Un dos Santos qui plus est fils du puissant ex-président angolais en prison! Qui l’eut cru? Et pourtant, c’est loin d’être de la fiction. Jose Filomeno dos Santos est bien en détention en Angola, accusé entre autres de détournement de fonds, de corruption, de blanchiment d’argent, d’escroquerie. 500 millions de dollars. C’est la rondelette somme qu’aurait détourné l’ancien patron du Fonds souverain angolais. Si Jose Filomeno bénéficie encore de l’incontournable présomption d’innocence, il n’en demeure pas moins que la justice de son pays dit avoir réuni contre lui, des preuves tout autant accablantes que patentes. Du reste, «Zenu», c’est le surnom du petit dos Santos, est au frais avec Jean-Claude Bastos de Morais, riche homme d’affaire angolais-suisse qui a géré une partie de ce fonds doté de 5 milliards de dollars. Jose Filomeno dos Santos, il faut le dire était déjà inculpé en mars dernier et placé sous contrôle judiciaire pour avoir été à l’origine de virements colossaux vers une banque suisse. Il traînerait donc bien des casseroles mais faisait partie de ses intouchables qui pullulaient dans un Angola où la corruption est reine, notamment sous le règne de dos Santos père. Du reste, la descente aux enfers du fils a commencé en janvier de cette année 2018, avec son limogeage du Fonds souverain dont il tenait, sans partage le gouvernail depuis 2013, nommé par le président de l’Angola…son père.
Les temps ont donc changé pour les dos Santos, dès l’instant où Jose Eduardo, après 39 ans de règne, excusez du peu, a passé le témoin à Joao Lourenço, à la tête du pays et ensuite du presque parti-Etat, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). Plus qu’une simple passation de charges, c’est à un véritable passage d’époque qu’on assiste dans un Angola qui se confondait avec le nom des dos Santos, famille qui a régné de main ferme sur les affaires, au propre comme au figuré, du pays, pendant plus de trois décennies. L’Angola n’est donc plus la propriété des dos Santos. Et preuve que l’Angola est entré dans une nouvelle ère de gouvernance, Joao Lourenço que nombre d’observateurs avaient vite engoncé dans la camisole de successeur docile de José Eduardo dos Santos, a fait montre très tôt de son indépendance en posant plusieurs actes significatifs. L’une de ces actions qui ont confirmé l’émancipation du nouveau président fut incontestablement le limogeage de l’inamovible présidente de la compagnie nationale pétrolière Sonangol, Isabel dos Santos, classée par le magazine Forbes comme la femme la plus riche d’Afrique. Comme pour montrer qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin dans le démantèlement du puissant empire politico-financier des dos Santos, Joao Lourenço a dégommé le fils de son prédécesseur, José Filomeno de la tête du Fonds d’investissement souverain de l’Angola. Et dans la suite logique de l’action ce dernier croupit désormais dans les geôles angolaises.
S’il faut souhaiter, pour le bonheur du peuple angolais, que le ménage entrepris par Joao Lourenço contre la corruption porte des fruits à l’aune de sa détermination à mettre fin à l’impunité, il ne faut pas moins espérer que ce ne soit pas que de simples coups d’éclat pour s’assurer l’onction populaire. Surtout que certains pensent que «les principes-clés du contrôle de l’économie politique du pays restent fermement enracinés avec la même élite qui domine l’Angola depuis des générations». En tout cas, populisme ou pas, c’est la preuve qu’un vent nouveau souffle sur l’Angola où la loi reprend tous ses droits. On ne peut que souhaiter à l’Angola de tourner définitivement la page sombre des anciennes tares qui ont constitué des boulets énormes aux pieds de l’économie de ce pays qui attend encore le train du développement.
Par Wakat Séra