Des militaires radiés ont animé, ce lundi 14 janvier 2019, à Ouagadougou, un point de presse au cours duquel ils ont demandé aux autorités burkinabè de les «situer sur (leur) sort» quant à leur réintégration. Selon les conférenciers, le président du Faso, Roch Kaboré doit «prendre ses responsabilités» et trancher sur leur affaire qui dure depuis près de dix ans.
«C’est depuis le 15 novembre 2018, que le Haut conseil pour la Réconciliation et l’Unité nationale en abrégé HCRUN, devait mettre à la disposition du gouvernement un document finalisé pour examen et adoption en Conseil des ministres mais jusqu’aujourd’hui, pas de suite et aucune information y relative», a déclaré Hervé Tapsoba, porte-parole des militaires radiés.
Les militaires radiés qui se plaignent de leur «situation intenable», invitent les autorités «à rester dans les bonnes dispositions qui ont caractérisé l’avancement de (leur) dossier jusqu’à ce stade et de communiquer sur la suite», a continué M. Tapsoba qui pense que le HCRUN «a fait le nécessaire».
«Nous demandons seulement de nous situer sur notre sort. S’il n’y a pas plus de solutions, cela voudrait dire que les propositions du HCRUN que le gouvernement lui-même a trouvées intéressantes ont été justes rangées dans les tiroirs et que cette importante institution n’est plus crédible aux yeux de nos autorités. Nous voulons qu’on nous dise la vérité et non nous abandonner dans l’incertitude», a insisté Hervé Tapsoba.
Outre leur demande de réintégration, les radiés ont dénoncé de «mauvais agissements» de certaines autorités qui ont travaillé à ce qu’ils ne puissent pas avoir des emplois dans des sociétés ou structures privées.
Face aux accusations tendant à dire que des militaires radiés, seraient mêlés à certaines attaques qualifiées de terroristes qui endeuillent le pays, les conférenciers ont répondu par la négative. Selon leur porte-parole, si les militaires radiés décident de perpétrer des attaques, les agressions allaient causer plus de tort aux populations que celle qu’elles vivent actuellement.
«Rien que (ceux) qui sont présents à la conférence (une trentaine), s’ils décident de faire des attaques, aucune personne ne va dormir à Ouagadougou», a réagi l’intervenant, appelant ses camarades à se comporter comme les civils quand il y a attaque. «N’oubliez pas que vous êtes des radiés et que c’est une étiquette qu’on a collée à votre dos. Même si vous êtes dans une zone où il y a une attaque et que vous pouvez aider les gens, ne le faites pas parce qu’on considère cela d’un mauvais œil et cela peut se retourner contre vous», a-t-il lancé à ses camarades qui par leurs murmures ont laissé percevoir qu’ils étaient d’accord avec lui.
En rappel, c’est en 2011, à la suite d’une mutinerie généralisée qui a touché les corps militaires et paramilitaires, que la hiérarchie militaire avait résilié pour «faute grave contre l’honneur, la morale et la probité avec incitation au désordre», les contrats de près de 566 militaires.
Par Bernard BOUGOUM