Le feu qui a réduit en cendres une partie de l’hémicycle au Liberia est d’origine criminelle! Avant même le verdict des enquêtes, c’est donc la piste criminelle qui prend le dessus sur celle accidentelle, en ce qui concerne l’incendie qui a dévasté, ce mercredi, un pan important du bâtiment qui abrite la Chambre des représentants.
Plus qu’un fait divers, c’est une page tumultueuse qui s’écrit en feu dans l’histoire du Parlement libérien. Du coup, ce conflit ouvert entre élus de la nation ne fait que menacer la gestion du Liberia au sommet. Si un modus vivendi n’est pas trouvé dans un laps de temps, pour calmer les ardeurs des députés dont une majorité, soit 43, ne veut rien d’autre que le scalp du président de la Chambre des représentants, qu’elle accuse de corruption, les sapeurs-pompiers qui ont eu tout le mal du monde pour maîtriser l’incendie de l’hémicycle ne pourront rien contre le feu de l’impasse socio-politique qui guette le Liberia. Le péché de Jonathan Fonati Koffa, en attendant que des preuves formelles des griefs qui lui sont reprochés soient rendus publics, est d’être l’avocat de compagnies minières. Des conflits d’intérêts sont alors dénoncés par les frondeurs qui s’arc-boutent, ferme, sur la destitution pourtant controversée du président de l’Assemblée nationale qui est issu de l’opposition.
Une guerre des députés qui n’est pas pour déplaire au chef de l’Etat du Liberia, Joseph Boakai, même si cela lui fait commencer, ainsi, une présidence sur des braises. Surtout que le Congrès pour le changement démocratique, le CDC, parti de son prédécesseur, George Weah se mêle à la danse, ce qui annonce une crise, entre pouvoir et opposition, bataille qui pourrait conduire le pays vers des lendemains difficiles. Dans ce jeu hautement inflammable, au propre comme au figuré, c’est le peuple qui manifeste une inquiétude logique, qui en pâtira. Il ne faut pas être grand analyste politique pour en arriver à cette conclusion, le Liberia étant confronté à une économie exsangue, dans une marmite bouillante de maux dont les principaux, et plus explosifs, sont la corruption, le chômage, le manque d’emplois pour une jeunesse en manque de repère, et la vie chère.
A y bien réfléchir si ce bras-de-fer conduisait à la démission, forcée bien entendu, du président de la Chambre des représentants, ce serait du pain béni pour Joseph Boakai qui sat qu’il ne peut gouverner, avec un opposant à la tête de l’institution qui vote les lois. Les blocages pourraient se multiplier, au risque de rendre impossible, la réalisation des projets de l’exécutif, et, pire, la gouvernance du pays. Ceci expliquerait donc bien cela! Les tensions politiques, dont ces affrontements dans le saint des saints législatif, qui ont nécessité l’intervention de la police avec des tirs de gaz lacrymogènes, ne seraient donc pas si anodins, car pouvant avoir pour but final pour le pouvoir, de retirer à l’opposition, le perchoir. Pour l’instant, la crise bat son plein, et pourrait connaître ses pics dans les prochains jours, Joseph Boakai ayant promis que les responsables de cet incendie seront traduits devant la justice. Donc châtiés!
En tout cas, c’est bien pour éviter ce genre de situation qui conduit inévitablement à l’impasse, que le nouveau pouvoir sénégalais, avec l’attelage, Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, a procédé à la dissolution de l’ancien parlement qui lui était foncièrement hostile, pour lui donner les couleurs dominantes des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), le parti au pouvoir. Le Liberia en arrivera-t-il à ce stade? Wait and see, comme on le dirait, dans les rues de Monrovia.
Par Wakat Séra