La Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE), a appelé ce lundi 3 décembre 2018, au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée à Ouagadougou, les enseignants, à suspendre les évaluations à compter de ce jour à partir de 24 heures, en vue d’exiger du gouvernement le respect de ses engagements.
Les responsables de la CNSE étaient face à la presse à la Bourse du Travail à Ouagadougou pour faire le point des négociations qu’ils mènent avec le pouvoir pour la satisfaction de leurs préoccupations. Après avoir dénoncé un « dilatoire et un flou » qu’entretiendrait le gouvernement autour de leur plate-forme revendicative, la Coordination qui dit avoir joué pleinement sa partition pour sauver l’année scolaire 2017-2018, constate « malheureusement que cela est perçu comme une faiblesse ».
C’est pourquoi, elle veut entamer une série de luttes dont le développement de la situation sera conditionné au fur et à mesure par la base qui donnera les marches à suivre pendant des Assemblées générales. D’ores et déjà, elle appelle « les travailleurs de l’éducation et de la recherche, à suspendre toute forme d’évaluation pour compter de ce lundi à 24 heures » pour contraindre l’exécutif à mettre en œuvre le protocole d’accord signé fin janvier 2018, après plusieurs jours de débrayage des enseignants qui a fait planer l’ombre d’une année blanche sur l’éducation burkinabè. L’on se rappelle que cet accord avait été arracher après plusieurs jours de négociations sans issue favorable, obligeant les représentants des chefs coutumiers et religieux à intervenir pour qu’un accord soit finalement trouvé le 28 janvier entre les deux parties, permettant ainsi de terminer l’année académique qui avait accusé un grand retard.
Depuis ce temps, les deux parties ont eu plusieurs rencontres dans le cadre de leur négociations sur la plateforme de la CNSE regroupant quatre grands points à savoir « l’adoption d’un statut valorisant des personnes de l’éducation et de la recherche ; l’amélioration de l’accès à l’éducation ; l’amélioration des conditions de travail pour une efficacité du système éducatif et à la revalorisation de la fonction enseignante ». Malheureusement, au jour d’aujourd’hui, selon la Coordination, le respect du calendrier dans la mise en œuvre de ces engagements adopté par tous les acteurs tarde, inquiétant les enseignants.
C’est la raison pour laquelle, la CNSE a organisé cette conférence de presse pour dénoncer « vigoureusement » l’attitude du gouvernement qui travaillerait actuellement à monter l’opinion contre les syndicats puisque, pendant qu’ils sont en négociations, leur ministère de tutelle qui est chargé du dossier a fait une sortie médiatique pour communiquer les propositions qu’il a eu à faire à l’endroit de la Coordination.
Expliquant point par point dans une déclaration contenue dans quatre pages, Bonaventure Bélèm, le coordonnateur de la CNSE est arrivé à la conclusion que la mise en œuvre des points d’accord notamment sur le point essentiel de leurs doléances à savoir : « le statut valorisant des personnes de l’éducation », peine à se concrétiser alors que le gouvernement s’était engagé à « octroyer une bonification d’un échelon à tout le Personnel du MENA (Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation) pour compter du 1er janvier 2018, avec constatation de l’effet financier à partir du 30 septembre 2018 et à créer les emplois des administrateurs d’établissements et des personnels de laboratoire dans un délai de trois (03) mois, à compter de la date de signature du protocole », est un leurre. « A la date d’aujourd’hui, aucun de ces engagements n’est mis en œuvre », s’est-il offusqué.
Des questions de rémunérations aux questions académiques, du manque d’infrastructures créant les effectifs pléthoriques dans les classes, aux mauvaises politiques en la matière, de la question de la revalorisation de l’enseignant en passant par celle des manuels et des vivres pour rendre opérationnelles les cantines scolaires, rien ne va dans le système éducatif, à en croire la CNSE, qui justement veut par cette sortie médiatique prendre le contre-pied du gouvernement qui a animé la sienne le vendredi dernier pour montrer les efforts qu’il fournissait pour la bonne marche de l’éducation au Burkina.
En conclusion, pour le regroupement de la quinzaine de syndicats de l’éducation, « l’esprit du gouvernement n’est pas à la négociation ». Cette décision de suspendre les évaluations jusqu’à nouvel ordre n’est qu’une « mesure conservatoire. », voulant que le gouvernement chemine avec elle dans la « transparence ».
Au Burkina, les enseignants représentent environ 60% de l’effectif total des agents de l’Administration publique.
Par Bernard BOUGOUM