Le Haut-commissaire de la province du Houet, Laurent K. Kontogom, dans un arrêté datant du 4 janvier 2025 se veut clair : aucune installation ou intronisation de nouveau chef coutumier jusqu’à nouvel ordre dans la province du Houet « en raison de risques de troubles graves à l’ordre public ».
Les préfets de département, le Commandant de la Compagnie de Gendarmerie de Bobo-Dioulasso et le Directeur provincial de la police nationale du Houet, ont, comme qui dirait, été instruits de s’assurer de l’application dudit arrêté. Il est vrai que l’autorité ne donne pas plus de détails concernant les raisons de la prise de cet arrêté autre que « des risques de troubles graves à l’ordre public », mais force est de reconnaitre qu’elle cherche à éviter des violences communautaires.
Des violences qui pourraient émaner de l’installation et ou de l’intronisation d’un deuxième chef dans des villages de la province du Houet. Il nous revient de nos sources que dans certains d’entre eux, il y a déjà deux chefs. Sur quelle base ? nous l’ignorons. Le 29 décembre dernier, nous assistions à Kua à un rassemblement des dix chefs de village de Bobo et de plusieurs jeunes du village de Kua pour manifester leur soutien au chef dudit village qui s’insurge contre la désignation d’un chef au secteur 32 de Bobo, lequel secteur relève de son village.
Il affirmait « qu’il est impossible d’avoir deux chefs dans un même village ». Pour lui, ce n’est pas un souhait de voir éclater une crise dans ce contexte difficile que traverse déjà le Burkina Faso. Cette présente décision du Haut-commissaire du Houet peut donc s’inscrire dans la dynamique d’éviter cette situation. Alors, assistons-nous à l’affaiblissement de la chefferie de canton de Bobo ? Cet arrêté peut entrainer une interprétation de la sorte, mais retenons qu’elle est prise pour prévenir une tension sociale dont on se passerait volontier actuellement au Burkina Faso.
Ce type de décision n’est pas sans précédent. On se souviendra que dans la région de l’Est en juillet 2021, le Gouverneur avait suspendu les intronisations des chefs coutumiers à cause des tensions nées dans le cadre de la succession au trône de Kupiendieli. Ces décisions administratives illustrent les défis auxquels sont confrontées les autorités burkinabè pour concilier préservation des traditions et impératifs de sécurité publique.
Abdoul-Karim Etienne SANON
L’Express du Faso