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Procès du putsch manqué de 2015: le soldat Lompo a eu «peur» durant l’instruction

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Le soldat de première classe, Médanimpo Edouard Lompo, vingtième accusé appelé à la barre du tribunal militaire dans l’affaire du putsch manqué de 2015, ce lundi 23 juillet 2018, a nié les faits à lui reprochés. Poursuivi pour «attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre et coups et blessures volontaires», l’ex-garde de sécurité présidentielle a aussi rejeté certaines de ses déclarations de son premier passage devant le juge d’instruction à qui il n’aurait pas dit exactement la «vérité» sous le coup de la «peur».

Médanimpo Edouard Lompo, 33 ans, marié et père de trois enfants, a dit à la barre dans un français approximatif qu’au cours de la journée du 16 septembre 2015, date de l’arrestation des autorités de la transition, avoir «renforcé» la garde d’un poste qui se trouvait à l’arrière d’un poste intermédiaire de la présidence du Faso, sur instruction de l’adjudant-chef major Eloi Badiel, l’un des principaux accusés dans ce dossier.

Le soldat qui marchait à l’aide de béquilles car souffrant d’un mal de genou, a répondu au parquet qu’il n’a «rien» remarqué comme fait anormal le 16 septembre 2015 parce que de là où il était positionné, c’est-à-dire dans cette pièce contenant «seulement un fauteuil, un frigo et deux télévisions», ajouté à son mal de genou, il «ne pouvait rien voir comme mouvements» au grand dehors, c’est-à-dire la cour de Kosyam.

Sur insistance du parquet, il affirmé que ce n’est que bien plus tard qu’il a appris que des autorités avaient été envoyées dans le même bâtiment où se trouvait la pièce où lui se trouvait. Et il a trouvé cela «normal» car «ce n’était pas la première fois» que des autorités ont été convoyées en ces lieux, s’opposant ainsi au parquet qui a insinué qu’il devait être au «courant» du coup d’Etat qui s’exécutait.

A en croire Médanimpo Edouard Lompo, ce n’est que trois jours après l’enlèvement des dirigeants de la transition qu’il a su par l’entremise d’un sergent-chef, que c’était un coup d’Etat et que «le président c’est le général Gilbert Diendéré». Selon toujours cet accusé, c’est à son nouveau poste où il a été affecté à Dédougou (Ouest du Burkina) vers fin septembre 2015, qu’il a su que les événements avaient causé la mort de 14 personnes et provoqué des dizaines de blessés.

Elément du Groupement d’unité spéciale (GUS) de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui a perpétré le coup de force avorté, le sieur Lompo a nié avoir embarqué à bord d’un véhicule pour faire des patrouilles avec l’adjudant-chef Jean Florent Nion, également accusé dans cette affaire où 84 militaires et civils sont poursuivis.

S’il y a une chose qui a retenu l’attention du tribunal et du public au cours de l’interrogatoire à la barre du soldat de première classe Médanimpo Lompo, c’est la contradiction de ses déclarations contenues dans le Procès-verbal (PV) de l’instruction. Mais l’accusé l’a reconnu en soutenant qu’il avait dit des choses «fausses» devant le juge d’instruction parce qu’il n’était pas assisté par un avocat. Alors quand il a eu l’assistance de Me Timothée Zongo, il a décidé de «dire la vérité à la barre parce que c’est ici que chaque accusé doit dire ce qu’il a à dire», a-t-il indiqué au tribunal. Il a avoué avoir dit des contrevérités au juge dont la toge qu’il a appelé «robe noire» l’a «effrayé».

Selon le procureur Alioun Zanré, «c’est un moyen de défense» que l’accusé est en train d’exploiter. Me Zongo prendra le contre-pied du parquet militaire en faisant remarquer que son client «doit être apprécié» pour sa «franchise». Pour lui, «le jour de l’accouchement, il n’y a pas de honte. Je lui ai dit de dire toute la vérité», selon l’avocat.

Me Timothée Zongo a invité le parquet à «aller sérieusement aux faits pour qu’ils (avocats, partie civile et parquet) en discutent», au lieu de vouloir user de l’article 67 du code pénal comme «moyen pour coller des sanctions» aux présumés innocents, notamment son client Edouard Lompo. 

Le soldat de première classe à qui la parole a été donnée à la fin de son interrogatoire, a «demandé pardon» au peuple burkinabè et souhaité «prompt rétablissement à tous les blessés» du coup d’Etat manqué.

Après Edouard Lompo, c’est le caporal Timboué Tuandamba, 44 ans, marié et père de quatre enfants, jamais condamné, décoré de la médaille commémorative agrafe Mali, qui a été appelé à la barre. Il a également nié les faits après que le tribunal lui a notifié ses infractions à savoir l’«attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires».

L’audience suspendue à 17h, reprendra demain 24 juillet 2018 à partir de 9h Temps universel (TU).

Par Bernard BOUGOUM