A la suite d’une garde-à-vue qui a commencé le 5 mars et durant laquelle il ignorait, tout comme son avocat d’ailleurs, le ou les mobiles de son arrestation, le journaliste tchadien, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays, Olivier Monodji, a, depuis ce lundi, rejoint une cellule de la prison de Klessoum. Et c’est également le jour de son incarcération que notre confrère, et ceux qui seront, désormais, ses codétenus, un journaliste du service public et deux autres personnes, en sauront un peu plus sur les griefs qui sont portés contre eux. Entre autres, ils sont accusés d’«intelligence avec une puissance étrangère»L Des faits dont la gravité, selon le procureur de la république, avaient conduit à l’ouverture d’une information judiciaire qui a abouti à la mise au frais d’Olivier Monodji. Les charges sont «très lourdes», et la peine encourue par les nouveaux prisonniers du pouvoir du nouveau Maréchal Mahamat Idriss Déby, va de 20 à 30 de prison!
Rien ne peut justifier une «intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique» de son propre pays et plus que quiconque, Olivier Monodji, le journaliste, de surcroît, patron d’un organe de presse qui a pignon sur rue au Tchad, ne saurait l’ignorer. Sauf que selon l’un des avocats de «l’ouvrier de la plume», le dossier est «vide». Plus qu’un simple constat pouvant ne servir qu’à défendre la cause un client, ce mot «vide», venant de ces hommes qui, sous leurs robes détiennent des notions de droit pointues et une mine de connaissances de la loi, sonne comme la preuve d’une de ces accusations dont sont victimes des journalistes qui ne font que leur noble, mais devenu dangereux, métier d’informer leurs concitoyens. Ils sont ainsi nombreux, à goûter à la solitude mortelle des geôles, ces hommes et femmes qui, malgré un contexte difficile, voire dangereux pour leur vie, servent la soif d’être informé dans la vérité et le professionnalisme, d’un public qui préfère se départir des rumeurs, fakes news et autres scoops non fiables des réseaux sociaux.
Et si, fort de la magnanimité et de la légitimité populaire que lui ont conférées les urnes du 6 mai 2024, et surtout dans l’intérêt de la démocratie dont il vient de rouvrir l’ère après une transition, le Maréchal Mahamat Idriss Deby, mettait fin à cette publicité de mauvais goût dont le Tchad est loin d’avoir besoin actuellement? Olivier Monodji et ses co-accusés retrouveront, ainsi, leurs familles pour le plus grand bonheur des Tchadiens qui ont bien envie, eux-aussi de humer le parfum si doux de la liberté. C’est une opportunité belle pour Mahamat Idriss Deby d’inaugurer une nouvelle vie pour ses concitoyens, qui n’ont été coutumiers que des coups d’Etat, des guerres civiles et des rebellions!
Libérez donc Olivier Monodji! Le patron de l’hebdo Le Pays doit pouvoir retrouver sa véritable place, celle qui est derrière sa table d’où il dirige les conférences de rédaction, afin de donner aux Tchadiens, une «information juste et indépendante», selon le slogan cher à son célèbre jumeau, Le Pays, au Burkina Faso.
Par Wakat Séra