Fatoumata Thérèse Diawara, ex-belle-fille du général Gilbert Diendéré, président du Conseil national pour la démocratie (CND), au moment des événements du 16 septembre 2015 et jours suivant, au Burkina, a été appelée à la barre ce vendredi 26 octobre 2018, pour répondre de faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et trahison.
Fatoumata Thérèse Diawara à qui il est reproché, sur la base d’écoutes téléphoniques, de la complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et d’avoir tenté de faire rentrer des forces extérieures au Burkina en vue d’aider à consolider le pouvoir du CND, a nié les faits.
Dès l’entame de son audition, elle a laissé entendre que «contrairement» à ses coaccusés, elle «n’a pas de récit à faire», car n’ayant rien fait qui aurait trait aux événements du 16 septembre 2015, la date du putsch manqué.
L’ex-compagne d’un des fils du Général Gilbert Diendéré mise en cause dans cette affaire de putsch manqué aurait pris contact avec des autorités ivoiriennes dont le colonel Zakaria Koné, dont elle aurait fait la connaissance entre 2003-2004. Selon Fatoumata Thérèse Diawara, c’est en tant que belle-fille du président du CND, que le colonel Koné l’a appelée pour avoir les nouvelles de son ex-beau-père. Pour ce qui est des conversations présumées avec «les généraux Bakayoko et Vagondo Diomandé», elle les a réfutées.
Fatoumata Thérèse Diawara serait également celle qui a contacté le général Djibrill Bassolé, afin qu’il vienne en «aide à des familles des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle qui avaient leurs comptes bloqués». «C’est pour des raisons sociales que j’ai demandé de l’argent à Bassolé. Mais je ne l’ai jamais reçu, car il a été mis aux arrêts une heure après notre conversation téléphonique». Pour elle, cette aide demandée n’a pas de lien avec le putsch.
L’accusée a expliqué qu’elle a été mise au courant «de la détresse et conditions des éléments de l’ex- RSP et leurs familles, c’est ainsi qu’elle a exposé le problème au général Bassolé, qu’elle a «connu depuis son enfance».
L’ex-belle-fille du général Diendiéré aurait tenu des conversations compromettantes avec le général Djibrill Bassolé, notamment sur le blocage du désarmement et sur le djihadisme. Même si cette dame a reconnu certains passages des différentes communications effectuées, elle a tenu à remettre en cause ces écoutes. Elle a soutenu qu’elles (les écoutes) ont «été truquées» et qu’elle ne s’y reconnait pas. «De nos jours, avec la voix de quelqu’un on peut lui attribuer toutes sortes de propos. On peut faire du copié-collé», a affirmé Fatoumata Thérèse Diawara.
Pour ses conseils, Me Latif Dabo et Seydou Roger Yamba, l’exploitation de la pièce i76 concernant les écoutes, pose problème car leur cliente n’a jamais été confrontée à ces conversations présumées. Selon Me Dabo, en plus de ce manquement, aucune des écoutes qu’on «tente d’opposer» à l’accusée, n’a été «expertisée». L’avocat a donc souhaité qu’elles ne soient pas exploitées.
Le parquet réagissant sur cette exception soulevée par la partie défenderesse, a laissé entendre que «c’est une question qui a été déjà discutée et sanctionnée par la chambre de contrôle de l’instruction». Il note également que Fatoumat T. Diawara a été mise au courant de l’existence de ces conversations interceptées par les services de renseignement, et qu’elle a refusé de les écouter à la chambre de contrôle.
Quant à la partie civile, «la procédure utilisée pour s’opposer (à ces écoutes) ne respecte pas les règles de droit». «Ce n’est pas la première fois qu’on lui oppose» ces conversations, a dit Me Hervé Kam qui a noté que ses conseils Me Anicet Somé et Me Mathieu Somé étaient présents à la chambre de contrôle mais ils «n’ont fourni aucune contestation». «Ils ont simplement dit qu’ils émettent des réserves. Emettre des réserves ne veut rien dire en droit», a soutenu Me Kam.
A la suite des différents débats, le tribunal a affirmé que l’exception soulevée sera jointe au fond. «Si la pièce venait à être écartée, elle ne sera pas exploitée au moment du délibéré final», a ajouté le président du tribunal, Seydou Ouédraogo.
L’audience a été suspendue autour de 14h (GMT) pour permettre à des acteurs de la justice présents à cette interrogatoire, de pouvoir assister Me Awa Sawadogo, de la partie civile, qui a perdu son frère et dont l’enterrement était prévu pur ce vendredi soir. Elle reprendra le lundi 29 octobre 2018 avec la poursuite de l’audition de Fatoumata Thérèse Diawara.
Par Daouda ZONGO