Accueil Editorial Présidentielle au Mali: le match des supporters aura lieu!

Présidentielle au Mali: le match des supporters aura lieu!

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Le match des supporters est engagé pour la présidentielle malienne de juillet 2018 (Ph DR)

Soumaïla Cissé, le président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) et chef de file de l’opposition est lancé dans la course à la présidentielle malienne de juillet 2018. C’est une véritable marée humaine qui a porté le candidat malheureux de 2013 vers le départ de la course au fauteuil de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Même la petite polémique autour des chiffres de 60 000 participants selon la presse et 80 000 à en croire les organisateurs ne peut cacher la vérité sur cette immense foule qui a pris d’assaut le stade du 26-Mars de Bamako, entièrement aux couleurs de l’URD. Certains n’ont pas hésité à faire la comparaison entre cette affluence phénoménale du samedi 12 mai et celle qui a accompagné l’installation de IBK pour la présidentielle de 2013. En tout cas, ce déferlement humain n’a pas manqué de donner du tonus au «poids lourd» de la politique malienne, qui affrontera pour la deuxième fois consécutive, Ibrahim Boubacar Keïta. Gonflé à bloc, l’ancien patron de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a annoncé arrivée «l’heure du changement» tout en mettant en garde contre la «fraude» qui l’aurait privé de la victoire en 2013.

«Nous n’accepterons plus cela», a prévenu le candidat Cissé comme pour dire à ses militants de se tenir prêts à contester tout résultat qui ne fera pas de lui le prochain président du Mali. C’est dire combien cette présidentielle pourrait être celle de tous les dangers pour un Mali déjà bien au creux de la vague. Gabegie au sommet de l’Etat, insécurité, «absence de libertés et surtout de perspective»  comme relevé par l’inénarrable activiste Ras Bath, constituent les principaux maux reprochés au pouvoir de IBK. Une partie de la population, notamment la jeunesse, des organisations de la société civile, des mouvements des droits de l’homme, ne fait pas dans la dentelle pour accuser le président malien d’avoir contribué au délitement des valeurs. Pire, malgré des avancées notoires relevées par ses partisans dans la lutte contre le terrorisme, les détracteurs de IBK ne passent pas par quatre chemins pour lui faire porter la perte du nord du «Mali ba» (Grand Mali) au profit de djihadistes et autres bandits de tout acabit. Toujours selon les adversaires de IBK, même l’économie malienne a pris un coup sévère, nonobstant la récupération par le pays, au détriment du Burkina Faso, de la place de premier producteur de coton.

Soumaïla Cissé réussira-t-il à chasser du pouvoir IBK, le président dont le bilan est loin de lutter en sa faveur? Dans ce royaume du tout politiquement possible, aucune hypothèse n’est à écarter, même si sur des bases purement sociologiques, loin donc de toute réalité politique, certains candidats sont dits «impossibles» d’accès au palais présidentiel de Koulouba. En tout cas, avec la démonstration de force à l’occasion de son installation, Soumaïla Cissé donnera sans doute des nuits blanches à IBK, actuellement en pleine opération séduction de sa diaspora, comme celle de la Côte d’Ivoire où il était en visite, pendant 48 heures, les 11 et 12 mai derniers.

Par Wakat Séra