Accueil Société Centenaire de l’armistice à Ouaga: dans les tranchées de l’ambassade de France

Centenaire de l’armistice à Ouaga: dans les tranchées de l’ambassade de France

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Dépôt de gerbes de fleurs en la mémoire des disparus de la première guerre mondiale à la résidence de France à Ouagadougou

A l’instar des autres pays, notamment la France, le centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale intervenue le 11 novembre 1918, a été commémoré à Ouagadougou à la résidence de France. Cette cérémonie à laquelle a participé de nombreux invités, a été l’occasion pour les chefs et représentants des missions diplomatiques dont l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Xavier Lapeyre de Cabanes, de déposer une gerbe de fleurs en la mémoire de ceux qui sont tombés au cours de cette bataille.

Les années passées, la tradition à Ouagadougou était que la commémoration de la fin de la première guerre mondiale se tienne dans le cimetière militaire français situé à côté de l’institut français au Centre-ville de la capitale burkinabè. En cette année particulière, de son centenaire, nous avons souhaité élargir cette commémoration pour y associer tous ceux qui sont concernés d’une manière ou d’une autre par cette armistice marquant la fin de la guerre 14-18, a laissé entendre, l’ambassadeur Xavier Lapeyre de Cabanes.

L’ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes

La cérémonie qui s’est voulue sobre a été riche en émotions, en témoignages et en symbolique, vu ses différentes articulations. De l’entonnement de la Marseillaise et du Ditanyè, hymnes nationaux respectifs de la France et du Burkina Faso, aux lectures poignantes dont celle du journal d’un «tirailleur sénégalais» voltaïque (la Haute Volta étant l’ancien nom du Burkina Faso),  et la déclamation de poèmes saisissants comme celui dédié aux tirailleurs sénégalais, le tout admirablement exécuté par des élèves du Lycée français Saint Exupéry, de l’établissement Les Lauréats, de l’International School of Ouagadougou (ISO) et du Prytanée militaire du Kadiogo,  les honneurs militaires, les décorations d’officiers burkinabè et français, les dépôts de gerbes de fleurs, entre autres, toutes les séquences de cette cérémonie empreinte de recueillement, ont mis en exergue, l’importance de cette date qui a marqué à jamais l’esprit des humains de toutes nationalités confondues.

«Nous sommes tous ici les héritiers de cette guerre. Descendants des survivants que la mort a épargnés ou des orphelins que la guerre a engendrés. Les combattants du siècle dernier sont notre histoire», a déclaré le diplomate français, qui avant de commencer son propos, a souhaité associer à la mémoire de tous les hommes qui ont été sacrifiés pendant la première guerre mondiale, ceux qui ont perdu cette année la vie au service de son pays. Il a notamment nommé, l’adjudant Emilien Mougins et le maréchal de logis chef, Timothée Da Rancourt, tous deux morts pour la France au Mali, le 21 février 2018.

Le diplomate français, Xavier Lapeyre de Cabanes décorant de la légion d’honneur, le CEMGA du Burkina, Oumarou Sadou

Le 11 novembre 2018 a été le jour où en Europe de l’Ouest, la première guerre mondiale s’est arrêtée et un accord d’armistice entre les protagonistes a mis fin aux combats, sauvant des millions de vies qui étaient toujours engagées dans les batailles, a rappelé le diplomate français, pour qui, «cette guerre a été un grand traumatisme non seulement pour l’Europe mais pour le monde entier». C’est pourquoi il a loué cette cérémonie dont l’idée est de rendre hommage «à tous ceux qui sont morts dans cette guerre pour que nous soyons libérés».

Pour M. Lapeyre De Cabanes, passée cette commémoration, «il y a maintenant la réflexion sur ce qu’il faut faire cent ans après, quel est le monde que nous voulons avoir, est-ce que nous voulons encore un monde dans lequel nous risquons d’être embarqués dans ce type de guerre extraordinairement meurtrière et qui déchire des familles et pays entiers ou bien si nous voulons un monde organisé». Interrogations légitimes du chef de la mission diplomatique française au Burkina.

Des diplomates présents à la cérémonie de la commémoration du centenaire de l’armistice

Pour Xavier Lapeyre de Cabanes, «la paix ce n’est pas l’absence de conflits, mais sa résolution pacifique», soulignant la nécessité pour les Etats à se «parler» pour que le «système multilatéral fonctionne. C’est vraiment ça la symbolique de cette cérémonie», a-t-il insisté.

Comme à l’accoutumée, au cours de cette cérémonie, la France a décoré des militaires de haut rangs. A ce titre, le général de brigade burkinabè, Oumarou Sadou, Chef d’état-major général des armées (CEMGA), a été honoré par le président de la République française. Ses insignes lui ont été remis par l’Ambassadeur Xavier Lapeyre de Cabanes. C’est une dizaine d’officiers burkinabè et français qui, ont été distingués.

L’ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes (costume) entouré des élèves des « Lauréats »  dont Abdel Traoré (en boubou Faso danfani) (Ph. wakatsera.com)

Quant à la présence massive des scolaires à cette cérémonie, l’ambassadeur français a indiqué que son comité a fait venir des enfants du lycée français de Ouagadougou (Saint Exupéry), de l’International School Of Ouagadougou (ISO, école américaine), du Groupe scolaire les lauréats et du Prytanée militaire de Kadiogo, dans l’objectif de faire travailler les enfants d’une part sur «les conséquences» de cette guerre et ce qu’elle veut dire aujourd’hui, cent ans après, et d’autre part, qu’ils soient «élevés dans la volonté de participer à un monde qui soit toujours pacifique».

Une vue du public venu assister à la cérémonie d’hommage aux morts de la Première guerre mondiale

Des images de l’exposition de la force noire ont été projetées dans le patio de la résidence de France comme pour rafraîchir la mémoire des invités à la cérémonie.

Selon le diplomate français qui a été assisté par environ une vingtaine d’autres diplomates, le président de la République française, Emmanuel Macron en compagnie du président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, a rendu un hommage particulier cette semaine à Reims, par l’inauguration du monument de l’armée noire aux combattants de la première guerre qui furent alors appelés les Tirailleurs sénégalais dont certains venaient du Burkina Faso, Haute Volta à l’époque.

Par Bernard BOUGOUM