A l’instar du peuple qui, visiblement, compte tourner le dos aux démons de la violence qui hantent, depuis 2010 les urnes en Côte d’Ivoire, 25 partis de l’opposition se mettent ensemble pour une élection apaisée .
La Coalition pour l’alternance pacifique ou «Cap-Côte d’Ivoire», mise en place pour une quiétude en période pré et post-électorale, ne se présente pas, systématiquement, comme un front idéologique de l’opposition contre Alassane Ouattara. Cependant, par sa dénomination axée sur le concept d’alternance, ce regroupement de partis politiques, montre clairement le chemin de la sortie au président ivoirien, même si celui-ci n’a exprimé aucune initiative de briguer son second mandat de la IIIe République.
En effet, mise en place depuis sa promulgation, le 8 novembre 2016 de la constitution approuvée par referendum, par le peuple, le 30 octobre 2016, la constitution donne bien le droit au président octogénaire de chercher à conserver, encore pour cinq ans, son fauteuil. Sauf que pour ses détracteurs, le patron du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), s’il s’aligne dans la course à sa propre succession, ne solliciterait, ni plus, ni moins, qu’un quatrième bail au gouvernail de la Côte d’Ivoire. Un débat qui n’est en réalité d’actualité que pour les politiciens, la question ayant été tranchée par le droit. Du reste, l’opposition, en optant pour une «alternance pacifique» se met au diapason de la constitution.
Plus qu’une action d’éclat, la voie que tracent les 25 partis qui composent la «CAP-Côte d’Ivoire» est louable, appelant un scrutin ouvert, mais surtout démocratique, afin que le meilleur candidat, celui sur qui portera le choix du peuple, soit élu, selon la vérité des urnes. C’est d’ailleurs le vœu affiché de «CAP-Côte d’Ivoire» dont la plate-forme prône une «unité d’actions des partis politiques de l’opposition en faveur des réformes électorales susceptibles de garantir des élections inclusives, libres, justes, transparentes et apaisées en octobre 2025 en Côte d’Ivoire, conformément aux standards internationaux». L’opposition prend, ainsi, au mot, le président Alassane Ouattara qui a annoncé des élections calmes. Ce dernier est donc face à des responsabilités historiques dans une Côte d’Ivoire où la réconciliation prend des airs d’une symphonie inachevée.
Du reste, n’est-ce pas cette réconciliation à la tête du client, qui justifie l’absence de la «CAP-Côte d’Ivoire, du Parti des peuples africains- Côte d’Ivoire, dont le président et candidat naturel, Laurent Gbagbo a été écarté des listes électorales? Le leader du PPA-CI qui a attendu en vain, l’amnistie qui doit effacer la condamnation par la justice de son pays à 20 ans de prison qui entraîne, logiquement, son inéligibilité, a tout de même été désigné comme candidat par son parti, pour cette élection présidentielle. Il est même en campagne ouverte, à travers des meetings cousus d’harangues dont l’ancien président ivoirien a seul le secret.
Question: la «CAP-Côte d’Ivoire» n’est-elle pas un signe de plus, de l’isolement de Laurent Gbagbo, par ses propres camarades de l’opposition? En dehors du patron du PPA-CI, ce cadre pour la promotion et la défense d’un véritable Etat de droit, regroupe tout ce qui compte dans le gotha politique ivoirien. On peut citer, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Tidjane Thiam, l’ex-Première dame et présidente du Mouvement des générations capables (MGC), Simone Ehivet, l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’guessan, président du Front Populaire ivoirien (FPI) et l’ancien ministre Charles Blé Goudé du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep).
Tout compte fait, la présidentielle d’octobre prochain, que chacun, quel que soit son camp politique, semble vouloir apaisée, n’en sera pas moins épicée, à la manière d’un bon plat pimenté d’Atiéké poisson, la spécialité culinaire à base de manioc, sur les berges de la lagune Ebrié!
Par Wakat Séra