A l’Université de Ouagadougou, un mot d’ordre de grève de 72H décrété à compter de ce mercredi 6 novembre 2017 par la plus grande structure syndicale estudiantine du Burkina, l’ANEB (Association nationale des étudiants burkinabè) divise les étudiants. Selon des informations rapportées à Wakat Séra, ce problème nourrit de vives tensions qui laissent planer des risques d’affrontements plus grands entre militants d’associations estudiantines.
Si des étudiants sont sortis des salles et autres amphithéâtres du campus de plein gré en guise de soutien à l’ANEB qui exige du conseil de discipline de la plus grande université publique du Burkina, l’annulation de sa sanction prise contre Bahan Yélino, étudiant en 1re année d’Anglais, à l’Unité de Formation et de Recherche en Lettres, Arts et Communication (UFR/LAC), membre de la dite corporation, d’autres par contre ont exprimé leur «profond mécontentement», voulant même en découdre avec les militants de l’association. Ces membres de l’ANEB sillonnaient les salles de cours pour porter l’information aux étudiants et leur demander de se rallier à la lutte contre l’«atteinte aux libertés syndicales et démocratiques sur le campus», selon des témoins à Wakat Séra.
Hier, la situation était tendue entre des étudiants sur le site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) où les premières et deuxièmes promotions des étudiants en Sciences juridiques et politiques (SJP) et Sciences économiques et de gestion (SEG) prennent cours. Cette tension est due au présent mot d’ordre de grève qui vient augmenter le nombre d’arrêts de cours s’enchaînant dans les universités publiques ces derniers jours, a-t-on appris.
Dans la même journée de mardi, des dizaines d’étudiants «ont fait la loi» à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina. Des élèves, «visages couverts, munis d’armes blanches, obligeaient leurs camarades à arrêter les cours. Ce matin il y a eu un affrontement entre des grévistes et élèves non-grévistes», a indiqué à Wakat Séra, un enseignant de lycée de la deuxième capitale économique du Burkina qui a préféré garder l’anonymat.
Une coalition de délégués de promotions soutenus par des frondeurs de l’ANEB ont adressé mardi aux autorités administratives de l’université de Ouagadougou une note pour signifier leur « ras-le-bol » quant aux grèves intempestives et condamner « fermement l’attitude de l’ANEB » qu’ils accusent de vouloir « sacrifier » leur année académique.
Les contestations et autres oppositions qui sont monnaie courante dans les universités publiques surtout l’université Ouaga I professeur Joseph Ki-Zerbo et de l’université Ouaga II, risquent de tourner au drame, notamment, entre les militants de l’ANEB et leurs frondeurs «si rien n’est fait», ont signifié des étudiants.
Selon des observateurs avisés du système éducatif, les grèves intempestives observées au niveau des établissements secondaires et supérieurs par les élèves, étudiants et syndicats des enseignants, ont fait que la moitié des évaluations du premier trimestre des écoles secondaires sont restées en suspens.
Par Mathias BAZIE