Le Rassemblement des Houphouetistes pour le développement et la paix (RHDP) distance de loin le Parti democratique de Côte d’Ivoire (PDCI) suite aux élections locales du 13 octobre 2018. Toutefois, le vieux parti a remporté des victoires symboliques qui attenuent sa défaite.
Les partis politiques ivoiriens se sont «pesés» ce samedi 13 octobre 2018, lors des élections municipales et régionales couplées. La publication des résultats partiels par la Commission électorale indépendante (CEI) laisse entrevoir la victoire du Rassemblement des houphouetistes pour la democratie et la paix (RHDP) au dépens du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Dans la soirée de ce lundi 15 octobre 2018, la proclamation des résultats étant toujours en cours, le RHDP était en tête avec 86 mairies contre 44 pour le PDCI et 48 pour les independants. Pour les régionales, les Houphouetistes ont remporté 17 régions contre 4 pour le PDCI et un pour le Front populaire ivoirien (FPI). Si au plan quantitatif, le PDCI ne fait pas le poids devant les troupes du président Alassane Ouattara, le plus vieux parti peut se prévaloir d’avoir damé le pion au RHDP dans certaines communes stratégiques et symboliques.
La commune du Plateau, le cœur d’Abidjan, le centre des affaires, le siège de toutes les institutions, est restée entre les mains du PDCI. Jacques Gabriel Ohouo, le «bon petit» du maire sortant Akossi Bendjo, contraint à l’exil après son débarquement à la tête de la commune quelques mois avant le scrutin, a devancé Fabrice Sawegnon. Il a gagné avec 60,57% des voix devant le candidat du chouchou du couple présidentiel. Présenté comme le magnat de la communication, celui qui fait gagner les présidents africains, a fini par reconnaître sa défaite sous la pression du président Alassane Ouattara, murmure-t-on dans les «grins» d’Abidjan, ces espaces où les jeunes se rassemblent pour siroter le thé. La proclamation de la victoire de Jacques Gabriel Ohouo, a mis fin à une tension perceptible marquée par une marche de protestation de ses partisans prévue ce lundi 15 octobre 2018.
De même, en remportant la commune de Cocody, le quartier le plus huppé de la capitale ivoirienne où résident tous les «Boss» à commencer par le président Ouattara, le PDCI fait certainement un pied du nez au RHDP. Jean Marc Yacé, le candidat du PDCI, y a obtenu 41,36% des voix dépassant largement le maire sortant (élu en 2013 sous la bannière du PDCI), Aka Mathias N’Gouan. Cette commune n’a jamais réussi aux candidats présentés par le RDR. Aux municipales de 2001, Hamed Bakayoko, l’actuel ministre de la Défense et élu dans la commune d’Abobo (banlieue nord d’Abidjan), y avait été battu par le FPI.
Yamoussoukro, centre du pays, la capitale politique depuis 1983, est également demeurée dans l’escarcelle du PDCI, Kouadio Kouakou Jean Gnrangbé étant passé haut la main, avec 63,18% des voix devant le RHDP. A ces communes, il faut ajouter la victoire symbolique du PDCI dans la région du Gbêkê, qui a pour capitale Bouaké, la seconde ville du pays (Centre).
Ceux qui ont prédit la fin du PDCI déchiré par des querelles intestines, doivent revoir leur copie.
Par Mahamadou Doumbia (Correspondant Wakat Séra en Côte d’Ivoire)
