter le projet de réhabilitation de la route Bobo Dioulasso-Banfora-Frontière Côte d’Ivoire récemment approuvé pour un montant d’environ 55 milliards FCFA », a-t-il détaillé.
Selon son explication, ces projets s’inscrivent dans les deux domaines d’intervention prioritaires de la BAD au Burkina Faso articulés dans son Document de Stratégie Pays Intérimaire 2022-2025 et alignés sur le Plan d’Action pour la Stabilisation et le Développement du Burkina Faso. Ces deux axes stratégiques d’intervention sont « premièrement, de renforcer les infrastructures durables pour une croissance inclusive et verte et, deuxièmement, de soutenir les chaînes de valeur agricoles pour renforcer la résilience de l’économie ».
« Célébrer 60 ans d’engagement, c’est honorer le chemin parcouru, mais c’est aussi renouveler notre ambition pour l’avenir. Les défis restent immenses. La sécurité alimentaire, l’accès universel à l’énergie et à l’eau potable, la lutte contre les effets du changement climatique, la création d’emplois décents pour les jeunes et les femmes, sont autant d’urgences pour lesquelles nous restons fortement mobilisés », a déclaré Daniel Ndoye.
Des bénéficiaires partagent leurs expériences au public
Deux bénéficiaires que sont Marguérite Kaboré et Françoise Kouanda/Kondombo ayant obtenu des sous projets notamment dans les domaines de l’assainissement et de l’éducation. Mme Kaboré a témoigné que grâce à l’appui de la BAD, sa structure qui s’occupe de la transformation des déchets toxiques, a augmenté sa production. « La BAD a vraiment changé nos vies », a-t-elle remercié et salué avant de réitérer, à l’endroit de la banque, leurs sollicitations pour encore « beaucoup plus d’aides. Elle a présenté les produits finis que sa structure fait de la transformation des déchets toxiques qui est leur matière première.
Mme Françoise Kouanda/Kondombo, une directrice d’école qui dirige une association féminine a bénéficié des fonds de la BAD dans le cadre du Projet de repas scolaires à base de produits locaux pour une nutrition intelligente au Burkina Faso (PRSN). Ce projet a amélioré les cantines scolaires de plus de 500 élèves de l’école qu’elle dirige. Elle a égrené un chapelet des bienfaits de l’idée qui permet entre autres de varier et équilibrer l’alimentation des élèves. Elle a souligné que ce projet a permis à l’école d’avoir aussi un plus sur le plan pédagogique.
En rappel, la BAD a été officiellement créée le 4 août 1963 à Khartoum, au Soudan. Elle est le fruit de la volonté collective des États africains d’offrir une réponse aux aspirations de développement économique et social du continent. Son Accord d’établissement est entré en vigueur le 10 septembre 1964.
Par Bernard BOUGOUM