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Procès putsch manqué: le parquet évite de «compliquer davantage les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire»

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Une vue des accusés dont les deux généraux Djibrill Bassolé (costume) et Gilbert Diendéré (tenue militaire) (Ph. Wakat Séra)

Le parquet militaire burkinabè lors de la deuxième journée de l’interrogatoire du colonel-major Boureima Kéré, ce mardi 13 novembre 2018, a fait appel à des messages que l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso a reçu lors des événements du putsch manqué. Ces messages venant, entre autres, de la Côte d’Ivoire, le procureur militaire a décidé de taire les noms des autorités ivoiriennes qui en sont auteurs, «pour ne pas compliquer davantage les relations entre (les deux pays)».

Au cours des événements du 16 septembre 2015 et jours suivants, le colonel-major Kéré a reconnu avoir reçu des messages et des appels de ses «amis de la Côte d’Ivoire, du Niger et de la France», notamment. Pour lui ceux-ci le contactaient pour avoir de ses nouvelles et l’encourager, compte tenu «de la situation» dans laquelle il se trouvait.

Mais pour le parquet militaire, ces messages et appels sont des soutiens en vue de consolider le coup d’Etat.  Selon la teneur des messages lus par le procureur, l’ambition des auteurs, notamment des officiers de la Côte d’Ivoire, dont la partie accusatrice n’a pas voulu dévoiler les noms, c’était de voir le putsch réussir.

«Nous n’avons pas jugé nécessaire de citer nommément les autorités de la Côte d’Ivoire pour ne pas remuer le couteau dans la plaie», a soutenu le parquet militaire.

N’étant pas satisfait de cette manière de procéder du parquet, la partie civile a voulu savoir s’il y a une disposition juridique qui empêche qu’on donne les noms des auteurs de ces messages. «Nous demandons au parquet de lire les noms pour deux raisons», a dit Me Prosper Farama qui a noté que «la justice ne se préoccupe pas des relations diplomatiques». Pour lui, «celui qui a posé des actes qu’il (les) assume, fut-il officier généralissime d’un pays ami». Dans cette lancée, l’avocat a  affirmé que les différentes parties sont là à ce procès pour la recherche de la vérité et qu’on ne peut pas taire le nom de quelqu’un qui a posé des actes.

«Nous souhaitons qu’il n’y ait pas de jeux de cache-cache. Nous ne voulons pas de procès mouta mouta», a renchéri Me Séraphin Somé, un autre avocat de la partie civile. Me Dieudonné Bonkoungou de la défense s’est «réjoui du fait que la partie civile se réveille en fin», regrettant que ce soit «maintenant qu’elle se rend compte que c’est un procès mouta mouta».

Pour le tribunal, c’est au parquet de choisir la manière de présenter les éléments et personne d’autre ne doit s’ingérer dans la manière de procéder de celui-ci.

Alerte reçue avant le putsch

Selon des éléments du dossier, le colonel-major Boureima Kéré aurait reçu une alerte concernant un coup d’Etat en préparation par un officier de l’armée, dès le 12 septembre 2015. «J’ai reçu l’information d’un informateur quand j’étais en déplacement», a déclaré M. Kéré qui a dit avoir partagé cette alerte avec le général Diendéré et des dispositions avaient été prises. Mais il a soutenu qu’il ne peut pas dire que cela a un lien avec le coup d’Etat du 16 septembre 2015.

Dès son retour à Ouagadougou, il aurait rencontré l’informateur en question pour avoir plus de précision. Selon son informateur, un certain «YAC» aurait «recruté» deux personnes, l’une du nom de «Nion» et l’autre du nom de «Rambo» qui «travaillent avec la RCI (République de Côte d’Ivoire)».

Par Daouda ZONGO