Finalement, Nicolas Sarkozy a été rattrapé par ses relations contre-nature avec Mouammar Kadhafi. Ce qui lui vaut une garde à vue depuis ce mardi 20 mars 2018. Dans cette alliance forcée et tirée par tous les bouts, l’ancien président français qui a tout mis en œuvre pour sortir la Libye de la quarantaine à elle imposée par la communauté internationale, visait visiblement un objectif bien précis à en croire les révélations en 2012 de Médiapart. En effet, une note publiée par le média, accuse Nicolas Sarkozy d’avoir bénéficié de financements libyens pour sa campagne présidentielle de 2007. Mais avant nos confrères, Seïf al-Islam, qui a été le premier à accuser le président français d’avoir reçu de l’argent de son pays. Le fils Kadhafi avait lâché ce missile, qui fera boom dans le microcosme politique français, trois jours avant les bombardements de la Libye par Paris, Londres et Washington, sous mandat onusien. Mais cela n’empêchera point l’ignoble et injuste guerre dont Nicolas Sarkozy était à la manette, d’emporter en octobre 2011, Mouammar Kadhafi et un de ses fils, tués à Syrte. Et c’est le lendemain de l’annonce de la candidature du même Seïf al-Islam à la présidentielle libyenne prévue pour se tenir cette année, que la justice française a interpellé et placé en garde à vue, l’ancien président français, pour l’entendre lui, sur le présumé financement libyen de sa campagne présidentielle. Hasard ou clin d’œil bien malicieux dont seul le destin détient le secret?
En tout cas, comme s’ils sont faits l’un pour l’autre, Nicolas Sarkozy et la famille Kadhafi ne se lâchent plus depuis le voyage du premier à Tripoli, en 2005, en tant que ministre français de l’intérieur. Devenu président en 2007, Sarkozy œuvre à sortir la Libye de son statut de pays infréquentable, mis au ban de la communauté internationale notamment pour son implication dans des attentats terroristes dont celui de Lockerbie, le 21 décembre 1988 qui a fait 270 victimes. Mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et la Libye, grâce à l’argument très persuasif des pétrodollars et des ficelles diplomatiques bien tirées, a réussi plus ou moins à se refaire une place dans le concert des nations. Sauf que l’affaire dite des infirmières bulgares détenues en Libye depuis 1999, parce qu’accusées d’avoir inoculé volontairement le virus du Sida à des centaines d’enfants, a creusé et maintenu la distance entre Mouammar Kadhafi et la France. Glace qui sera brisée par Nicolas Sarkorzy dont l’épouse, Cécilia et le secrétaire général de l’Elysée à l’époque, Claude Guéant ramenèrent triomphalement à Paris en juillet 2007, les cinq infirmières bulgares que le Guide, sous la pression de la communauté internationale a accepté de libérer. A quelle autre condition? En tout cas, envers et contre tous les défenseurs des droits de l’homme et les défenseurs acharnés de la démocratie, Kadhafi plante sa tente à l’hôtel Marigny, nez à nez avec le palais de l’Elysée, en décembre de cette année 2007 où Paris et Tripoli filent comme le parfait amour. Dans l’euphorie des noces, la nouvelle fiancée de la France annonce la signature de 10 milliards d’euros de contrats, qui ne vont jamais être honorés par le Guide.
Nicolas Sarkozy est visiblement dans la gadoue jusqu’au cou. Et ce ne sera pas pour déplaire à la tribu des Gaddafis, cette branche de la tribu berbère des Houaras, dont est issu Feu Mouammar Kadhafi. Juste retour du boomerang que l’ancien président français prend en pleine figure. Quelle que soit l’issue de cette affaire, elle servira de leçon à tous ces grands qui se disent gendarmes du monde et chantres d’une démocratie et d’une bonne gouvernance pour lesquels ils pensent que «l’Afrique n’est pas mûre».
Par Wakat Séra